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Le ciel leur est tombé sur la tête
Mathod, 2 juillet 2019. Entreprise STOLL, côtes de bettes. © Michel Duperrex

Le ciel leur est tombé sur la tête

3 juillet 2019 | Edition N°2531

Nord vaudois – La grêle a frappé fort dimanche soir. Localement, les dégâts aux cultures sont énormes.

Willy Stoll a eu 80 à 100% de ses cultures détruites. © Michel Duperrex

Des grêlons de la taille d’une balle de golf ou de tennis se sont abattus sur la région, dimanche soir. Par endroits, ils ont détruit la totalité des cultures. La plaine de l’Orbe n’a pas été épargnée, même si ces violents épisodes  sont miraculeusement passés à côté de quelques villages.

Sur l’exploitation de Willy et Roland Stoll, dont les 70 hectares d’exploitation maraîchère s’étendent dans un triangle partant de Mathod jusqu’à Épendes en passant par Montagny-près-Yverdon, 80 à 100% des cultures ont été saccagées. «Les salades ont été hachées par les grêlons. Nous allons les passer à la broyeuse. Les côtes de bette pareil, toutes les feuilles ont été percées par des grêlons de la taille d’une noix. Les poireaux, les choux, les brocolis: tout a été détruit par la grêle», constate Willy Stoll.

Replanter ou resemer, est-ce envisageable? «Impossible! Nous gérons nos cultures un an à l’avance. Nous savons déjà que sur telle parcelle, après la récolte, nous planterons telle autre chose. Nous ne pouvons pas repartir à zéro, nous n’avons plus le temps», poursuit-il. Le producteur déplore également quelques vitres cassées sur ses serres. «En comparaison avec les dégâts aux cultures, ce n’est rien.» L’agriculteur, comme beaucoup de confrères, s’est assuré contre la grêle et les dégâts à ses serres auprès de Suisse Grêle (lire ci-dessous). Mais il attend toujours le passage des experts qui détermineront avec précision le taux de destruction.

Grêlons de 5 à 7 centimètres

Du côté de Chavornay, le constat est tout aussi morose. Chez Edwin Egger, qui produit des poireaux et des oignons, les dégâts sont conséquents, mais pas à la hauteur de ceux de l’entreprise Stoll Frères. «Ici, les grêlons n’étaient pas trop gros, contrairement à Mathod, où ils étaient énormes. À peu près la moitié de ma production a été touchée. Mes champs sont fichus et il n’est pas possible de replanter les oignons. Nous allons les laisser et nous verrons bien le résultat après la récolte, en octobre. Mais je sais déjà qu’il y aura beaucoup moins de rendement», regrette Edwin Egger.

Chez Jean-Philippe Décoppet, à Suscévaz, ce sont les cultures céréalières qui ont été frappées. Le maïs, le blé et le colza ont subi la tempête de plein fouet. «On voit presque la trace du passage du grêlon sur l’épi de maïs. Quant au colza, ses gousses sont très fragiles et les graines sont tombées au sol. Quant à l’orge, il était presque mature. On pensait le battre à la fin de la semaine. Or entre 70 et 100% de cette céréale ont été détruites, selon les parcelles.» Comme ses collègues, Jean-Philippe Décoppet attend le passage de l’expert de Suisse Grêle. Mais il sait déjà qu’il devra essuyer des pertes. «Les consommateurs se retourneront vers les produits importés, comme toujours», déclare-t-il, fataliste.

Daniel Marendaz, propriétaire de la Cave de la Combe, à Mathod, a presque été épargné. «Nous avons eu environ 15% du vignoble abîmé. Mais nous avons déjà subi le gel en début d’année qui, lui, a détruit 10% des vignes. Comme la franchise s’élève à 20%, nous ne serons pas indemnisés. Il y a un dicton qui dit que si tu prends les premiers orages de grêle, tu les prendras tous, récite-t-il. Ça se confirme cette année! En 1983, alors que je venais de planter ma vigne, toutes mes récoltes de céréales avaient été détruites par la grêle. Or, la vigne qui était juste à côté avait été épargnée. De 1983 à 2017, j’ai obtenu une fois des indemnités. Ces changements climatiques m’inquiètent.»

Lire la suite de l’article dans notre version papier.

Dominique Suter