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A son réveil, il assène des coups à sa femme

12 septembre 2018
Edition N°2330

Yverdon-les-Bains – A la suite d’un cauchemar, un homme a frappé son épouse à plusieurs reprises. Il a été entendu, hier, par les juges.

«Je ressens une détresse profonde et des regrets.» C’est en ces termes qu’un sexagénaire s’est exprimé, hier, devant le Tribunal correctionnel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. Selon l’acte d’accusation, l’homme aurait commis une tentative de meurtre à l’encontre de sa jeune épouse.

Dans la nuit du 9 au 10 juillet 2016, ce retraité s’est levé en sursaut à la suite d’un cauchemar, dans lequel sa femme le frappait sur le dos et la poitrine à l’aide d’un bâton. Le prévenu serait alors allé chercher le manche en bois d’une hache et lui aurait asséné plusieurs coups sur la tête. Réveillée par les cris de sa mère, la fille du couple, âgée de 8 ans au moment des faits, aurait tenté de lancer des coussins sur son père pour qu’il cesse de frapper. Enfermée dans la salle de bains avec sa fille et son téléphone, la plaignante a tenté d’appeler les secours avant de s’évanouir. Blessée, elle a été prise en charge par le Service des urgences du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et a porté plainte contre son mari. La victime a été dispensée de comparution à l’audience.

De multiples troubles du sommeil

Dans un premier temps, le prévenu a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire, avant d’intégrer le Service de psychogériatrie du Centre de psychiatrie du Nord vaudois (Cpnvd), où il a été obligé de se soumettre à un traitement médical. Lors de l’audience, le retraité a reconnu les faits qui lui sont reprochés. «Mon épouse ne vit plus à notre domicile, a-t-il révélé à Donovan Tesaury, président du tribunal. Mais j’ai des contacts réguliers avec elle et ma fille. On s’appelle tous les soirs et je la rencontre tous les quinze jours. Cela se passe relativement bien.» 

Selon une expertise ordonnée par le Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil (CRS) du CHUV, l’homme présente plusieurs troubles du sommeil et au moment des faits, le prévenu était incapable de discerner le caractère illicite de ses actes.

Quant aux experts psychiatres, ils préconisent la poursuite d’un suivi médical et d’un traitement médicamenteux adapté, ainsi qu’une surveillance globale du prévenu. Selon la psychiatre Pascale Hegi, il n’y aurait pas eu d’autres «éveils nocturnes» depuis que le prévenu a été placé au Cpnvd. Aujourd’hui, elle estime qu’un traitement ambulatoire assorti de règles de conduite serait «suffisant», mais émet une réserve quant à l’évolution de la santé du prévenu.

Lors de son réquisitoire, Sophie Koehli, procureure chargée de l’affaire, a constaté que les actes commis par le prévenu relèvent sans conteste d’une irresponsabilité, mais il ne faut pas négliger les traumatismes causés aux deux victimes. Le prévenu présente, selon elle, «des troubles graves du sommeil et un traitement et des mesures ambulatoires doivent être ordonnés par la justice». Toutefois, le Ministère public abandonne l’accusation.

L’avocat commis d’office, Me Laurent Damond, a souligné que son client avait admis les faits qui lui sont reprochés et qu’il a fait preuve de tout son repentir. «S’il a pris conscience de la douleur qu’il avait causée à sa fille et à sa femme, c’est qu’il est dans la réalité.» Par ailleurs, il a ajouté que le prévenu a la volonté de retourner à son domicile et qu’il se soumettra à la décision des médecins. Selon lui, il convient qu’il puisse y avoir un retour à son domicile. Car comme indiqué par les experts, il n’existe aucune différence entre un traitement ambulatoire en appartement protégé ou à son domicile.

Illustrations: Emmanuelle Nater