Yverdon veut son parking souterrain
19 mai 2025 | Textes: J.-Ph. Pressl-Wenger | Photos: Michel DuperrexEdition N°3945
La population yverdonnoise a clairement dit «oui» à un parking souterrain à la place d’Armes, tout en rejetant massivement le contre-projet porté par la Municipalité.
Avant même l’annonce des résultats, les mines défaites des membres de la majorité de la Municipalité ne laissaient pas la place au doute quant à l’issue du scrutin. La population yverdonnoise a accepté l’initiative soutenant la création d’un parking souterrain de l’ordre de 1000 places sous la place d’Armes (à 55,27%). Elle a simultanément largement refusé le contre-projet porté par la gauche et la Municipalité (61,2%).
Victoire de l’économie
Soulagement dans un camp, déception dans l’autre, rien de plus normal. «C’est une victoire de l’économie, c’est une victoire du commerce, a souri Pierre-André Michoud, membre du comité d’initiative, je ne prends pas ça comme une victoire politique. C’est véritablement la volonté des Yverdonnois. Il faut maintenant trouver une solution pratique. On veut mieux circuler en ville, on veut pouvoir se parquer facilement avec une place d’Armes digne de ce nom. Les habitants du district seront aussi contents, ajoute celui qui occupe également le poste de président de la Société industrielle et commerciale d’Yverdon-les-Bains, Grandson et environs, car la population hors de la ville nous a aussi beaucoup soutenus. C’est une très belle victoire.» Il s’agit évidemment d’un premier pas important, mais les étapes qui suivront le seront tout autant pour que le projet se réalise dans les meilleurs délais. Gagnants et perdants du jour s’accordent sur l’urgence de se retrouver autour d’une table pour trouver une solution qui pourra être mise en œuvre, tout en respectant la volonté populaire exprimée dimanche et le cadre légal fédéral et cantonal. «La population a parlé clairement, a enchaîné Pierre-André Michoud. On aura des oppositions, c’est certain, l’ATE le fera sans doute, mais nous devons montrer au Canton que nous sommes maîtres chez nous et que ce n’est pas un employé d’un quelconque service de l’État qui peut décider de ce que nous pouvons construire ou pas.»
Une direction précise
Le syndic Pierre Dessemontet, lui, s’est montré soulagé de savoir enfin ce que la population veut. «La Municipalité prend acte. Cette situation permet d’ouvrir des pistes, d’en fermer d’autres, a imagé le socialiste. Pour l’Exécutif, cela offre un chemin un peu plus étroit qu’auparavant, une direction plus précise.»
On rappelle qu’en 2019, le Conseil communal avait déjà donné la mission à la Municipalité de mettre en œuvre un projet de parking souterrain, préavis accepté à une très large majorité dans le cadre d’un consensus entre partis de gauche et de droite. Depuis, aucun projet n’a convaincu. «Le contexte politique a été fluctuant, a reconnu le syndic. Avec d’abord une tendance à drastiquement redimensionner le projet, puis, avec la pression mise par l’initiative, nous sommes revenus devant le Conseil avec quelque chose d’adapté. C’est la démocratie, je ne crois pas que l’on puisse dire que la Municipalité s’est assise sur le préavis accepté au Conseil en 2019.»
Les premiers contacts sont déjà noués et les bonnes volontés devront maintenant s’accorder, le temps de la confrontation étant passé. Chaque camp devra faire en sorte de faire un pas vers l’autre afin qu’un projet crédible puisse se concrétiser au plus vite, dans la sérénité et le respect de la volonté populaire. La population yverdonnoise et celle des communes environnantes le méritent.
«Nous avons été élus pour suivre la volonté populaire»
Dans un communiqué, la Municipalité s’est réjouie que le corps électoral ait pu se prononcer, et elle met en avant le fait qu’elle s’emploiera à «faire aboutir le projet de parking souterrain sous la place d’Armes dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions». C’est également le discours de la vice-syndique Carmen Tanner, qui malgré la défaite rappelait certaines vérités: «On va devoir entrer en discussion avec le Canton et avec le comité d’initiative, et ma foi faire avancer ce projet-là, a-t-elle commenté . Nous avons été élus pour suivre la volonté populaire. C’est une certitude. Mais ça sera compliqué, car on n’a pas encore toutes les clés aujourd’hui.»
Interrogée sur les incidences que le verdict d’hier pourrait avoir sur le plan d’agglomération (PA5), la municipale en charge de l’urbanisme a expliqué que le gabarit qui sera choisi pour le parking souterrain impliquerait un élargissement du périmètre du centre-ville. «Dans ce cas, le ratio de places de parc, tel que discuté avec le Canton devra s’adapter au périmètre qui s’élargit, a expliqué Carmen Tanner. Et l’on va probablement supprimer encore plus de places de parc en surface.» Une étape a été franchie avec le résultat de cette votation, mais le chemin sera encore long.