Un Serbe de 52 ans domicilié à Yverdon-les-Bains a été assassiné fin décembre dans son pays. Règlement de comptes ou arnaque?
«Il allait chercher des femmes en Serbie pour travailler dans son bar et il ne tenait pas ses engagements. Elles étaient mal payées et, parfois, sous l’influence de l’alcool, il avait des comportements violents avec elles», témoigne un Yverdonnois qui connaissait Milan, tué en Serbie fin décembre, comme l’ont révélé les médias serbes puis 20 minutes. Des propos qui provoquent l’indignation du fils aîné de la victime, Nebojsa, âgé de 31 ans: «Tout cela est faux. Ce qui est arrivé à mon père aurait pu arriver à quelqu’un d’autre!»
Guet-apens mortel
Tout a commencé par un échange sur Facebook entre la victime, qui avait 52 ans, et S., une «chanteuse». Cette jeune femme de 25 ans, avait, selon certains médias, travaillé pour le compte de la victime au Cercle culturel serbe d’Yverdon-les-Bains, et créé un faux profil pour l’attirer en Serbie.
Milan, qui engageait régulièrement des jeunes femmes pour servir dans le bar familial, est donc parti en Serbie à la veille de Noël pour prendre en charge la fausse «chanteuse», qui devait travailler dans l’établissement durant la période des fêtes. L’homme était accompagné de son fils cadet, qui vient de fêter ses 19 ans, resté avec une tante alors que son père se rendait au rendez-vous fatal.
Comme il ne répondait plus aux messages et aux appels dans les heures qui ont suivi la rencontre, ses proches, en Serbie et en Suisse, ont alerté les autorités. Des papiers lui appartenant ont été retrouvés le jour de Noël puis, le 27 décembre, le bus VW avec lequel il avait fait le déplacement a été repéré dans la région de Nijs, au sud de Belgrade.
Grâce aux bornes téléphoniques, la police serbe a pu suivre les déplacements de la «chanteuse», avant de l’interpeller avec son compagnon et coauteur du meurtre, R., âgé de 43 ans.
Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, le drame s’est déroulé lors du rendez-vous, dans le minibus ou à proximité. R. a ensuite découpé les membres – parce que le corps était trop lourd à transporter – et les a jetés dans une rivière, près d’une station d’épuration.
Lorsque les forces de l’ordre ont retrouvé la partie principale de la dépouille, le visage était encore identifiable. Les analyses ADN ont confirmé qu’il s’agissait de l’Yverdonnois.
Interpellés, les coauteurs de ce meurtre sordide ont été incarcérés. Ce serait la jeune femme qui aurait indiqué aux policiers où elle et son compagnon s’étaient débarrassés du corps.
Deux thèses
Reste désormais à établir les mobiles. Selon certains médias serbes, S. aurait travaillé à une occasion dans le bar yverdonnois de la victime, soit le Centre culturel serbe, connu aussi comme le Balkan Klub. Milan aurait eu un comportement violent envers elle, provoquant une fausse couche. La jeune femme aurait alors conçu, avec son compagnon, un plan consistant à se venger: l’attirer en Serbie pour lui donner une bonne leçon. Et c’est dans ce but qu’elle a créé un faux profil Facebook. Les enquêteurs sont en possession des échanges qu’elle a eus avec le quinquagénaire.
Nebojsa, le fils aîné de la victime, ne croit pas à cette thèse: «L’enquête permettra d’établir la vérité. Je peux vous assurer que cette femme n’a jamais bossé chez nous! Par contre, elle a travaillé avec sa sœur dans un établissement en Suisse alémanique. Le patron de ce bar est d’ailleurs prêt à témoigner. Mon père a simplement été victime d’une arnaque.»