Logo

«Coup de tabac» sur le camping des Iris

2 juillet 2012

Réunis à la Marive samedi par le TCS, les utilisateurs du camping des Iris ont réagi violemment à la transformation du site. L’absence d’un représentant de la Ville déplorée.

Les utilisateurs du Camping des Iris se sentent dépouillés.

Une assemblée chauffée à blanc, des réponses imprécises, une fermeté sans concession sur les délais, il n’en fallait pas plus pour que la réunion d’information organisée par le TCS (Touring Club Suisse) sur le futur du Camping des Iris, à Yverdon-les-Bains, désormais rebaptisé TCS Camping Yverdon-les-Bains, ne tourne au règlement de comptes. Les responsables du TCS ont en effet essuyé un véritable pilonnage, pas toujours mérité, de la part d’une assemblée constituée de plusieurs centaines de personnes -certaines familles se sont déplacées avec les représentants de trois générations-, excédée par le peu de temps donné -deux mois (!)- pour prendre la décision de partir, ou de rester en payant trois fois plus.

«Je m’y attendais, c’est très émotionnel», relevait Jaime Montaldo, responsable du département Camping au TCS, véritablement lessivé après avoir essuyé, durant près de deux heures, des salves de reproches.

Assemblée hostile

Le ton a été donné dès l’introduction par Jaime Montaldo: «Le TCS est une association sans but lucratif», une vérité juridique huée par l’assistance. Difficile en effet d’avaler la pilule lorsque le prix de la parcelle va passer de quelque 1200 à 3500 francs par année.

Du point de vue économique, il n’y a rien à redire puisque quelque 5 millions de francs vont être investis pour faire de l’ancien camping des Iris une place quatre étoiles. L’opération doit être rentabilisée sur trente ans, le droit de superficie accordé par la Ville d’Yverdon-les-Bains courant sur 35 ans.

Puis les reproches fusent: les résidents n’apprécient guère d’être parqués à l’arrière, dans «un ghetto» ont souligné plusieurs intervenants. Inébranlable, Jaime Montaldo tente de justifier l’opération en détaillant les investissements. Mais face à une foule excédée, la future douche pour les chiens passe mal. «On s’en fout!», lance un campeur.

Voitures… dans la nature

La tension monte d’un cran encore lorsque Jaime Montaldo annonce qu’à la demande de la Municipalité, «ce sera un camping sans voitures». Où irons-nous nous parquer? «La Municipalité proposera une alternative», rétorque le représentant du TCS. «Irréaliste et irresponsable», s’indigne un campeur. Et d’ajouter: «Tout le monde sait que le secteur est saturé.»

Assise au premier rang, la doyenne Joséphine Fontana, de Sainte-Croix, monte aux barricades: «Cela fait 48 ans que je suis dans ce camping. Vous me jetez au rebut là derrière et vous ne me donnez que deux mois pour débarrasser.»

Les résidents doivent en effet se déterminer jusqu’à fin août: soit accepter les nouvelles conditions financières et de placement (au sud) du nouvel exploitant, soit déguerpir.

L’exclusivité passe mal

Plusieurs intervenants ont demandé un délai supplémentaire, mais le représentant du TCS s’est montré inflexible: «Nous avons des travaux préparatoires à effectuer et une planification à suivre.»

Les campeurs ont aussi peu goûté la stratégie d’exclusivité qui sera appliquée à l’avenir: dès janvier prochain, les trente campings TCS de Suisse, Yverdon compris, seront exclusivement réservés aux membres du TCS…

 

La Ville d’Yverdon-les-Bains attaquée

Si le représentant du TCS a essuyé un feu nourri de reproches, les autorités, dont l’absence à cette séance a été déplorée et dénoncée à plusieurs reprises samedi matin, ont, elles, été stigmatisées. «La Commune, elle a fait quoi pour les campeurs? Elle n’a fait qu’encaisser pendant des années.» Et Charly, un bon Yverdonnois, d’ajouter: «Cela va me coûter trois fois plus cher et je suis à l’AVS. C’est comme si je recevais un carton rouge.» Vient alors une proposition de combat: «Cette assemblée devrait s’adresser à la Ville d’Yverdon-les-Bains. Nous devrions lui opposer un refus catégorique.» Et un autre de prolonger: «Que ferez-vous si on refuse de partir?» «Nous utiliserons les bases légales», répond Jaime Montaldo.

Un autre Yverdonnois se lève: «Je suis désolé, en tant qu’Yverdonnois, que la Commune ait pris la décision de brader le camping. Pourquoi n’y a-t-il pas un représentant de la Commune dans cette salle?» Hors assemblée, Jaime Montaldo précise que la séance a été convoquée par le TCS et que la Commune a été simplement informée de sa tenue.

Isidore Raposo