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Avec Marf Vetroff, la relève goûte au football professionnel

23 novembre 2018 | Edition N°2381

Après avoir emmené les juniors B d’Yverdon Sport en finales nationales la saison dernière, l’ancien pro reconverti en entraîneur a repris les juniors A, 2es de leur groupe après le premier tour. Un succès qu’il doit en partie à la rigueur qu’il inculque à ses hommes.

Dans les vestiaires des juniors A d’Yverdon Sport, tous les natels sont éteints. Lorsqu’on veut prendre la parole, c’est pour parler foot, et rien d’autre. Ces règles, ce sont celles érigées par Marc Vetroff. Il faut dire que le respect et la rigueur, l’homme connaît. Marseillais d’origine, il a passé onze ans à l’OM, où il a grandi et franchi les étapes jusqu’aux portes de la première équipe. Et si les blessures ont vite eu raison de sa carrière professionnelle, cet entraîneur reconverti n’a rien oublié du monde dans lequel il a baigné durant une décennie.

Investissement personnel

Ceux qui profitent de son expérience, ce sont les juniors d’Yverdon Sport. «Pour le moment, je suis un emmerdeur à leurs yeux. Mais un jour, je suis sûr que beaucoup réaliseront que ce que je leur ai demandé était nécessaire dans leur développement», lance le Français, établi en Suisse depuis plusieurs années.

Car Marc Vetroff n’a pas peur de l’affirmer, il est un coach exigeant. Ses valeurs ne sont d’ailleurs pas toujours en adéquation avec le monde très amateur du football suisse: «C’est aussi à moi de savoir mettre de l’eau dans mon vin, d’arrondir les angles, souligne le technicien. A chaque début de saison, je soumets à mes joueurs des formulaires à remplir. Cela me permet de savoir quels hommes ils sont, à quelles valeurs ils sont attachés, qu’est-ce qu’ils veulent accomplir dans leur discipline. La plupart possèdent de grands projets concernant le foot. Mais pas tous sont prêts à entendre ce qu’ils doivent réaliser pour y parvenir. Leur faire comprendre ça, les pousser à s’investir personnellement, c’est mon rôle.»

Un rôle que l’ancien joueur du FC Le Mont et de Valmont prend très au sérieux. Séances vidéo, tests d’endurance et de vitesse (avec et sans ballon) en début de saison, programme d’entraînement à réaliser en dehors des trois séances collectives hebdomadaires: rien, ou presque, n’est laissé au hasard.

Une longueur d’avance

«Il y a tellement à faire que nos entraînements débordent souvent sur les deux heures qu’on se fixe. Cela ne plaît pas toujours aux parents, et je comprends. Mais ce qu’on travaille, ce sont des choses nécessaires à l’apprentissage», souligne Marc Vetroff, en sortant ses schémas de remises en jeu qu’il exerce avec ses joueurs. «Qu’est-ce qu’il y a de plus basique qu’une touche? Pas grand-chose… Et pourtant, d’une remise en jeu défensive découle très souvent une situation dangereuse en la défaveur de l’équipe qui a dû la jouer. En répétant ces schémas, on prend une longueur d’avance sur nos adversaires. Cet automne, on n’a pas encaissé un seul but après avoir effectué une touche dans notre camp. On a même fini par en inscrire trois.»

Les chiffres parlent pour celui qui a débuté sa carrière d’entraîneur il y dix-huit mois. La saison dernière, il a emmené les juniors B d’YS aux finales nationales. Cet automne, ses juniors A viennent de boucler le premier tour à la 2e place, avec les meilleures attaque et défense du groupe.

Perspectives avec la «une»

Même si l’écart reste immense entre l’une des meilleures formations juniors du pays et la Promotion League, division dans laquelle évolue l’équipe fanion d’Yverdon Sport, plusieurs éléments sont fréquemment appelés pour s’entraîner avec la «une». A l’image du défenseur central Amel Sulejmanovic. «Amel, c’est une belle histoire, raconte Marc Vetroff. Lors de mon tout premier match en tant qu’entraîneur, je l’avais laissé sur le banc. C’était le seul joueur à ne pas avoir foulé le terrain ce jour-là. Il a failli tout lâcher, mais il a choisi de s’accrocher. Aujourd’hui, c’est un des piliers de mon équipe, et il s’entraîne souvent avec la première. Il a même été appelé pour un match, sans avoir pu répondre favorablement.»

Si dans un futur proche, le public du stade municipal se régale des gestes du nouveau Florian Gudit ou Nehemie Lusuena devant un match de la «une», Marc Vetroff n’y sera probablement pas complètement étranger.

Florian Vaney