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«Deux fois moins de miel cette année»

13 août 2012

André Amiet et son épouse Heidi, apiculteurs à Giez, sont en train d’extraire le miel de forêt des ruches. La tendance malheureusement constatée lors de la récolte de miel de fleurs, au printemps, se confirme. 2012 est un mauvais cru.

André Amiet aime ses abeilles, qui le lui rendent bien, «même s’il faut se méfier parfois!»

«Regardez ce cadre… On voit bien qu’il n’est pas plein de miel! Et celui-ci? Non plus. On est clairement dans la lignée de ce printemps. La récolte de miel de cette année ne va pas nous laisser un grand souvenir.» André Amiet est un peu découragé à l’heure de retirer les cadres des ruches dont il s’occupe à Novalles.

Après des moissons éreintantes («On a eu du beau six jours de suite, heureusement!»), l’agriculteur a donc troqué les habits des champs pour ceux des ruches, afin de récolter le miel de forêt, et ce qu’il constate confirme ses pressentiments: «Une ruche peut donner environ quarante kilos de miel, les bonnes années, entre le miel de fleurs et le miel de forêt.» Le premier est récolté au printemps, le deuxième en été, et, cette année, il y en donc moins que d’habitude: «En moyenne, nous avons pu en tirer quinze kilos par ruche, maximum, au printemps. Et là, on va être entre dix et quinze.» Soit des ruches donnant au maximum trente kilos de miel: le manque à gagner, pour ne pas dire la perte, sera conséquent.

Un acarien tueur en cause

Les raisons de cette mauvaise année? Le temps, déjà, qui n’a pas été à l’avantage des apiculteurs. Et, bien sûr, le varroa. Cet acarien, arrivé sur territoire helvétique à la fin des années 80, est la principale cause de mortalité des abeilles. Il a frappé très sévèrement durant l’hiver 2011-2012, puisqu’environ 40% des colonies helvétiques d’abeilles ont péri durant cette période, estime l’Agroscope Liebefeld-Posieux, organisme fédéral réputé pour son sérieux. Cet hiver terrible a donc eu des répercussions sur le miel de fleurs, mais aussi sur celui actuellement récolté. «Combien nous avons d’abeilles? Oh, environ 500 000, je dirais.» Un nombre respectable, et les butineuses font tout ce qu’elles peuvent pour respecter les «quotas de production», mais elles seront loin du compte cette année, malgré l’eau sucrée que leur donne André pour les encourager.

«Forcément, lorsque les abeilles disparaissent, il faut reformer des colonies. Mais, pendant ce temps, on ne récolte pas de miel. Cette année, clairement, on aura deux fois moins de miel que l’an dernier», soupire André Amiet, en chargeant des cadres trop légers, puisque dépourvus de miel, dans la voiture de son épouse Heidi, laquelle va aller procéder à l’extraction dans son atelier de Giez.

Le couple d’apiculteurs, fort de dizaines d’années d’expérience, ne veut pas paniquer. L’année prochaine sera meilleure, forcément. Pour cette année, il est temps de refermer les portes de la ruche et de traiter les abeilles de manière efficace, afin que le varroa ne puisse pas venir semer la mort cet hiver. La récolte de miel du printemps 2013 se joue déjà en partie aujourd’hui.

 

Le couple d’apiculteurs prend son métier à coeur

Directement de l’abeille au client

La couche supérieure est raclée à la main, juste avant l’extraction définitive.

«Des vacances? Ca s’achète où? Non, je ne connais pas!» Heidi Amiet rit doucement lorsqu’on lui suggère qu’après le temps des moissons d’orge et de blé, et après la «mise en bocal» du miel de forêt, il sera temps pour le couple d’«agri-apiculteurs» de penser à se reposer un peu!

Après avoir extrait les cadres de la ruche, il faut les désoperculer, c’est-à-dire enlever la «pellicule de cire» fabriquée par les abeilles sur les cadres, de manière à protéger les alvéoles de quelconques saletés. Les abeilles sont des insectes prudents! Dès que tous les cadres, donc tous les rayons, sont désoperculés à la main par Heidi, elle peut les placer dans un extracteur, d’où sort le bon miel.

Après cette opération, il ne reste plus qu’à goûter le miel, pour les plus gourmands, avant de le mettre dans des bocaux, puis à étiquetter ceux-ci.

En quelques jours, le miel passe ainsi des ruches à la table des clients, puisque, dès cette semaine, le miel de forêt du couple sera disponible dans tous les commerces.

Timothée Guillemin