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Ariane Pantet, la brocante chevillée au cœur
© Michel Duperrex

Ariane Pantet, la brocante chevillée au cœur

17 juin 2021

Insatiable! A la baguette à la Brocante de la rue du Four à Yverdon et à celle des Quais de Grandson, Ariane Pantet a ajouté une corde à son arc: un marché d’été grandsonnois qui, en juillet, consolera artisans et commerçants de l’annulation du marché de Noël 2020.

 

Elle n’est pas tombée dans la marmite quand elle était petite, mais plus tard, à 20 ans. Et ce plongeon lui a bien donné des pouvoirs non pas surnaturels, mais sortants de l’ordinaire: une capacité à multiplier sans relâche les activités liées à ce qui est devenu l’une de ses passions: la brocante.

L’histoire a commencé au début des années 2000. La Brocante de la rue du Four existait depuis 2001, fondée par l’ancienne tenancière du restaurant de la Grenette, et Ariane Pantet – c’est d’elle qu’il s’agit – a pris le train en marche. L’événement avait été annulé en raison de la réfection de la rue du Four, en 2004, et une équipe dynamique s’est attelée à l’organisation de la brocante marquant l’inauguration de l’artère pittoresque, flambant neuve, sous l’étiquette de l’Association des commerçants de ladite rue. C’est là que cette femme d’un dynamisme à toute épreuve a décidé «de reprendre ça».

Aujourd’hui, cette brocante a 20 ans. Et non contente d’avoir atteint l’âge de la maturité, elle a aussi pris ses aises. «C’est vrai que j’ai attrapé le virus. Et que par année, il y a longtemps eu une seule édition, puis deux, puis trois. Non, ce n’est pas de l’addiction. Simplement, il y avait tant de demandes qu’on refusait trop de monde. Augmenter la cadence des rendez-vous était le moyen de contenter plus de personnes. D’ailleurs, après s’être cantonnés à la rue du Four, on s’est un peu étendus sur le début de la rue Roger-de-Guimps», commente Ariane Pantet.
Ainsi, Yverdon s’est habitué à un rythme de trois éditions par an, étalées de fin mai à début septembre. En 2021, après la première du 29 mai, la rue vivra à l’heure du deuxième acte samedi, puis l’ultime aura lieu le 4 septembre. Avec des sourires renaissants, car aux beaux jours retrouvés s’ajoute la perspective éventuelle d’une fin de difficile période Covid.

«Nous avons évidemment été impactés par la pandémie, relève Ariane Pantet. Avec parfois du bon: le marché ayant été déplacé à la promenade Auguste-Fallet, nous avons pu nous étaler sur la place Pestalozzi et la rue du Milieu, empiétant ainsi moins sur la devanture des petits commerces qui sont toujours plus nombreux à la rue du Four. Plus d’espace, ça va dans le sens des mesures sanitaires à respecter. Côtés négatifs, nous avons dû nous habituer à nous adapter à des restrictions souvent différentes, de distanciation notamment, et une édition a été annulée en 2020, durant la première vague.»

Le marché étant appelé à retrouver ses quartiers un jour prochain, la brocante devra elle aussi retrouver ses «appartements» habituels. «Une fois de retour sur la place Pestalozzi, le marché s’étalera de nouveau et prendra toute la place. Moi aussi, je prends toute la place quand on me la donne…», sourit l’espiègle battante.

Ses aises, la Brocante de la rue du Four les a prises à une période où le troc, le recyclage et les bonnes affaires sont devenus très tendance. «On le remarque chez nous, où l’on a de tout. Il y a ceux qui ne viennent qu’une seule fois, qui ont envie de se faire deux-trois sous, qui vident leur cave et qui n’ont ensuite plus rien à vendre. Et ils sont de plus en plus nombreux. Puis, il y a les grands habitués, qui ont leur place attitrée et sont des semi-pros. Ça fonctionne tellement bien qu’on refuse chaque fois une dizaine de personnes.»

«La première édition de l’année, fin mai, est toujours bien pleine. En fin de mois, les gens viennent de toucher leur paye et ça se ressent.» Et elle, Ariane Pantet, est-elle récompensée de ses efforts? «Financièrement, je n’en retire pas grand-chose, je fais surtout ça pour le plaisir, et j’en ai à revendre. Par contre, ça demande du travail. Dès que j’envoie les bulletins d’inscription, j’en suis à trente téléphones par jour. Et les futurs vendeurs ont toujours mille questions à poser. Y en a même qui veulent savoir où est leur emplacement et voir l’endroit physiquement avant l’heure…»
M

ais d’où vient donc cette passion pour les reliques que l’on ne veut pas voir disparaître? «J’ai toujours aimé les vieilleries, les objets anciens. Je suis archéologue de profession, ça fait donc peut-être partie de ma nature. Ensuite, j’ai mis la main dans l’engrenage, et il est vrai que j’ai une propension à organiser plein de choses, à réunir les gens et à mettre en place des trucs sympas.»

Ariane Pantet a tellement mis la main dans l’engrenage qu’elle a donné naissance à «une petite sœur» de la Brocante de la rue du Four: la Brocante des Quais, à Grandson, en 2013. Dont l’édition 2021 aura lieu en deux phases, les 25, 26 et 27 juin, puis les 10, 11 et 12 septembre, là aussi avec des velléités d’expansion. Et de faire remarquer que sur les quais, les restrictions à appliquer sont plus draconiennes qu’au centre-ville d’Yverdon. «On doit clôturer le lieu de vente, compter les visiteurs, avec une jauge à 300 personnes maximum, et nous devons leur donner des jetons, ne pas vendre de nourriture ni de boissons à l’intérieur de l’enceinte », souligne l’organisatrice.

Et d’ajouter: «La fête y sera belle, avec les coups d’cœurs en chansons de Melle Lola, samedi 26 juin et dimanche 27 juin, dès 11h30, pour une rétrospective des plus belles chansons de la variété française des années 1930 à nos jours.»
Cette boulimie d’organisation s’arrête-t-elle là? Que nenni! «Au nom des artisans et commerçants de Grandson et des Tuileries, nous allons organiser un marché des artisans, les 23, 24 et 25 juillet, sur les quais également. Histoire de compenser le marché de Noël 2020 qui n’a pas pu avoir lieu.» Ben voyons… « Je ne savais pas quoi faire et j’avais un trou en juillet, rigole Ariane Pantet. Cela dit, nous sommes cinq-six organisateurs pour cet événement, je ne suis que la présidente…»

Au lendemain de l’acte 2 de la Brocante de la rue du Four, un marché aux puces aura lieu aux Tuileries-de-Grandson, dimanche. «Là, je n’y suis pour rien. C’est la société de développement locale qui l’organise. Mais j’y tiens un stand avec ma fille Garance», rigole Ariane Pantet. Car c’est l’une des autres particularités de celle qui n’a vraiment pas froid aux yeux. Non contente de s’être glissée dans la peau d’une vaillante organisatrice, elle tient toujours son propre stand…

Patrick Wurlod