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Avec Eliot Dänzer, le Nord vaudois ne quitte pas le sommet
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Avec Eliot Dänzer, le Nord vaudois ne quitte pas le sommet

14 mars 2019
Edition N°2456

Le funambule de Corcelles-sur-Chavornay est devenu champion du monde juniors de snowboard freeride, mardi en Autriche. Il y a une année, le rider d’Arnex-sur-Orbe Dylan Lavenex enlevait la même distinction en ski.

«Par rapport à la France ou aux Etats-Unis, la Suisse encourage très peu le freeride. Alors, j’imagine qu’on a vraiment de bons gênes pour compenser.» Eliot Dänzer n’en revient pas. Déjà, et contre toutes ses attentes, il vient de devenir champion du monde juniors. Mais surtout, le snowboarder l’a fait aux côtés de deux compatriotes: la skieuse valaisanne Marie Bovard, titrée chez les filles, et le skieur aiglon Maxime Chabloz, médaillé d’or chez les garçons. Le plus fou? Il y a douze mois, le rider d’Arnex-sur-Orbe Dylan Lavenex devenait, lui aussi, champion du monde juniors, en ski. De quoi assurément transformer le Nord vaudois en une place forte du freeride mondial.

De haut de ses 16 ans, Eliot Dänzer ne s’est laissé impressionner ni par les conditions, ni par la concurrence, mardi à Kappl, en Autriche. Il raconte son moment de gloire: «Déjà, il avait neigé toute la nuit. On s’est retrouvés avec une poudre tellement profonde qu’on peinait à toucher le fond. Sur la face qui a servi à la compétition, les organisateurs ont dû faire partir des avalanches. Cela a créé des zones de neige très irrégulières.» Une particularité qui, avant même le départ, a placé le freerider qui partage sa vie entre Corcelles-sur-Chavornay et Yverdon-les-Bains sur les rails de la victoire.

Intelligemment, le jeune homme a choisi une ligne un peu plus prudente que la plupart de ses adversaires. «L’idée, c’était de prendre une trajectoire que je pourrais assumer jusqu’en bas, tout en envoyant pas mal. Au sommet, j’étais dans le bon état d’esprit: à la fois relaxé et bien concentré. A tel point que j’en ai même oublié d’enclencher la caméra sur mon casque.» Résultat, une descente quasi parfaite, entachée d’un petit back seat (toucher la neige avec les fesses) comme seule erreur.

La victoire d’un autodidacte

«Une fois en bas, je n’ai pas voulu regarder mon classement. J’espérais déjà être dans le top 7, ce qui n’aurait pas été mauvais.» Et puis, une dame s’est présentée devant lui, l’informant qu’il se trouvait en tête et qu’il ne restait alors plus qu’une poignée de concurrents au sommet. «J’ai dû aller m’asseoir. Je n’y croyais pas. Je ne me considérais même pas parmi les favoris à la base et j’ai gagné devant les douze meilleurs snowboarders juniors du monde. C’est une émotion incroyable, qui est encore renforcée par le fait d’avoir partagé ces moments avec les autres riders suisses devenus champions.»

Ce succès, c’est aussi celui d’un autodidacte, qui s’est formé seul, ou presque. «Nendaz, la station où je ride, vient de créer une structure que je vais rejoindre. Mais jusqu’à présent, j’ai tout appris avec mon père. L’avantage en Suisse, c’est qu’on possède de bons terrains d’entraînement et une vraie culture de la glisse. Du coup, en général, on commence très jeune et directement avec de bonnes méthodes.»

Le succès, les émotions et… les après-ski

Un savoir-faire qui n’empêche pas la poisse et les blessures, dans une discipline réputée à risque. L’an dernier, Eliot Dänzer avait dû faire une croix sur une partie de sa saison, blessé à une clavicule. «Si la victoire de mardi est une sorte de revanche? Je ne vois pas ça comme ça. Je ne suis pas rancunier. J’ai bénéficié de deux belles semaines d’entraînement avant la compétition, dont une durant laquelle le Gymnase d’Yverdon a généreusement accepté de me laisser partir. Alors, j’ai juste essayé d’apprendre de mes erreurs et de ne pas me refaire mal.» Défi relevé.

Ce que le Nord-Vaudois retient de l’expérience autrichienne? Sa 1re place, les émotions liées et… les après-ski. «En Autriche, avec les 60 meilleurs freeriders du monde, ça y va de ce côté-là», sourit-il. Il faut dire qu’Eliot Dänzer a bien mérité de profiter un peu. Mais pas trop: dans dix jours, c’est déjà l’Xtreme de Verbier. Et le jeune homme se verrait bien y monter sur le podium.

 

© Photo: @FJT/@SVOITL