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«J’aime être un facilitateur de rencontres»
©Simon Gabioud

«J’aime être un facilitateur de rencontres»

18 juillet 2017 | Edition N°2040

Yverdon-les-Bains – Georges Grbic, comédien et metteur en scène lausannois, reprendra les rênes du Théâtre Benno Besson (TBB) dès le 1er septembre. Entretien avec un homme curieux et rassembleur.

Georges Grbic se sent déjà chez lui au Théâtre Benno Besson. ©Simon Gabioud

Georges Grbic se sent déjà chez lui au Théâtre Benno Besson.

Chemise bleue, décontracté, Georges Grbic nous accueille dans ce qui sera son futur espace théâtral, puisqu’il a été nommé directeur du Théâtre Benno Besson (TBB) pour succéder à Thierry Luisier (lire La Région Nord vaudois du 14 juillet).

 

Georges Grbic, vous allez reprendre les rênes du TBB, pourquoi avoir postulé à ce poste ?

Au cours de mon parcours, je me suis intéressé à la dramaturgie et au fonctionnement du théâtre dans notre société, notamment par le biais de la défense des métiers du spectacle (ndlr : il a été président du Syndicat suisse romand du spectacle de 2004 à 2008).

J’aime être un facilitateur de rencontres et le théâtre représente un espace idéal pour cela. Diriger une structure théâtrale telle que le TBB est une compétence qui me manquait. J’ai l’impression que l’expérience que j’ai accumulée me permettra de mettre en pratique un travail de proximité avec un public, une ville et une région.

 

Justement, la Ville d’Yverdon-les-Bains a indiqué qu’elle souhaitait poursuivre dans la lignée de ce que l’actuel directeur, Thierry Luisier, a entrepris. L’idée d’accessibilité est importante pour vous ?

Je crois que je suis quelqu’un de rassembleur qui essaie de garder une profondeur avec son propos sur des questions essentielles. Cette idée d’accessibilité doit aussi passer par une forme d’ironie et de divertissement et nous faire, ainsi, avancer.

 

En 2014, vous avez effectué un stage au TBB en tant qu’assistant de direction.

Oui, je voulais comprendre le fonctionnement d’une institution théâtrale. Je connaissais Thierry par le biais syndical et on s’est souvent croisés sur des chemins para-théâtraux. J’ai donc assisté la direction durant une saison théâtrale.

 

Vous revenez du Festival d’Avignon, avez–vous déjà des pièces prévues pour la programmation 2018-2019 ?

C’est un peu tôt pour en parler. A Avignon, il y a des distributions qui s’expriment sur la jeunesse d’aujourd’hui et ça m’a touché. On critique beaucoup la jeune génération, focalisée sur des écrans, mais ça ne l’empêche pas de réfléchir et de réagir par rapport à notre société.

Par ailleurs, les théâtres d’accueil en Suisse romande deviennent aussi des espaces de création, des vitrines d’une qualité et d’une inventivité remarquable. Le TBB incarne un lieu de ce type.

 

Quel regard portez-vous sur le théâtre romand par rapport au théâtre français ?

Le théâtre français est plus médiatique et bénéficie de têtes d’affiche plus importantes, mais c’est une culture qui nous touche aussi. Quant au théâtre romand, il dispose d’une qualité de travail tout à fait remarquable. Les villes ont compris l’importance de valoriser le théâtre et l’impact qu’il engendre sur notre société. Il y a des projets de qualité et il faut leur donner la possibilité de les faire vivre.

 

Vous êtes né à Belgrade, en 1964, quel lien entretenez-vous avec votre pays d’origine ?

Il y a des écrivains serbes qui m’ont marqué, mais ce qui m’a le plus touché, c’est d’arriver dans un pays avec cette conscience d’être accueilli. On porte peut-être un regard plus curieux et incisif. Je crois que le théâtre, et plus particulièrement le métier de comédien, m’a permis de prendre la parole. Cette double appartenance m’a donné cette position d’entre-deux, l’occasion de porter un regard sur l’ailleurs qui est finalement très près de nous.

 

Quels liens avec le théâtre ?

Si on prend un texte écrit, il y a trois siècles ou d’aujourd’hui, il y a une distance qui peut être tout aussi lointaine avec une pièce contemporaine qu’un classique. Le théâtre donne cette distance pour essayer de réfléchir et de mieux comprendre notre société.

 

Par rapport au théâtre jeune public, vous avez mis en scène la pièce «Les trois petits cochons» de Noëlle Revaz, qui a été jouée au TBB. C’est important de sensibiliser les enfants ?

Avec les spectacles jeune public, il y a une forme de liberté pour les artistes sur scène. Un rapport direct s’instaure avec les enfants, et c’est formidable. Il faut être extrêmement simple et imaginatif pour les surprendre et les captiver.

 

Que pensez-vous apporter au TBB ?

J’espère pouvoir apporter un regard sur la qualité des spectacles. Il y a un aspect qui me semble essentiel : l’écriture contemporaine. Des auteurs comme Camille Rebetez, Antoine Jaccoud ou encore Julien Mages sont des plumes qui ont du talent et qu’il faut pouvoir mettre en valeur.

Enfin, si j’arrive à faire sentir au public qu’il va pouvoir découvrir des créations et participer à cet élan d’inventivité et d’imagination, le pari sera réussi.

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Valérie Beauverd