Chaque semaine, un habitant du Nord vaudois ouvre l’album de ses souvenirs et une fenêtre sur son village.
Jean-Claude Gogniat arrive d’un pas irrégulier, mais bien déterminé. Ses cheveux blancs plaqués en arrière, il tient sous son bras plusieurs dossiers et, à peine assis, il sort un petit autocollant représentant le drapeau de sa commune, ainsi qu’un résumé de l’histoire de Cheseaux-Noréaz, qu’il a rédigé.
Le café tout juste servi, il manque de le renverser en dépliant l’une des nombreuses cartes qu’il a amenées. On y aperçoit quelques petits points noirs, qui représentent les habitations d’antan. «J’ai été municipal et syndic de cette commune pendant vingt-huit ans (ndlr: de 1973 à 2001) et j’ai vu le village évoluer, explique-t-il. Les deux petits hameaux de paysans de l’époque sont devenus la localité d’aujourd’hui, composée de villas qui abritent principalement des professeurs arrivés après la construction du gymnase d’Yverdon, autrefois appelé Cessnov. J’ai vu ce village se transformer à partir de presque rien et devenir une commune conséquente. J’ai beaucoup aimé participer à ce développement.»
Jean-Claude Gogniat a posé ses valises à Cheseaux-Noréaz en 1969, à l’époque où la localité comptait 150 habitants, contre 700 aujourd’hui. «J’ai déménagé depuis la Cité thermale avant la naissance de notre troisième enfant. Nos nouveaux voisins n’en pouvaient déjà plus d’entendre des pleurs! Je ne savais alors même pas que ce hameau n’appartenait pas à la commune d’Yverdon-les-Bains. J’ai découvert un nouveau village, et nous y avons construit notre maison, avec un arbre au milieu du patio. Et dorénavant, nous n’entendons plus de bébé crier. Dans mon quartier, il ne reste presque que des vieux», dit-il en souriant.
Cap sur l’Afrique
Marié depuis cinquante-huit ans et père de cinq enfants, Jean-Claude Gogniat évoque sa vie de famille et sa passion pour la région. À l’entendre, on peinerait à deviner qu’il a, en réalité, des fourmis dans les pieds. Un penchant pour les voyages qui s’est développé après qu’il a gagné un livre, lorsqu’il était encore écolier, intitulé Du Kenya au Kilimandjaro. Une envie s’était alors implantée dans sa tête et elle est devenue réalité lorsqu’il a entrepris, en 1983, l’ascension du Kilimandjaro et du Mont Kenya avec sa femme. «J’ai beaucoup aimé marcher et me familiariser avec les porteurs, des petits hommes qui gravissent la montagne avec des sacs sur le dos et les pieds déchaussés. Cela m’a fait découvrir tant de personnalités différentes de chez nous!»
Et cela n’a pas été la seule fois où il a vu du pays. Ingénieur civil de métier, il a eu l’occasion de participer à un projet de construction en Afrique. «Travailler là-bas s’est avéré très enrichissant. Les Africains étaient particulièrement reconnaissants de tout le travail et des connaissances que nous leur apportions, bien qu’il ait fallu nous adapter et parfois commencer par leur expliquer dans quel ordre insérer les boulons, les écrous et les rondelles. Mais j’ai toujours aimé écouter les gens et essayer de me mettre à leur place pour trouver une solution. Nous avons, par exemple, donné leur salaire à leur femme afin qu’ils ne le dépensent pas en rentrant du travail.»
Alors qu’il évoque les projets dans lesquels il s’est investi, Jean-Claude Gogniat conclut de lui-même que sa plus grande réussite reste d’avoir pu élever une famille et de s’être toujours bien entendu avec sa femme.
Chloé Ravey