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Amandine, une voix déjà toute tracée

12 mai 2016 | Edition N°1741

Chavornay – Elle a envoûté le jury et le public de «The Voice», sur TF1. Plus qu’une voix, Amandine Rapin est un personnage. Sensible et attachante, elle raconte.

Grande complicité entre Amandine et sa maman, Evelyne, au café «Chez Tcharl’s», à Chavornay. © Simon Gabioud

Grande complicité entre Amandine et sa maman, Evelyne, au café «Chez Tcharl’s», à Chavornay.

Chevelure frisée et sauvage, sourire au lèvres, Amandine débarque en trombe dans le café villageois, chez elle, à Chavornay. Au passage, elle prend un sandwich et croque dedans. Il est tout juste 8h. Avant même d’avoir entendu le son de sa voix, on est séduit par son naturel et sa spontanéité. «Désolé, je mange comme ça tous les matins. Je suis un peu comme une ouvrière», lâche, d’une voix teintée d’un accent vaudois, la pétillante jeune femme de 24 ans. Une personnalité à la fois drôle et envoûtante qui n’a pas manqué de charmer le jury et le public de l’émission «The Voice», qu’elle a quitté, samedi dernier, au stade des demi-finales.

C’est véritablement lors de la première audition à l’aveugle, il y a trois mois, que l’aventure a débuté. Devant près de sept millions de téléspectateurs, sa voix, à la fois rauque et fragile, fait mouche. Mais c’est au moment de prendre la parole, une fois les quatre juges -Mika, Florent Pagny, Zazie et Garou-retournés, que la magie opère. La voix tremblante, elle laisse échapper sa spontanéité: «Oh putain, merci», lâche-t-elle, au bord des larmes, en enlaçant un Mika venu la féliciter. «C’était un moment surréaliste, il y avait une ambiance de folie, se souvient, les yeux brillants, la Chavornaysanne. J’étais dans le même décor que celui que j’avais pu voir à la télé les années précédentes. J’étais perdue, je ne savais juste plus où me mettre.»

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la «petite Suissesse» a vite trouvé sa place dans la capitale française. Au fil des «primes» en direct, et des titres chantés, tantôt puissamment, tantôt avec fragilité, la vague Amandine déferle sur Paris et emporte tout sur son passage. «J’étais un peu la candidate fofolle, toujours avec ce côté campagnard qui me caractérise. Je voulais être moi-même, sans filtre. Je suis comme cela dans la vie», insiste-t-elle.

Si les fans de la belle ne pouvaient la voir sur scène que les samedis, sa prestation nécessitait une semaine de préparation bien chargée: «C’était de la folie. Je suis resté un mois non stop à Paris. C’était l’effervescence tous les jours. Entre le staff technique, les maquilleurs, les coiffeurs et les coaches, je n’avais pas une minute à moi. Mais c’est une formidable école de vie.»

L’école, justement, elle connaît. Enseignante de musique à Apples et à Château-d’Oex, la «prof Ananas» -nom donné par les enfants en raison de sa coupe de cheveux en forme d’épis- avoue avoir reçu un soutien inconditionnel de ses élèves, qu’elle adore: «Ils ont été super choux. Il m’ont fait plein de dessins et de cadeaux», sourit-elle.

L’éclosion artistique de la chanteuse paraît simple et évidente, comme un air de comptine. Mais l’histoire est plus longue. Et le chemin vers le succès, plus sinueux. «Cette émission a été plus bénéfique que six mois de démarches infructueuses dans la région. C’est bizarre, en une dizaine de minutes d’audition, tout a basculé.»

Au moment de prendre congé, et avant de rejoindre une classe d’élèves impatients de retrouver leur star, elle prend une bouffée d’air: «L’air frais et l’eau du robinet, je crois que c’est ce qui m’a le plus manqué de Chavornay. Avec la vue sur le Suchet», lâche-t-elle, dans un dernier éclat de rire.

Simon Gabioud