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Alban Wirz, la voix passionnée de la Patrouille Suisse
©DDPS/Luftwaffe

Alban Wirz, la voix passionnée de la Patrouille Suisse

21 février 2017 | Edition N°1939

Payerne – Speaker de la Patrouille Suisse jusqu’en septembre dernier, Alban Wirz a passé dix-huit ans de sa vie à commenter les spectacles aériens de l’Armée suisse. Rencontre avec une voix hors du commun.

Muni de son micro, Alban Wirz animait les meetings en expliquant au public les enchaînements effectués par la Patrouille Suisse. ©Michel Duperrex

Muni de son micro, Alban Wirz animait les meetings en expliquant au public les enchaînements effectués par la Patrouille Suisse.

Bien qu’il ait quitté la Patrouille Suisse en septembre dernier, Alban Wirz ne se résout pas à rendre son uniforme. Speaker du team acrobatique des Forces aériennes suisses durant dix-huit ans, il a commenté avec ferveur plusieurs centaines de démonstrations, en Suisse et en Europe. «Mon rôle était d’expliquer au public la chorégraphie aérienne en direct, comme un commentateur sportif, explique-t-il. D’en bas, la plupart des gens ne se rendent pas compte de ce que vivent les pilotes. Il s’agit de retranscrire l’action, l’effort et l’émotion de cette performance.» Habitant de Chavannes-le-Chêne, l’homme de 46 ans est fasciné par les avions depuis son enfance. «Mon papa était pilote d’essai. Gamin, ce milieu me captivait déjà. Après un apprentissage de mécanicien-électronicien, je suis devenu contrôleur aérien à Payerne en 1993.» Cinq ans plus tard, la Patrouille Suisse l’engageait comme speaker.

«C’était un honneur. Chacun des six pilotes a dû donner son accord pour que je puisse intégrer l’équipe. C’est une grande famille où la confiance est primordiale.»

Des meetings prestigieux

Plus le ciel est clair, plus les F-5 Tiger effectuent des figures à la verticale. ©DDPS/Luftwaffe

Plus le ciel est clair, plus les F-5 Tiger effectuent des figures à la verticale.

Avec un nombre d’années record passé au sein de la Patrouille Suisse, Alban Wirz a côtoyé près de cinq équipes de pilotes et trois commandants.

«J’assistais régulièrement aux entraînements hebdomadaires du lundi. Une dizaine de fois par an, nous partions en meetings en Suisse et en Europe. C’était mes moments favoris», raconte-il. La Patrouille des glaciers, Gymnaestrada, AIR14, la Fête fédérale de lutte, la Coupe de l’America : autant d’événements sportifs auxquels la Patrouille Suisse était invitée pour témoigner de l’habileté de ses pilotes et de la précision de ses avions de combats, les F-5 Tiger.

Au sol, Alban Wirz, vêtu de sa combinaison kaki, tenait le micro et faisait résonner sa voix dans les enceintes : «A votre droite, la Patrouille Suisse arrive en formation croix. Puis passage en formation miroir de nos deux solistes. Les fumigènes sont enclenchés, tandis que l’équipe entame une montée à la verticale.» Durant 21 minutes, les avions enchaînaient les loopings et les figures, dans une danse synchronisée.

«J’aimais expliquer au public les conditions extrêmes des pilotes. Certains étaient suspendus la tête en bas pendant plusieurs kilomètres», se rappelle-t-il.

Instinctif, Alban Wirz a rarement lu ses notes. «Je regardais seulement quelques schémas des enchaînements, pour rester le plus vivant et spontané possible. Les yeux rivés vers le ciel, j’étais attentif aux ordres du leader. Parfois, je me trompais. Je disais qu’un avion arrivait par la gauche alors qu’il arrivait par la droite, mais rien de bien grave», sourit-il.

En revanche, lorsqu’il s’agissait de meetings à l’étranger, l’heure était à la préparation. «J’ai toujours essayé de parler dans la langue du pays hôte. J’ai appris quelques formules d’italien, d’espagnol et même de catalan. Il y a seulement en Hollande où je me suis contenté de l’anglais», plaisante-t-il.

Une passion sans fin

Pour terminer sa carrière en beauté, Alban Wirz a décidé de courir la Patrouille des Glaciers en mars dernier, puis de commenter dans la foulée le show aérien lors de la cérémonie des médailles. Une satisfaction complète pour ce passionné de montagne.

«C’était incroyable, se rappelle-t-il, tellement incroyable que j’ai attendu encore quelques semaines avant d’annoncer à l’équipe que ce serait ma dernière saison. Ce fut une décision difficile, car je craignais toujours de louper un événement mémorable.» C’est en septembre dernier, lors d’une démonstration de la Patrouille Suisse à Thoune, qu’Alban Wirz a définitivement passé la main. Sous l’oeil attentif de ses enfants Esteban et Nino, il a commenté une dernière fois le spectacle, accompagné de son successeur Christian Trottmann.

Une passation de micro mémorable, confie-t-il. «J’étais très ému. J’ai eu du mal à commenter avec la gorge nouée. Mais j’estime avoir pris la bonne décision. J’ai fait mon temps.» Depuis la fin de cette aventure, Alban Wirz poursuit son métier de contrôleur aérien à la tour de contrôle de Payerne. Perché dans le «plus beau bureau de la région », il scrute l’horizon, le micro dans la main et le bruit des avions dans les oreilles. «Attention, ce n’est pas du bruit, c’est de la musique !», tient-il à préciser.

Des shows de haute voltige

Fondée en 1964, la Patrouille Suisse est la carte de visite de l’Armée et des Forces aériennes suisses. Chaque saison, la base aérienne d’Emmen (LU) constitue son point d’attache pour préparer trois chorégraphies, mêlant précision, fiabilité et spectacle.

Fumigènes, musique, tout est fait pour en mettre plein la vue au public. Avec une précision millimétrique, les avions se synchronisent sur le leader, qui mène la navigation. Une distance de trois à cinq mètres sépare chaque engin.

En 2016, la Patrouille Suisse a notamment organisé des démonstrations au Montreux Jazz Festival, à l’inauguration du tunnel du Gothard et à la Patrouille des Glaciers. Dernier évènement en date : les Mondiaux de ski de St-Moritz les 11 et 12 février dernier.

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Lila Erard