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Aux Nouveaux Jardins, on cultive du lien social
Virginie, Yalo, Andrea et Gary partagent un jardin mis à disposition par l’EPER.

Aux Nouveaux Jardins, on cultive du lien social

11 février 2021

Les mains dans la terre, des Nord-Vaudois jardinent avec des migrants. Rencontre avec un tandem qui participe à un projet de l’EPER.

Un bout de jardin, une main tendue, et voilà une jolie façon d’intégrer des personnes issues de la migration dans une situation de précarité en Suisse. Tout en cultivant leur propre jardin, les Yverdonnois ont la possibilité de partager plus qu’un lopin de terre: un lien social fort et unique avec des Tibétains, des Afghans, des Syriens…

L’Entraide protestante Suisse (EPER) met à disposition des parcelles de jardins dans la ville, puis met en lien des migrants avec des personnes francophones habitant Yverdon-les-Bains. Des outils, de l’eau courante et une petite cabane où s’abriter sont sur place. «L’idée est de créer des espaces de rencontre et d’échange, de favoriser les liens sociaux. C’est un projet d’inclusion sociale avant tout», témoigne Marie-Fleur Baeriswyl, collaboratrice de projet pour ce concept nommé «Les Nouveaux Jardins». Ainsi, des tandems se forment avec des familles ou des personnes seules de la région et des migrants pour parler en français et partager un petit jardin à eux. «C’est magique de voir comment on se retrouve dans notre humanité, les mains dans la terre», s’étonne Marie-Fleur Baeriswyl.

Andrea Facchinetti, Virginie Bonneau et leur petit garçon Gary participent à l’expérience. Avec Yalo Dotruk Tsang, une Tibétaine de 48 ans, arrivée seule en Suisse, ils partagent un bout de terre et bien d’autres moments. Aide administrative, recherche d’emploi: le couple yverdonnois a créé un véritable lien avec elle. «On a trouvé l’idée super, ça nous correspondait bien d’avoir un espace pour pouvoir expérimenter le potager et, en même temps, créer du lien avec une personne qui débarque en Suisse et qui peut être vite perdue par la culture et la langue. On a adhéré tout de suite», raconte Virginie Bonneau, ravie de cette rencontre. Une démarche approuvée par la Tibétaine, qui a fui son pays pour venir en Suisse. «ça me plaît beaucoup. Et mon français va beaucoup mieux maintenant car on peut beaucoup parler et pratiquer.» Le couple confirme cette progression:«Comme Yalo ne parle pas anglais, nous sommes obligés de dialoguer en français. Ce qu’elle n’arrive pas à exprimer en français, ça se partage dans le jardin, on échange différemment. Elle a d’ailleurs un lien fort avec notre fils, Gary.»

Mais cet échange n’est pas toujours évident pour certaines cultures et la dynamique s’est quelque peu perdue avec la pandémie. «Avec leur parcours migratoire où ils ont dû tellement partager, ils ont du mal à s’approprier la parcelle. Yalo ne se sent pas forcément légitime et a peur d’être envahissante. On a eu du boulot pour la mettre à l’aise!», assure Virginie Bonneau. Pour certaines cultures patriarcales, parler français est synonyme de perte d’identité culturelle et il faut également accepter que le jardin est un lieu d’échange sans distinction de genre ni de culture.

Enfin, si la dynamique se veut sociale, elle est également naturelle. Permaculture, absence d’agents chimiques, chacun échange sur sa propre façon de cultiver, sans frénésie de productivité.

Marie-Fleur Baeriswyl espère trouver davantage de partenaires francophones pour former de nouveaux tandems pour ce printemps (lire encadré). Mais également au projet «Ouvre ton jardin», qui permet d’accueillir un migrant au sein de son jardin privé: «Cela fait partie des activités fédératrices pour partager sans parler la même langue, c’est universel, multiculturel et intergénérationnel. J’y vois beaucoup de bénéfices pour ces personnes très isolées qui, d’un coup, créent des liens. Cela leur donne un but et permet de travailler le vivre-ensemble.»

Pour participer ou soutenir les nouveaux jardins en 2021

•Participez aux tandems au sein des jardins de l’EPER
•Proposez une partie de votre jardin privé
•Soutenez le projet via l’opération «Petites graines»

Informations et contact :www.eper.ch/nouveauxjardins
nouveauxjardins@eper.ch

Léa Perrin