Télémark – Julien Nicaty figure parmi les meilleurs spécialistes mondiaux de la discipline, dont il a intégré le top 15 l’hiver dernier. Le jeune athlète et agriculteur de Combremont-le-Petit prend son pied dans un sport qu’il a découvert il y a une dizaine d’années et qui lui permet de parcourir le monde.
Les virages dessinent une courbe différente, fluide, la posture proche de la neige, à la limite de l’équilibre, surprend et, à la fois, impressionne et fascine. «C’est vrai qu’on passe parfois pour des extraterrestres. Les gens nous interpellent régulièrement sur les pistes, mais la discipline s’est bien développée ces dernières années, et on rencontre de plus en plus de pratiquants», relève Julien Nicaty, l’un des meilleurs représentants du pays en télémark.
A 23 ans, l’athlète de Combremont-le-Petit fait même partie de l’élite internationale de la spécialité. L’hiver dernier, il a terminé au 15e rang de la hiérarchie mondiale, notamment 14e du général du sprint, discipline dans laquelle il se sent le plus à l’aise. Ses meilleurs classements en Coupe du monde sont des 9es places. Ses performances du précédent exercice lui ont permis de faire le saut du cadre C au cadre A de Swiss-Ski. Une jolie progression pour le Valbroyard, qui se plaît à réduire l’écart avec les cracks. «Cette saison, j’aimerais me stabiliser dans le top 15. Et si je parviens à obtenir de meilleurs résultats, ce sera bon à prendre», lance-t-il, impatient que les choses sérieuses reprennent. Car, après le coup d’envoi de la saison qui a eu lieu sur le glacier de Hintertux, en Autriche, tout début décembre, le circuit va véritablement prendre son envol en janvier, pour s’achever fin mars.
Durant trois mois, Julien Nicaty et les dix autres membres des cadres nationaux -parfois accompagnés par les juniors- vont enchaîner les compétitions à un rythme soutenu dans toute l’Europe, ainsi qu’aux Etats- Unis.
Un train que le skieur de Combremont a pris en marche il y a une dizaine d’années, quand un ami lui a proposé de le suivre vissé sur des télémarks. «Je pratique le ski depuis petit. Je participais à quelques compétitions et, l’hiver, j’allais parfois aider à préparer des skis à Avenches. Le fils du patron de l’entreprise, Daniel Forrer, m’a proposé d’essayer avec lui, puis je me suis rendu quelques fois avec l’équipe de Suisse, et j’ai croché, raconte le représentant du Ski- Club Gryon. En télémark, il y a beaucoup de variations, toujours quelque chose qui se passe, et je me sens plus libre qu’à ski.» Le jeune athlète a disputé sa première Coupe du monde à Thyon -véritable sanctuaire de la discipline en Suisse- en février 2011 et, peu à peu, les choses sont devenues sérieuses.
Dans la nature
Aujourd’hui, le Vaudois partage sa vie entre son sport et l’agriculture, employé au domaine familial. «A partir de la mi-septembre et la reprise des entraînements sur neige à Saas-Fee, le ski me prend tous les weekends, puis presque tout mon temps dès janvier», glisse le détenteur d’une carte Swiss Olympic de sportif d’élite. La préparation estivale est plus individuelle, partagée essentiellement entre des sorties en ski-roulettes, en course à pied et par de la musculation.
La Coupe du monde 2017- 2018 a commencé avec des résultats en deça des attentes pour Julien Nicaty (26e, 19e et 17e), en Autriche. Les épreuves disputées lui ont permis d’identifier les éléments à améliorer pour la suite de la campagne. «Mes chronos à ski allaient, mais j’ai concédé plusieurs pénalités sur les sauts, où je n’ai pas atteint la distance minimale requise. Des sanctions rédhibitoires, explique-t-il. C’est un problème que j’ai déjà connu par le passé, et je n’étais pas le seul de l’équipe dans ce cas à Hintertux. On va travailler l’impulsion.» Et ainsi (re)bondir dans le top 15 de la discipline, où il a gagné chèrement sa place.
Le télémark, mode d’emploi
Technique de ski avec le talon libre inventée au XIXe siècle par un menuisier du comté norvégien éponyme, le télémark se décline en trois types d’épreuves, en compétition : la classique, le sprint et le sprint parallèle. Des portes sont à passer comme en ski alpin (géant), mais les courses de télémark comptent aussi des parties libres, des virages relevés, des sauts et des secteurs à parcourir en skating (ski de fond), en milieu ou bas de piste. «La discipline demande à la fois de l’équilibre, de bons réflexes et de ne pas avoir peur des sauts, résume Julien Nicaty. Il faut aussi gérer les tempos, par exemple en ne grillant pas toute son énergie lors de la partie en ski de fond, afin de pouvoir encore souffler ensuite.» Le télémark n’est pas un sport olympique, bien qu’il rêve de le devenir. Une entrée aux Jeux pourrait être une excellente nouvelle pour la Suisse, puisque les meilleurs spécialistes du pays trustent les podiums. Ainsi, Amélie Reymond, pour citer la plus célèbre, compte plus de cent victoires à son actif.