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Arrêt des turbines par manque d’or bleu
Vallorbe, 24.10.18, barrage de la Jougnenaz, sécheresse; pierre Rigoli. © Carole Alkabes

Arrêt des turbines par manque d’or bleu

25 octobre 2018 | Edition N°2360

La sécheresse qui sévit actuellement a des incidences sur la production d’électricité. Etat des lieux.

S’il est agréable de pouvoir encore profiter des terrasses, la sécheresse qui sévit dans la région depuis le mois de juillet commence à être vraiment inquiétante.

Plusieurs Communes, dont Baulmes, Champvent et Vuitebœuf, ont fait paraître des avis de restriction d’eau. Il est donc interdit jusqu’à nouvel avis de nettoyer sa voiture, d’arroser son jardin, de remplir sa piscine… Car si nous ne risquons pas de mourir de soif – les nappes phréatiques sont là pour assurer la majorité de la consommation d’eau potable – les rivières se vident. Avec, pour conséquence, que certaines turbines n’auront plus de quoi fonctionner.

La société VO Energies possède plusieurs turbines au fil de l’eau sur l’Orbe. «Le débit est historiquement bas», relève Pierre Rigoli, responsable de la production et de la distribution. Il ajoute: «En trente-huit ans, c’est la première fois que je vois ça! Sur la Jougnenaz, nous ne turbinons plus depuis début août. Actuellement, cette rivière n’a plus que quatre centimètres d’eau, alors qu’en crue, elle peut déverser huit à dix mètres cube! Toute la production est arrêtée. Le Bief Rouge, à Vallorbe, n’a plus que 70 litres/seconde alors que sa capacité maximale est habituellement de 130 litres/seconde. Le lac de Bret est bientôt à sec. Quant au lac de Joux, il a déjà baissé de deux mètres.» La situation est si sérieuse que VO Energies craint que le Canton n’impose des restrictions sur la production hydroélectrique, car les concessions accordées aux producteurs d’électricité prévoient un débit minimum de 2,5 m3 par seconde dans les cours d’eau.

Pierre Rigoli pose devant la Jougnenaz, à la hauteur de l’Usine du Creux, entre Vallorbe et Ballaigues. La rivière est à sec... © Carole Alkabes

Pierre Rigoli pose devant la Jougnenaz, à la hauteur de l’Usine du Creux, entre Vallorbe et Ballaigues. La rivière est à sec… © Carole Alkabes

Robinet fermé

La ville d’Orbe pouvait compter sur la commune voisine de Montcherand pour son alimentation en or bleu. Mais depuis la semaine passée, c’est terminé. Les autorités ont fermé le robinet. «Le niveau de nos sources est au plus bas, relève le syndic de Montcherand, Bertrand Gaillard. Nous avons été obligés d’arrêter de fournir de l’eau à nos voisins. Nous possédons six captages au-dessus du village, mais on voit que le débit baisse. Cette situation s’est déjà produite l’année dernière. Nous allons informer les habitants qu’il faut économiser l’eau dans les prochains jours, si la météo reste au beau fixe.»

Romande Energie constate que la sécheresse a des répercussions sur sa production, notamment celle de ses installations sur l’Orbe. «Nous enregistrons une production entre 10 et 15% de notre capacité maximale. Nous utilisons l’eau du lac de Joux avec une grande parcimonie et ceci uniquement pour assurer un débit minimum de l’Orbe en aval», relève Caroline Monod, chargée de communication. Mardi dernier, le niveau du plan d’eau était à 1002,91 mètres. Il y a une année, il était à 1003,10 mètres et la moyenne, sur dix ans à cette date, est de 1003,86 mètres. L’énergie manquante est partiellement compensée par d’autres installations, notamment solaires. «Il est néanmoins nécessaire d’acheter la majorité du complément sur les marchés de l’électricité», déplore Caroline Monod.

Dominique Suter

Rédaction