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Bastian Fleury a été le premier à découvrir l’ampleur de la catastrophe

23 décembre 2020

Un glissement de terrain monumental a eu lieu dans une zone inhabitée de la province de la Colombie-Britannique. Un pilote d’hélicoptère originaire de Corcelles-sur-Chavornay a documenté cette catastrophe naturelle sans précédent dans le grand nord canadien.

Depuis plus d’une semaine, Bastian Fleury, pilote d’hélicoptère établi sur l’île de Vancouver et originaire de Corcelles-sur-Chavornay, a réussi à braquer les projecteurs des médias nord-américains sur la Colombie-Britannique. Il a été le premier à survoler une zone dévastée par un glissement de terrain exceptionnel. Ses images tournées depuis son téléphone et mises en ligne sur les réseaux sociaux ont été vues des millions de fois et ont eu un retentissement incroyable. Du jour au lendemain, Bastian Fleury a été assailli d’innombrables demandes médiatiques et scientifiques.

«En octobre, Campbell River où je vis, et toute la région d’ailleurs, a connu de très grosses chutes de pluie, ce qui a alourdi et fragilisé le manteau neigeux de certaines montagnes. Début décembre, les gens de la région ont commencé à voir arriver du bois dans certains fjords, puis dans l’océan, et ont soupçonné que quelque chose avait eu lieu sans vraiment savoir quoi», raconte celui qui était encore banquier à Yverdon il y a quelques années.

Bastian Fleury s’est donc aventuré avec son hélicoptère et son smartphone dans la zone suspectée à environ 220 km au nord-est de Vancouver.

Il a découvert une vallée et une immense région recouverte uniquement de forêts totalement dévastées. «Heureusement, aucun employé de l’entreprise forestière qui a la concession du terrain ne se trouvait sur place, car l’industrie du bois s’arrête au début de l’automne, explique le trentenaire. Par contre, la catastrophe naturelle a totalement détruit les infrastructures construites par l’exploitant depuis des années, notamment des routes et des ponts, et les pertes se montent en millions de dollars.»

Pendant quelques jours, personne n’a vraiment su ce qui était à l’origine de ce glissement de terrain et quand il avait eu lieu.

«Après avoir publié les vidéos sur internet, j’ai commencé à recevoir des appels de plusieurs géologues d’universités nord-américaines qui me demandaient de leur décrire ce que j’avais vu, raconte Bastian Fleury. Depuis leur bureau, ils ont mené une enquête approfondie pour comprendre cet événement. Ils ont notamment vu que la terre avait tremblé le 28 novembre au matin d’un niveau équivalent à un séisme de magnitude 4.9.»

En croisant des images satellites et des données sismologiques, les scientifiques ont pu donner une estimation de la catastrophe. Elle est proche du surnaturel: un glissement de terrain d’une longueur de 15 km et une vague de tsunami composée de boue et de glace d’une hauteur de 80 à 100 m!

Bastian Fleury et des collègues ont profité d’une fenêtre météo clémente de six heures pour retourner dans la zone quelques jours plus tard afin de trouver le point de départ du glissement de terrain.

«Un des scientifiques a qui j’ai parlé m’a indiqué des coordonnées GPS en me disant d’aller voir là-bas… et c’était exactement à l’endroit indiqué que nous avons pu voir le pan de montagne qui s’était décroché. Nous avons pu tourner plusieurs vidéos que j’ai mis à la disposition de la communauté scientifique », détaille-t-il.

Le nom de Bastian Fleury, son visage et son anglais teinté d’un léger accent nord-vaudois se sont donc retrouvés dans la plupart des grands médias canadiens. Pourquoi lui en particulier, mis à part qu’il était le premier sur les lieux? «En Colombie-Britannique, l’exploitation forestière est un petit milieu où les enjeux économiques sont très importants. Les gens sont réticents à se montrer en public et c’est un peu pour ça qu’on a préféré mettre un petit Suisse en avant», avance-t-il avec un petit rire dans la voix.

Numa Francillon