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« à quoi nous a servi notre sacro-sainte liberté?»
Le village des Clées, dans son écrin de verdure traversé par l’Orbe.

« à quoi nous a servi notre sacro-sainte liberté?»

17 octobre 2024 | Texte et photos: Virginie Meisterhans
Edition N°3811

La Région poursuit la publication hebdomadaire d’un portrait d’une commune nord-vaudoise.  Au travers de l’interview de son syndic, cette page aborde les réussites, les préoccupations, les projets d’une collectivité locale.

Aujourd’hui, place à Marinette Benoit, syndique des Clées.

Marinette Benoit, vous êtes originaire de Rances. Racontez-nous votre parcours jusqu’à votre arrivée au village.

Après une école de laborantine médicale, je suis partie une année à Zurich, puis j’ai travaillé à l’hôpital de Morges. J’ai fait la connaissance de mon mari et nous sommes repartis en Suisse allemande, près de Baden, où nous sommes restés trois ans. En 1995 nous avons emménagé à la Russille car mon père avait hérité d’une maison que nous avons pu reprendre. En 1996 et 1997 j’ai eu mes deux enfants. Nous avions décidé que j’arrêterais de travailler car c’était plus intéressant que mon époux garde son emploi à 100%. Durant cette période, j’ai notamment fait partie de l’Association des laborantines suisses.

Vous avez très vite décidé de vous engager pour la commune…

Oui, sitôt arrivée au village, je me suis inscrite au Conseil dont j’ai été nommée secrétaire après six mois déjà. Cela m’a permis de connaître la commune, les gens. J’y ai fait dix ans, puis en 2006, je me suis présentée à la Municipalité. Comme parmi les cinq élus personne ne voulait le poste de syndic, je l’ai accepté. Les affaires communales m’intéressaient, j’avais du temps à consacrer et j’aime voir du monde, je pouvais bien rendre service à ma commune! Au milieu de ma deuxième législature, nous avions un projet d’étude de fusion avec Orbe, Sergey et Montcherand. Si le Conseil refusait l’étude, j’avais dit que je démissionnerais. Je trouvais disproportionnés le temps consacré et le travail à fournir comparé à la taille de la commune. De plus, tous nos projets importants se faisant par associations intercommunales, je trouvais que nous devions faire un pas supplémentaire. Cela a été très serré mais l’étude préliminaire n’a pas passé, je suis donc allée au bout de ce que j’avais dit.

La perte de son identité et son indépendance semble être l’argument principal des «anti-fusion». Qu’en pensez-vous?

La peur de perdre son indépendance n’a pas raison d’être, je pense. «Qu’est-ce que cela changera à ma vie ? » est la question que tous devraient se poser. Les gens doivent prendre conscience que s’ils veulent continuer à vivre dans une commune «autonome», il faut avoir le courage de ses opinions, les assumer et s’engager. Or je suis plutôt défaitiste en ce qui concerne l’engagement futur. Lors de la démission d’un municipal, j’ai dans un premier temps contacté une dizaine de personnes qui toutes ont refusé pour des raisons, professionnelles, familiales, etc. Même au niveau du Conseil, c’est la croix et la bannière pour trouver des gens prêts à «sacrifier» quatre soirs par année! Ensuite, nous ne dictons pas le tempo, nous dépendons déjà beaucoup des autres. L’eau potable, les eaux usées, les écoles, les pompiers, le social, les UAPE sont tous des domaines que nous partageons déjà avec d’autres communes. Quelles décisions nous appartiennent encore? Notre marge de manœuvre est limitée, nous ne décidons pas grand-chose. Nous devrions retenter la démarche vers une fusion, mais en plusieurs étapes… d’abord les villages, puis aborder la question d’Orbe, qui fait peur à certains. Très franchement, je ne vois pas comment nous pourrons faire autrement à long terme.

En 2021, vous décidez de revenir au Conseil, mais à la suite de tensions au sein de la Municipalité et de deux démissions, vous acceptez de reprendre le poste de syndique. Comment avez-vous vécu ce retour?

J’aime ce que je fais, je trouve le travail à la Municipalité très enrichissant, mais il faut être une bonne équipe, ce qui est maintenant le cas chez nous. Dans nos petites communes, l’ambiance doit être supportable, ça ne vaut pas la peine d’avoir la boule au ventre avant chaque séance. Cela fait du bien de rigoler de temps en temps! Et il faut savoir travailler de manière collégiale et accepter que les décisions prises ne soient pas forcément celles que l’on aurait souhaitées soi-même. D’autre part, il ne faut pas compter son temps, car à la différence des grandes communes, les dossiers n’arrivent pas tout prêts sur le bureau du syndic!

Quels projets de législature avez-vous réalisés?

Nous avons refait une portion de route, effectué des travaux d’assainissement sous le village de la Russille et la mise à 30 km/h de la traversée des Clées. Nous avons également changé tout le système de refroidissement du congélateur communal. La réfection des réservoirs et conduites d’eau a été transmis à l’AISM et celle des canalisations d’un chemin dépend maintenant des subventions des améliorations foncières. Et puis bien sûr, il me tient à cœur de terminer le PaCom, un projet qui aura duré dix-sept ans et nous aura coûté le lard du chat. Là encore, à quoi nous a servi notre sacro-sainte liberté?

Quelles sociétés ou événements animent le village?

Nous avons la Société de tir, celle des pêcheurs en rivière et la Société du Pressoir qui organise tous les deux ans un vide-grenier. Avec celle-ci nous organisons aussi le 1er Août, alternativement aux Clées et à La Russille. L’année passée, une fête médiévale a été mise sur pied, qui a été très appréciée. Nous sommes également très contents d’avoir un restaurant, un point de rencontre pour les habitants et les personnes de passage. Le superbe château des Clées a été racheté l’année dernière par deux personnes qui ont de jolis projets pour ce lieu. Nous vivons dans un écrin de tranquillité au milieu de la nature avec de magnifiques maisons et la rivière de l’Orbe qui apportent un charme indéniable au village. Malheureusement le trafic de transit aux heures de pointe est problématique car nos routes ne sont pas adaptées. Je souhaiterais que nous cessions de croître sans cesse afin de privilégier le bien-être plutôt que la prospérité.