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YS et Adrian Ursea se sont choisis
Adrian Ursea s’est engagé hier avec Yverdon Sport. L’Helvético-Roumain de 57 ans a notamment entraîné Servette et Nice, par le passé. Gabriel Lado

YS et Adrian Ursea se sont choisis

12 juin 2025 | Manuel Gremion
Edition N°La Région Hebdo No 15

Désireux de retrouver l’élite dans une année, ainsi que de reconstruire avec un staff plus local, Yverdon Sport a débauché l’entraîneur des succès récents d’Etoile Carouge. Un message fort.

Il se dit qu’il devait choisir entre le Lausanne-Sport, en Super League, et Yverdon Sport, relégué en Challenge League. Adrian Ursea, 57 ans, a opté pour le projet yverdonnois pour la suite de sa carrière.

La venue à YS de l’Helvético-Roumain, dans l’air depuis un moment, a été officialisée hier après-midi par les Verts. Adrian Ursea a signé à Yverdon pour une durée de trois ans.

Il a été choisi «pour son excellente connaissance du championnat de Suisse et pour ses très grandes qualités d’entraîneur, à la fois tactiques et humaines», souligne le club dans son annonce. Jamie Welch, président et propriétaire d’YS, de détailler: «J’ai pris un engagement fort envers le club, la ville, nos supporters et toute la communauté: rebâtir un Yverdon Sport plus fort après une saison difficile.» La nomination d’Adrian Ursea constitue la première pierre de ce projet. «C’est ici, en Suisse romande, que j’ai trouvé un coach passionné et profondément lié à l’ADN de jeu que nous voulons donner à YS. On veut donner aux gens l’envie de venir, de revenir au stade!»

Réputé pour son exigence, le nouveau technicien du Stade municipal, qui a notamment été adjoint de Lucien Favre à l’OGC Nice, est un homme qui prône le beau football avant tout. Il le répète à l’envi dans ses interviews: les résultats viendront par le jeu. Cela lui a très bien réussi à la Fontenette: il est celui qui a permis à Etoile Carouge de retrouver la Challenge League l’été passé, et celui qui a emmené les Stelliens à la 3e place en deuxième division ce printemps.

Un entraîneur apprécié

Lors de son dernier passage en date à Nice, cette fois d’abord comme assistant de Patrick Vieira, il avait ensuite succédé à l’ex-international français en tant qu’entraîneur principal pour une mission de six mois, entre décembre 2020 et mai 2021. Son équipe a eu de la peine à décoller, avant de bien finir. Surtout, les échos sur sa personnalité étaient excellents. C’est ce profil-là qu’YS est allé chercher. Quelques éléments de l’effectif yverdonnois de la saison écoulée et qui le connaissent le tiennent en haute estime, d’ailleurs.

A Nice, plusieurs joueurs évoquaient, dans la presse hexagonale, un homme qui les a marqués, un passionné de tactique. «J’éprouve énormément de plaisir à voir un joueur franchir des paliers, c’est la chose qui m’intéresse le plus», assurait celui qui a aussi dirigé Servette, avant son premier match comme entraîneur principal à la tête du Gym, pour RMC.

«Adrian est le premier à m’avoir donné des conseils tactiques sur la remontée du ballon, se souvenait Maxime Le Marchand, passé à Nice de 2015 à 2018, interrogé en 2020. Il y avait le match en lui-même et mon match à moi contre les joueurs offensifs adverses.»

A l’arrivée de Christophe Galtier à la tête de l’équipe azuréenne à l’été 2021, Adrian Ursea avait expliqué à L’Equipe son envie de demeurer numéro 1 pour la suite de sa carrière, ce qui fait qu’il ne restait pas. «Le futur coach aura sûrement son staff. Et, sur un plan personnel, j’ai pris goût à être numéro 1. J’ai un certain âge (ndlr: alors 53 ans) et je veux vraiment vivre cette expérience en participant à un mercato pour construire un groupe, faire une pré-saison et avoir le temps pour faire partager mes idées à une équipe. Je suis prêt», affirmait-il. Il a pu le démontrer à Carouge, deux ans durant.

A Yverdon, il a pour mission de mener son équipe à la promotion et de faire progresser un groupe qui sera moins cosmopolite. «Son arrivée marque le point de départ d’un nouveau cycle et une ambition claire: bâtir un avenir durable autour d’une véritable identité de jeu», assure le club, qui peut ainsi continuer d’avancer. Le capitaine est à bord, il y a désormais un effectif taillé pour la montée à construire.


«J’aimerais bien réaliser ce que Lucien Favre a fait»

Adrian Ursea a mis ses vacances sur la Côte d’Azur entre parenthèses pour venir officialiser sa venue dans la Cité thermale. Le néo-entraîneur d’YS a atterri en Suisse jeudi matin en provenance du Sud de la France, et s’est immédiatement rendu au Stade municipal, histoire de parapher son contrat, convaincu par le discours du président Jamie Welch.

«Il y a effectivement eu des contacts avec d’autres clubs, dont Lausanne, mais monsieur Welch a su ne pas lâcher le morceau, expliquait Adrian Ursea en conférence de presse, hier après-midi. Je suis quelqu’un qui aime construire des choses et Yverdon semble être un endroit idéal pour bâtir un projet intéressant.» Et celui qui a profité de sa venue pour  prendre connaissance de son futur lieu de travail d’ajouter: «Mon parcours le prouve, j’aime aller dans des endroits où je me sens à l’aise.»

Car le technicien sait se montrer pointilleux, dans le bon sens du terme. «J’ai eu l’occasion de visiter les installations où nous allons nous entraîner et de m’imprégner du fonctionnement du club, Pour moi, tous les détails sont importants, jusqu’aux dimensions du terrain principal. Je crois en le fait de créer les conditions optimales pour avoir du succès. Il n’y a pas de bouton magique.»

L’entraîneur helvético-roumain a ainsi pu se familiariser avec le cadre qui sera le sien pour la saison à venir. Quant à l’effectif qu’il aura à sa disposition pour partir à la reconquête de la Super League, le nouvel homme fort des Verts se montrait clair: «On a un vrai chantier devant nous. La direction du club m’a présenté la situation du contingent actuel, et nous allons devoir procéder d’abord à des ajustements pour se plier aux règles de la Challenge League, compte tenu du nombre d’éléments non htp encore sous contrat.»

Seule certitude à ce moment du mercato estival: Dion Kacuri, Mateusz Legowski, et Fodé Sylla, prêtés à YS sans option d’achat, retourneront tous trois dans leurs clubs respectifs.

Et l’ancien coach stellien éludait toute possibilité d’enrôler des éléments du groupe carougeois avec lui dans le Nord vaudois. «La priorité n’est pas là. Nous devons en premier lieu clarifier la situation de l’effectif actuel avant de nous pencher sur le recrutement. Ensuite, il y a d’autres équipes qui possèdent des joueurs potentiellement intéressants pour le projet.»

À Yverdon, Adrian Ursea marchera sur les pas de Lucien Favre, dont il a été le bras droit à l’OGC Nice. Et il espère bien laisser un héritage équivalent à celui de son illustre prédécesseur. «Lucien est un ami de très longue date. Je sais qu’il suit le club, et cela m’arrive encore de lui demander des conseils. Plutôt pour des aspects tactiques que pour savoir s’il est judicieux que je vienne à YS, souriait-il.  Pour cela, je suis capable de voler de mes propres ailes. Mais évidemment, j’aimerais bien réaliser ce qu’il a fait à l’époque.»

Le chemin semble écrit.  Lucas Panchaud