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Aux petits oignons pour le bétail

22 juillet 2015

Région – Dans le cadre du Plan Orca, d’importants moyens ont été mis en oeuvre, depuis hier, pour tenter de vaincre la pénurie d’eau sur les alpages du Jura vaudois.

Soldats, hélicoptères de l’Armée, Protection civile: depuis hier, d’importants moyens sont mis en oeuvre pour tenter de vaincre la pénurie d’eau sur les alpages du Jura. © Michel Duperrex

Soldats, hélicoptères de l’Armée, Protection civile: depuis hier, d’importants moyens sont mis en oeuvre pour tenter de vaincre la pénurie d’eau sur les alpages du Jura.

En descendant le col du Marchairuz, côté vallée de Joux, une petite route se présente à gauche de la chaussée. Elle traverse un paysage typiquement jurassien, où les murs de pierres sèches et les bouquets de sapins se partagent la vedette. Les pâturages y arborent encore, par endroits, des teintes vertes et les conifères offrent des zones d’ombre susceptibles de servir de refuge au bétail estivant. Sans oublier les températures moins chaudes que sur le plateau.

Toutes ces raisons, ainsi que la volonté de ne pas surcharger le réseau d’eau de la plaine ont plaidé pour un maintien sur les hauteurs, des quelque 20 000 têtes de bétail estivant dans le Jura vaudois, où le spectre du manque d’eau a nécessité la mise en place de mesures d’urgence depuis hier, sous la houlette de l’Etat-major cantonal de conduite (EMCC) et des différents partenaires, comme la Protection civile. Philippe Leuba, le chef vaudois du Département de l’économie, a aussi tenu à souligner, avant de se rendre sur le terrain, le manque à gagner d’une désalpe anticipée. «Nous nous situons dans l’appellation Gruyère AOP. Le prix du litre de lait est d’environ 80 centimes pour fabriquer du gruyère d’alpage, contre 48 centimes si on l’utilise en tant que lait d’industrie».

Sur la commune de Bassins, l’eau apportée par l’hélicoptère est transférée dans les citernes des agriculteurs de la région. © Michel Duperrex

Sur la commune de Bassins, l’eau apportée par l’hélicoptère est transférée dans les citernes des agriculteurs de la région.

Hauts de la Commune de Bassins. Les gentianes et la cohorte de journalistes sont chahutés par l’approche d’un des trois hélicoptères Super Puma de l’Armée doté d’un Bambi-bucket, une sorte de gros sac d’une capacité de 2500 litres. Cette eau, prélevée dans le lac de Joux, est déversée dans le bassin de rétention d’une contenance de 53 m3, l’un des six disséminés entre Saint-Cergue et Provence. Vingt rotations sont nécessaires pour faire le plein du réceptacle. Des tracteurs munis de citernes et plusieurs agriculteurs attendent de pouvoir puiser le précieux liquide. Dans un deuxième temps, 49 réservoires seront, à leur tour, remplis sur demande.

Deux bassins autour du lac

Le conseiller d’Etat Philippe Leuba s’est rendu sur les lieux. © Michel Duperrex

Le conseiller d’Etat Philippe Leuba s’est rendu sur les lieux.

Au Sentier, l’eau est directement pompée dans le lac. Il s’agit, avec celui de L’Abbaye, d’un des deux bassins de 35m3 permettant un ravitaillement immédiat par la route. Un camion des Auto-Transports de la vallée de Joux est sur place. Il va acheminer son contenu sur les alpages environnants. Claude Goy, de Vaulion, fait partie des bénéficiaires de l’opération. Deux camions ont amené 32 000 litres de liquide à sa citerne servant d’abreuvoir à ses vaches allaitantes et à leurs veaux. «J’ai aussi apporté moi-même 12 à 15 000 litres à mes genisses. Contrairement à certains de mes collègues, je n’ai pas besoin d’eau pour laver les installations de traite», précise-t-il. Celui qui est municipal de son village indique que la plupart des agriculteurs, dont le bétail estive sur les alpages, viennent s’alimenter en eau à la borne hydrante communale tous les jours depuis un mois.

Cinq problèmes identifiés

Deux bassins ont été installés de part et d’autre du lac de Joux. © Michel Duperrex

Deux bassins ont été installés de part et d’autre du lac de Joux.

Le dispositif mis en place à l’intention du bétail dans les alpages fait partie du Plan Orca, déployé lors de catastrophes. Dans le cas de la période de sécheresse actuelle, il se décline en cinq axes. Le plan canicule sanitaire, mais aussi des mesures portant sur l’agriculture de plaine (vigne comprise), le risque d’incendies, ainsi que la faune et la flore des rivières et des lacs complètent l’approvisionnement en eau des bovins du Jura vaudois.

Concernant cette dernière action, près de 180 hommes de l’Armée, ainsi que 22 astreints à la Protection civile, qui apportent leur aide sur les différents sites de pompages et gèrent la hotline mise en place pour les agriculteurs (021 316 51 21, réponse aux appels de 7h à 16h) sont engagés. A noter que la collaboration de l’Armée est planifiée sur une durée de 16 jours.

A noter, encore, que les conditions météorologiques ne changent pas pour l’instant et que l’interdiction de faire du feu est, donc, toujours en vigueur pour les privés, sur tout le territoire cantonal, y compris pour les feux d’artifice.

Ludovic Pillonel