Formée à l’École de couture de Lausanne et titulaire du brevet fédéral de créatrice de vêtements depuis quelques mois, la gymnaste de 26 ans a supervisé la création des justaucorps de ses partenaires d’entraînement.
La couture, Aline Ray l’a dans le sang. «Ma grand-mère paternelle était couturière, celle du côté maternel faisait des costumes pour toute la famille – adultes comme enfants – chaque année pour le carnaval de Grandson, et ma mère a réalisé sa propre robe de mariée. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai appris à coudre. Et maintenant, c’est moi qui lui donne des conseils!», rigole la Tapa-Sabllia. Car, non contente de se limiter à la création de vêtements pendant son temps libre, Aline Ray a décidé de faire de sa passion son métier.
Elle a tout d’abord intégré l’École de couture de Lausanne, où elle a obtenu son CFC avec maturité intégrée, avant d’enchaîner avec une formation de costumière de théâtre à Fribourg. Au printemps de cette année, elle a décroché son brevet fédéral de créatrice de vêtements. «Cela me permet d’enseigner dans une école de couture à La Chaux-de-Fonds trois jours par semaine et de me consacrer, le reste du temps, à la création et aux retouches de vêtements.»
La couturière possède son propre atelier, Ray-Création, dans la maison familiale à Yvonand. «Je fais beaucoup de retouches sur des habits achetés en magasin, soit au niveau de la longueur, soit parce que les gens souhaitent que je leur redonne un coup de jeune. En ce qui concerne la création, j’adore réaliser des robes de mariée, même s’il m’arrive plus régulièrement de concevoir des tenues de cocktail.»
Il y a un peu plus d’une année, Aline Ray s’est également vu offrir la possibilité de mettre ses talents professionnels au service de son sport de prédilection: la gymnastique aux agrès. «Je suis membre de la FSG Yvonand depuis toute petite. Avec mon groupe actuel, les actifs-actives, nous avons une production à la combinaison d’engins sur le thème de James Bond. La première année, nous la présentions avec nos justaucorps de concours traditionnels. Un jour, notre moniteur, qui connaissait mon travail, m’a dit, il faut qu’on ait des costumes, sinon le thème n’est pas abouti. Il n’y a pas eu besoin de beaucoup plus pour me convaincre.»
Des justaucorps venus de loin
Les moyens financiers de la société de gymnastique étant limités, il a été décidé que les costumes seraient créés à partir d’un justaucorps de base. «Pour les filles, nous avions choisi de travailler à partir d’un modèle de danse. Cependant, nous n’arrivions pas à obtenir toutes les tailles dont nous avions besoin. J’ai finalement trouvé les dernières pièces pendant mes vacances au Canada!»
Supervisés par la couturière, les gymnastes se sont ensuite attelés à la création de leurs habits de lumière deux jours durant. «Nous avions un certain nombre de contraintes, puisque les costumes allaient être utilisés pour les concours. Chacun s’est vu attribuer une tâche, qu’il a réalisée sur tous les justaucorps du groupe. C’était un peu du travail à la chaîne, mais il y en avait pour tous les goûts.» Depuis l’été passé, les actifs-actives d’Yvonand se produisent donc dans des tenues «faites maison».
La gymnaste n’en était cependant pas à son premier coup d’essai en la matière. «J’avais déjà réalisé deux robes pour le groupe nord-vaudois qui s’était produit à la Gymnaestrada de Lausanne en 2011, alors que j’étais encore en apprentissage. Un sacré défi! J’ai ensuite fait un stage au Béjart Ballet Lausanne et j’ai également conçu quelques costumes de cirque, ainsi que pour le patineur Vincent Cuérel. La situation est un peu différente quand on a affaire à des artistes ou des athlètes professionnels, car ils savent comment jouer avec leur tenue. Ils se rendent aussi mieux compte du temps investi pour parvenir au résultat final.»
Une courte nuit pour terminer à temps
En plus de ses quatre sessions hebdomadaires au sein de la FSG Yvonand, Aline Ray a également fait partie du Welsch Master Team, un groupe composé de gymnastes de toute la Suisse romande, qui s’est notamment produit lors de la dernière Gymnaestrada (GYA), en juillet dernier à Dornbirn (Autriche). Et là aussi, ses talents de couturière ont été sollicités.
«Nous avons créé nos costumes pour la GYA lors d’un week-end d’entraînement, à partir de justaucorps que nous avions achetés. Ceux-ci nous ont servi de base, mais nous avons tout de même effectué un gros travail de confection, notamment avec l’ajout de fermetures éclair sur les modèles masculins et de petites lampes LED sur les jupes des filles, détaille la Tapa-Sabllia. Tout le monde a mis la main à la pâte en fonction de ses capacités, et je me suis occupée de superviser la partie couture, avec cinq machines à disposition.»
La quarantaine de costumes devant être suffisamment avancée pour que les gymnastes puissent les tester le dimanche, Aline Ray a connu une nuit particulièrement courte. «J’ai bossé jusqu’à 3h du matin pour finir dans les temps. Heureusement, même si j’ai dû assister à l’entraînement le lendemain, mon programme gymnique a été allégé.»
La couturière ne fait actuellement plus partie du groupe, mais elle entend continuer à donner un coup de main si besoin. «Les costumes appartiennent aux gymnastes, les nouveaux venus auront donc besoin d’en créer un en vue du prochain gala. Et il ne s’agit pas simplement de poser quelques strass; c’est assez technique, il y a beaucoup de travail derrière.»