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Une association qui ne fait pas la sourde oreille

27 novembre 2019 | Edition N°2633

Nord vaudois – Fondée en mai dernier par le Mathoulon Matteo Auger-Micou, 2 Mains réunit des personnes malentendantes et des citoyens qui cherchent à apprendre la langue des signes.

Regina Auger-Micou est sourde et côtoie depuis plusieurs mois une certaine Carole Kubler qui cherche à pratiquer la langue des signes pour rendre un certain hommage à sa maman qui était malentendante. Leur rencontre et leur amitié naissante, elles les doivent à Matteo Auger-Micou, fondateur de l’association 2 Mains. Le principe de celle-ci est simple: former des binômes entre une personne sourde et un individu qui veut apprendre – ou se perfectionner dans – la langue des signes. Pour créer 2 Mains, le Mathoulon, engagé dans de nombreux projets associatifs, s’est inspiré de l’association Paires qui forme des tandems entre des migrants ou des réfugiés et des résidents suisses.

La mayonnaise a rapidement pris et le Nord-Vaudois croule aujourd’hui sous les demandes. «Il y a des gens de toute la Suisse romande. Je n’arrive pas encore à tout traiter. C’est la magie de Facebook», lance-t-il avec enthousiasme. Un tiers des duos formés proviennent de notre district.

À 23 ans et en dernière année de master en biologie à l’Université de Genève, Matteo Auger-Micou n’a pas hésité une seconde à se lancer dans ce nouveau projet et ne compte plus ses heures de travail. «Je suis issu d’une famille de gens sourds. Mon grand-père a souffert d’isolement à cause de son handicap. J’avais vraiment envie de résoudre ce problème en créant un contact avec les personnes qui ne souffrent pas de surdité», explique-t-il. Mais son combat va plus loin, car il veut lutter contre la discrimination que subissent les personnes sourdes encore actuellement.

Un échange gagnant-gagnant

Aujourd’hui, le succès de 2 Mains peut s’expliquer par le  fait que le concept du tandem présente un avantage pour les deux membres du binôme. «Cela répond à une certaine demande. Il y a un intérêt croissant des personnes qui pratiquent la langue des signes. Il faut savoir que les cours sont coûteux, souligne Matteo Auger-Micou. De notre côté, on donne la possibilité aux gens de la pratiquer et de pouvoir véritablement s’immiscer dans la communauté des sourds. La langue des signes, c’est plus qu’une langue, ça se vit!» Et de clarifier: «D’une part, je pense que c’est bien pour ceux qui veulent apprendre, et d’autre part cela permet aussi aux sourds de s’ouvrir un peu plus à la société et d’avoir des contacts facilités avec les autres.»

S’inscrivant dans un registre relativement nouveau, Matteo Auger-Micou cherche à former les meilleures paires possible. Pour cela, il a préparé un questionnaire que les participants doivent remplir au préalable. «On veut créer des tandems qui perdurent et qui s’insèrent dans leur vie quotidienne. On essaie de réunir des gens de même sensibilité», avance le président. Cette volonté semble porter ses fruits. «Pour moi, c’est juste extraordinaire de pouvoir entrer en contact avec des personnes qui évoluent dans un milieu encore très fermé. Je retrouve presque une famille. Cela m’apporte énormément», témoigne Carole Kubler.

Aujourd’hui, l’association prend peu à peu son envol avec trois personnes au sein de son comité et de nombreux candidats à la recherche d’un binôme.

Florian Charlet