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Avec le départ d’Antoine Paccaud, le sport perd l’un de ses grands promoteurs
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Avec le départ d’Antoine Paccaud, le sport perd l’un de ses grands promoteurs

21 janvier 2021

Dans la politique et la vie de tous les jours, Antoine Paccaud, ancien municipal, a défendu les activités sportives.

«Je perds un compagnon de route, un homme loyal. Nous avons fait un bon bout de chemin ensemble et vécu une époque extraordinaire.» L’hommage rendu par Pierre Duvoisin, ancien syndic d’Yverdon-les-Bains et ancien conseiller d’état, à Antoine Paccaud, montre à quel point son vice-syndic, décédé la semaine dernière à 93 ans, a marqué sa ville par son engagement.

Antoine Paccaud était une personnalité qui a défendu ses convictions par une action constante, indépendamment du contexte. Né à Oulens, dans une famille de condition modeste – ses parents tenaient un restaurant à Romainmôtier, qui a ensuite été repris par sa sœur, désormais seule survivante d’une fratrie qui comprenait encore trois autres garçons –, le défunt a suivi l’école primaire et le collège, puis il est entré juste après la guerre au service exploitation des CFF, effectuant des stages en Suisse alémanique et au Tessin.

En avril 1947, Antoine Paccaud a rejoint les Ateliers CFF d’Yverdon. Il y a gravi tous les échelons en l’espace de 43 ans, terminant sa carrière en qualité de chef de service.

Un militant convaincu

C’est aux Ateliers qu’il a été sensibilisé au syndicalisme. Il faisait partie du noyau de base du Parti socialiste yverdonnois, dont il a été à la fois un animateur et un dirigeant. Il a dévéloppé, durant trente ans, de nombreuses activités dans le cadre politique communal.

Membre de l’organe délibérant, il en a présidé la commission de gestion et celle des finances, avant de faire son entrée dans l’Exécutif de Pierre Duvoisin, où il a siégé durant trois législatures, dont 8 ans comme vice-syndic. C’était la période de la grande majorité de la gauche et de l’ouverture des Bains. Le défunt a d’ailleurs siégé au conseil d’administration du Centre thermal.

Bien évidemment, à la Municipalité, Antoine Paccaud avait le dicastère des sports. Rien de plus naturel pour celui qui avait présidé Yverdon-Sports entre 1974 et 1976, alors que le club militait en première ligue. L’attachement au club ne s’est jamais démenti. Antoine Paccaud est resté un fidèle supporter jusqu’à un âge avancé.

On se souviendra, dans ses nombreuses activités, qu’il avait présidé les cérémonies du cinquantenaire de la Fanfare L’Avenir, qui coincidaient avec la promotion en LNA obtenue le 12 juin 1993 par YS sur le terrain de Breite, à Schaffhouse. Antoine Paccaud avait fait en sorte qu’au retour, la fête puisse avoir lieu sous les tentes montées à la place d’Armes, où le car de l’équipe est arrivé escorté par les motards de la Police municipale que le commissaire André Vulliamy avaient dépêchés au milieu de la nuit sur la route de la Grève! Antoine Paccaud a aussi eu le bonheur de remettre le Prix du Panathlon-Club Yverdon-les-Bains à Bernard Challandes, le mythique entraîneur de cette période glorieuse.

Une autorité du Panathlon

S’il était passionné de football, le défunt avait une approche très large du sport, qu’il concevait déjà comme un élément déterminant pour l’éducation et la santé. Et lorsqu’il s’est agi de créer une section locale du Panathlon, le club-service qui représente et promeut le sport dans sa diversité, Antoine Paccaud n’a pas hésité une seconde.

Membre fondateur du Panathlon Club Yverdon-les-Bains, qu’il a présidé, il a ensuite été sollicité par les panathloniens suisses pour les représenter au niveau international. Il a ainsi siégé au comité directeur du mouvement mondial pendant huit années, dont quante en tant que vice-président international. Dans le cadre de ce mandat, il s’est occupé de la promotion des idéaux panathloniens, contribuant à la création de plusieurs clubs en Europe et en Afrique du Nord.

Son action dans la promotion du fair-play et des comportements éthiques lui a valu plusieurs distinctions. Membre d’honneur de la structure internationale, il a aussi été désigné président d’honneur par le Panathlon Club de sa ville. «Il s’est passionné pour ce Panathlon», note son épouse Monique, qui a été son soleil durant cinquante ans.

Il se prend au jeu

Antoine Paccaud a été un grand dirigeant sportif. Et s’il n’a pas pratiqué le sport de compétition, il s’est pris au jeu de la pétanque au moment de la retraite. Il a ainsi mené à bien le projet d’extension du Boulodrome, présidé la Pétanque yverdonnoise, et contribué à l’organisation de nombreuses compétitions, y compris des championnats de Suisse, ce qui lui a valu une distinction de la Fédération. Mais il aussi pratiqué ce sport, qui exige concentration, adresse et calme, ce qui lui correspondait très bien. Le club lui a manifesté sa reconnaissance en le désignant président d’honneur.

Plus largement, Antoine Paccaud, soit dans le cadre privé ou en tant que municipal, a soutenu les activités des sociétés yverdonnoises, dont un certain nombre l’ont désigné membre honoraire. Son action en faveur de la communauté a été très prolifique. «Les gens lui demandaient s’il pouvait donner un coup de main, et il s’engageait», se souvient son épouse Monique.

Une belle et longue retraite

Marié, père de deux enfants, grand-père de quatre petits-enfants et arrière grand-père à sept reprises, Antoine Paccaud a profité de sa longue retraite pour passer des moments en famille et, surtout, voyager avec son épouse. Il a eu l’occasion de se rendre dans certains pays dans le cadre du Panathlon, mais il a aussi découvert la Chine, l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que certaines îles du Pacifique et la mer Rouge. Il confiait volontiers à ses proches qu’il «avait bien profité des années où sa santé lui avait encore permis de le faire».

Et puis Antoine Paccaud avait aussi son côté épicurien. «Il aimait les bons repas et les bons vins», rappelle son épouse.

Avant que sa santé ne se dégrade, Antoine Paccaud s’est toujours tenu au courant de l’évolution de la ville et du monde, suivant les actualités télévisées, qu’il commentait volontiers, et bien entendu les grands événements sportifs, notamment les rencontres de football. Le défunt aimait aussi partager l’apéritif avec ses amis au Ritrovo tessinois, et passer l’après-midi entre Thièle et Mujon, sur le site du boulodrome.

Les obsèques ont eu lieu lundi dernier, dans l’intimité familiale, en raison des circonstances. Une raison supplémentaire pour rappeler l’extraordinaire action sociale, au sens authentique du terme, développée par Antoine Paccaud en faveur de la communauté yverdonnnoise.

Isidore Raposo