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Un prévenu «mû par un sentiment de toute puissance»

24 août 2016 | Edition N°1813

Yverdon-les-Bains – Tribunal correctionnel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois

©Duperrex-a

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Un contrôleur des CFF, un autre de Travys, ainsi que deux collaborateurs de Police Nord vaudois étaient réunis, hier devant le Tribunal correctionnel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. Leur point commun ? Tous disent avoir subi, dans l’exercice de leur fonction, les foudres de Bernard (prénom d’emprunt), un ressortissant africain de 28 ans domicilié dans la région. Le prévenu aurait, par exemple, proféré des injures alors qu’il s’était fait appréhender sans titre de transport, «saisi un agent par l’encolure de son t-shirt au niveau de la nuque», quand ce dernier lui demandait d’aller jeter des pétards à un autre endroit, et «volontairement endommagé le pare-soleil d’un autobus des Transports publics genevois, suite à une altercation avec le chauffeur». «L’autorité, cela n’est pas son truc, a commenté la procureure lors de son réquisitoire. Il se sent mû par un sentiment de toute puissance qui lui donne le droit de corriger celui qui lui résiste ou s’oppose à lui.»

Appréciations divergentes

Le premier des onze chiffres de l’acte d’accusation a mobilisé une grande partie de la prise de parole du Ministère public et de la défense. Selon la procureure, le prévenu doit être condamné pour avoir fait subir, au cours du printemps 2007, des actes d’ordre sexuel décrits «de manière très claire et précise» par sa demi-sœur et victime présumée. L’avocat de Bernard soutient, quant à lui, que la culpabilité de son client ne peut pas être retenue pour plusieurs raisons. L’instruction n’a, entre autres, pas été suffisante -la victime présumée n’a pas souhaité être auditionnée- et la jeune femme a retiré sa plainte en juin 2013, en précisant qu’elle souhaitait que cette épreuve appartienne au passé.

Le Ministère public a, en outre, décidé de ne pas soutenir l’hypothèse que l’accusé ait contraint son ex-femme à avoir des rapports sexuels avec lui. Il n’en demeure pas moins que, selon la procureure, la culpabilité de Bernard est très lourde et devrait déboucher sur la prononciation d’une peine de prison ferme de trois ans et demi assortie de 30 jours amende à 30 francs et d’une amende de 400 francs. Cette peine privative de liberté devrait être «particulièrement clémente», selon le souhait de la défense.

Bernard a, pour sa part, expliqué qu’en temps normal il était «quelqu’un de tranquille. Ce sont les circonstances qui font déborder le vase», a expliqué cet homme enclin à «minimiser», d’après la procureure, les déclarations des membres de l’accusation. Tout en s’excusant auprès des personnes auxquelles il a fait du tort, le prévenu a indiqué qu’il comptait «se refaire», tant professionnellement que dans sa vie privée. Le Tribunal rendra son verdict demain matin.

Ludovic Pillonel