Hockey – 2e ligue – Le défenseur slovaque a intégré le staff d’entraîneurs du HC Yverdon durant l’été, après seize années en France, rejoignant ses anciens coéquipiers Jiri Rambousek et Matus Luciak.
La nuit tombe sur Yverdon. Il est un peu plus de 17h. Entre chien et loup, Milan Tekel est déjà à la patinoire. Il a fini le travail, il en commence un autre, sur la glace. Comme son compatriote Matus Luciak, arrivé une année plus tôt, le Slovaque entraîne à temps partiel les jeunes hockeyeurs du HCY, sous la houlette du Tchèque Jiri Rambousek. Le trio tchéco-slovaque s’est connu en France, à Gap, il est à nouveau réuni dans le Nord vaudois.
Défenseur à l’œil de faucon, ancien joueur des Rapaces de Gap, Milan Tekel est le plus âgé des trois et, aussi, le premier d’entre eux à avoir rejoint l’Hexagone. Il a fait ses classes de hockeyeur et de footballeur à Liptovsky Mikulas -une ville de 30 000 habitants environ-, avant de devoir choisir, à 15 ans, entre les deux sports. Il a opté pour la rondelle, plus populaire dans sa région. «Mais si j’avais su avant qu’au foot on gagne beaucoup plus, j’aurais changé d’avis», lance-t-il, pince-sans-rire, sous sa tignasse châtain claire.
Doué, il a intégré la première équipe jeune mais, après une année perdue à cause d’une blessure à un genou, il a bénéficié de peu de temps de glace en Extraliga. Alors, en l’an 2000, il a choisi de quitter son pays pour la France et le club de Dijon, où évoluaient déjà deux de ses compatriotes. Les prémices d’une carrière essentiellement passée en Ligue Magnus, la plus haute division, durant quatorze saisons, sous les couleurs des clubs de Dijon, Briançon et Gap. Mordu, Milan Tekel a joué jusqu’à 39 ans, avant de passer derrière la bande, en 2014, auprès des jeunes briançonnais. «Je me suis vite acclimaté au pays. Et on a peu déménagé, car c’était mieux pour ma famille. Si ma femme a préféré Dijon, car c’est une grande ville, j’ai pour ma part beaucoup aimé Gap. Les montagnes, ça me convient bien», souligne, dans un très bon français, cet amateur de peau de phoque.
Joueur, entraîneur et travailleur
Marié tôt et père de trois filles, il a la particularité d’avoir toujours travaillé à mi-temps à côté du hockey. «J’étais un des rares joueurs de Ligue Magnus dans ce cas. C’était non seulement plus avantageux financièrement, mais cela me permettait aussi de préparer l’avenir», affirme celui qui s’est retrouvé électricien, responsable de patinoire et vendeur-magasinier.
Cumuler les fonctions ne constitue pas une nouveauté pour lui. Désormais, il partage sa vie entre son emploi chez un maraîcher de la région et ses fonctions au HC Yverdon. De quoi faire des journées marathon. «En Suisse, ça travaille beaucoup plus qu’en France, glisse le Pontissalien de 41 ans, tout sourire. Bon, certainement qu’avant on m’économisait un peu, vu que j’étais joueur. A présent, je rentre plus fatigué. C’est peut-être aussi l’âge…»
Jiri Rambousek et lui se sont revus en mai dernier, lors du tournoi des petits champions de Gap. Ils ont discuté de tout et de rien. En fin de contrat, Milan Tekel souhaitait tenter une expérience en Suisse, le HC Yverdon cherchait un entraîneur. Les choses se sont faites durant l’été. Depuis, Milan Tekel est en charge des novices et des juniors pour cette saison au moins. Même s’il rentre à Pontarlier vers 23h et profite moins de sa plus jeune fille de 9 ans -les deux grandes font des études respectivement aux Etats-Unis et à Marseille-, il est se sent bien dans son nouveau rôle de coach. «J’ai encore beaucoup à apprendre», ajoute celui qui entrevoit son avenir au bord des patinoires.
Le hockey suisse, Milan Tekel le découvre cette année. D’abord en tant que coach des jeunes, puis spectateur aussi : hier soir, les entraîneurs du HCY se rendaient à la capitale pour assister au match de Champions League entre Berne et le Sparta Prague. Enfin, en tant que joueur de la première équipe du club de la Cité thermale. La pluie de blessures dans l’arrière-garde yverdonnoise le contraint à régulièrement chausser les patins, avec le calme et la sobriété qui le caractérisent. «Je dépanne en défense. Mais sans entraînement, c’est compliqué, même en 2e ligue, reconnaît-il, un peu modeste pour le coup. Il y a un tas de choses que je ne peux plus faire et c’est parfois frustrant. Mais je prends toujours du plaisir à jouer.»
Demain, pour la réception de la «deux» de Franches- Montagnes (début du match à 20h45), le Slovaque devrait une fois de plus être sur la glace, faisant profiter ses jeunes coéquipiers de sa longue expérience. «Les gars souhaitent monter. On en a les capacités», tranche Milan Tekel, motivé à apporter sa pierre à l’édifice.