Logo

Belle récompense pour un vrai musée à ciel ouvert

6 mai 2015

Baulmes – La Commune s’est vue décerner, par la Fondation Sophie et Karl Binding, la coquette somme de 200 000 francs pour la gestion de ses vieux arbres. Elle va l’utiliser, notamment, dans le cadre de divers projets forestiers.

préLe «Sapin Président», l’arbre roi des forêts baulméranes, donne au Sentier des géants ses lettres de noblesse. © Michel Duperrex

préLe «Sapin Président», l’arbre roi des forêts baulméranes, donne au Sentier des géants ses lettres de noblesse.

Un géant de près de 49 mètres trône fièrement dans la forêt de La Joux de La Limasse, qui couvre 228 hectares sur les 1300 hectares boisés que compte Baulmes. Ce sapin d’âge respectable -entre 250 et 300 printemps- est le plus gros, le plus haut et le plus volumineux d’une commune où les colosses végétaux s’épanouissent, puisque pas moins de 7000 arbres y atteignent une circonférence dépassant deux mètres.

L’existence de ce patrimoine exceptionnel a justement valu à Baulmes de recevoir une distinction de taille, à savoir le prix Binding, d’une valeur de 200 000 francs. Décernée par la Fondation Sophie et Karl Binding, cette récompense avait cette année pour thème «Les très vieux arbres: témoins du développement durable». En d’autres termes, la préservation des grands spécimens de la forêt n’est pas incompatible avec l’exploitation de cette dernière -5500 à 6000 m3 de bois baulméran sont valorisés par année-, comme ont tenu à le souligner l’inspecteur régional des forêts Pierre-François Raymond et son homologue du Canton Jean-François Métraux.

Le «Président d’honneur» est toujours debout grâce à la volonté populaire. Un acte de vandalisme perpétré avant Noël met cependant sa survie en danger. © Michel Duperrex

Le «Président d’honneur» est toujours debout grâce à la volonté populaire. Un acte de vandalisme perpétré avant Noël met cependant sa survie en danger.

Le premier cité a même puisé dans l’histoire un paradoxe. Les actuels rois de La Joux de La Limasse seraient issus d’une période de surexploitation industrielle (entre 1760 et 1780), lors de laquelle les coupes ont été, selon toute vraisemblance, très abondantes pour alimenter le haut-fourneau du vallon de La Jougnenaz. Objet de convoitises, cette parcelle de forêt située à environ 1200 mètres d’altitude a, par ailleurs, donné lieu à un long contentieux entre Sainte-Croix et Baulmes, finalement réglé par l’autorité bernoise.

Les vieux arbres, dont on retrouve une forte concentration dans le «musée vivant» de La Joux de La Limasse, traversé par le Sentier des géants, sont présents dans tout le périmètre forestier de la Commune. Ils constituent un précieux refuge pour un grand nombre d’espèces animales et végétales. Certaines d’entre elles sont rares, à l’image de la rosalie des Alpes (un coléoptère) et du lichen pulmonaire, relève la biologiste Rita Bütler.

Travail de longue haleine

La spécialiste Rita Bütler a distillé ses connaissances sur les vieux arbres en tant qu’habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales. © Michel Duperrex

La spécialiste Rita Bütler a distillé ses connaissances sur les vieux arbres en tant qu’habitats pour de nombreuses espèces animales et végétales.

Le syndic de Baulmes Julien Cuérel a, pour sa part, accueilli le prix octroyé par la Fondation Sophie et Karl Binding comme «le fruit d’un travail de plusieurs dizaines, voire centaines d’années. C’est un investissement pour les générations futures», a-t-il commenté.

La manne financière de l’organisation bâloise contribuera à consolider encore un peu plus la patrimoine naturel hors du commun dont jouit sa Commune. Trois projets sont d’ores et déjà envisagés: une chênaie de deux hectares dans la forêt de plaine (Feurtille), la réalisation d’un inventaire des arbres spéciaux mis à disposition de la population et une troisième action qui sera révélée lors de la fête prévue à Baulmes le 26 septembre.

Gilbert Monnier (municipal des forêts de Baulmes), Joël Delacrétaz (gardeforestier de Baulmes) et Pierre-François Raymond (inspecteur forestier). © Michel Duperrex

Gilbert Monnier (municipal des forêts de Baulmes), Joël Delacrétaz (gardeforestier
de Baulmes) et Pierre-François Raymond (inspecteur forestier).

La communauté baulmérane est attachée à ses trésors forestiers. Pour preuve, l’annonce de l’abattage de l’un de ses trois colosses -le «Président d’honneur»- avait suscité, en 2009, un lever de boucliers qui lui permet de garder, aujourd’hui encore, sa position dominante.

Ludovic Pillonel