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Bientôt dans la cour des tout grands
Alan Roura vit un conte de fées grâce à l’entreprise de Champagne La Fabrique. © Michel Duvoisin

Bientôt dans la cour des tout grands

7 mars 2018 | Edition N°2201

Alan Roura était de passage à Champagne cette semaine, alors que son bateau «La Fabrique» se trouve en plein chantier. L’occasion de faire le point avec le skipper genevois.

«Une fois le mal de mer passé, l’expérience a été très enrichissante. Délaisser son confort quotidien pour vivre à trois dans une toute petite embarcation, c’est loin d’être évident.» Voilà les mots de Marc-André Cornu, le grand patron de l’entreprise de Champagne La Fabrique, partenaire no 1 d’Alan Roura, après avoir passé cinq jours sur l’eau avec le navigateur genevois. «Je crois que tout le monde rêverait de travailler avec une entreprise comme celle-ci. Ce périple aux Açores avec le boss, c’est la preuve que ces gens ne sont pas seulement là pour me soutenir financièrement, mais qu’on vit une réelle aventure ensemble. Le patron qui laisse son sort entre vos mains dans un tel environnement pendant si longtemps, c’est un signe fort», jubile avec un respect certain le skipper.

L’homme, qui vient de fêter ses 25 ans, passe deux petits jours dans son pays natal. L’occasion de faire la tournée des médias, de rencontrer quelques sponsors et de retrouver ses parents qu’il ne voit d’ailleurs «presque plus».

«Le bateau est à poil»

Il faut dire qu’Alan Roura est plutôt bien occupé depuis son retour de la Transat Jacques Vabre, fin novembre. Son bateau, IMOCA «La Fabrique», a été mis en chantier il y a un mois, et la course contre la montre a déjà débuté. «Pour l’heure, il est à poil, lâche celui qui s’est installé à Lorient, à côté du port où est abrité son monocoque. Le but est de le rendre le plus léger possible. Alors, on gratte partout où on peut gratter. On a déjà gagné 300 kilos. Maintenant, il va falloir commencer à le remonter, sans dépasser les 8,4 tonnes qu’il pesait initialement.»

Le gros du travail consiste à greffer des foils à l’embarcation, ce qui l’alourdira de 150 kilos. «Ça, c’est un chantier dans le chantier. Par chance, c’est un groupe indépendant qui s’en occupe, on n’a pas à s’en soucier, note le marin, qui dispose d’une équipe de sept personnes à ses côtés. Une fois cette étape franchie, on disposera vraiment d’un bateau de nouvelle génération.»

Cyril Cornu (à dr.), responsable de La Fabrique, entend étendre les produits fabriqués par l'entreprise de Champagne à la grande distribution. © Michel Duvoisin

Cyril Cornu (à dr.), responsable de La Fabrique, entend étendre les produits fabriqués par l’entreprise de Champagne à la grande distribution. © Michel Duvoisin

Dans cette optique, la participation à la dernière Transat Jacques Vabre s’est avérée décisive. «Au moment d’entamer toutes les modifications, je savais exactement ce que je voulais. Et le gros plus, c’est que mon équipe a effectué le voyage retour depuis le Brésil. Ce qui nous a permis de confronter nos points de vue en fonction de notre ressenti.»

La Route du Rhum à fond

La mise à l’eau, elle, est prévue pour fin mai-début juin. «Deux choix s’offraient à nous. Soit on optait pour un gros chantier début 2018, avec l’avantage d’avoir deux années et demie d’expérience au moment d’entamer le Vendée Globe 2020, notre objectif absolu. Soit on l’effectuait l’année prochaine à la même époque, avec l’avantage de bénéficier des dernières nouveautés, mais sans être certains d’avoir tous nos repères en novembre 2020. Sans hésiter, on a préféré la première option.»

Une alternative qui permet à Alan Roura de se rendre à la Route du Rhum, la prochaine grosse compétition à son programme, qui débutera le 4 novembre, sur l’embarcation qui l’accompagnera jusqu’au Vendée Globe 2020. «Si je vois cette course comme un entraînement? Ah non! Ce sera à fond d’un bout à l’autre. L’objectif, c’est de finir dans les dix premiers. Un top 5 ne me semble pas inatteignable et constituerait un résultat fantastique. Au-delà des dix, par contre, je risque de tirer la gueule.» La discipline se prêtant aisément aux surprises et autres exploits, il ne faudra pas perdre «La Fabrique» des yeux dans les mois à venir.

Alan Roura en compagnie du grand patron de La Fabrique Marc-André Cornu, avec qui il a passé cinq jours en mer. © Michel Duvoisin

Alan Roura en compagnie du grand patron de La Fabrique Marc-André Cornu, avec qui il a passé cinq jours en mer. © Michel Duvoisin

Créer et étendre la marque La Fabrique

Cyril Cornu, responsable de La Fabrique, ne cache pas que, financièrement, l’aventure dans laquelle s’est lancée l’entreprise de Champagne n’est pas des plus rentables. «Si on voulait vraiment gagner de l’argent, on n’aurait pas choisi la voile. A vrai dire, on en tire assez peu d’avantages. Malgré tout, cela nous apporte une visibilité non négligeable. Le problème, c’est que les gens associent le nom La Fabrique au bateau, et pas au groupe qui se cache derrière. C’est pour cette raison qu’on va créer notre propre marque et étendre nos produits à la grande distribution.»

 

Sport et gestes sûrs

«Sur un bateau comme La Fabrique, le mât se trouve à plus de trente mètres de haut, il y a des manœuvres à effectuer, une voile qu’il faut parfois changer… Tout cela demande d’être en forme physiquement, sinon, on ne tient pas la longueur d’une grande compétition.» La mise en chantier de son embarcation pendant plus de quatre mois ne signifie pas qu’Alan Roura peut se la couler douce en attendant que celle-ci flotte à nouveau. «Surtout que les skippers de la nouvelle génération, tout droit sortis de l’université, arrivent en force et commencent à tout gagner. Physiquement, comme dans tous les domaines, ils sont très à cheval. Pour ma part, en plus de continuer à naviguer dès qu’une occasion se présente, j’effectue six heures de sport par semaine. Principalement du renforcement musculaire. Ça permet aussi de mieux résister aux chocs lorsqu’on se trouve sur l’eau. J’apprends également à réaliser les bons gestes lorsqu’il s’agit de porter un objet d’un certain poids. Histoire d’éviter d’avoir mal partout après seulement trois jours de compétition.»

 

Un fan’s club à son nom a vu le jour

Tant Cyril Cornu qu’Alan Roura ne le cachent pas: régater avec les meilleurs bateaux du globe sur un plan financier demeure pour l’heure mission impossible.  «On est très loin d’avoir la moitié des moyens des plus grosses structures», glisse le responsable de La Fabrique. Pour complémenter son budget en vue des trois prochaines saisons, le groupe a donc décidé de lancer un fan’s club pour soutenir son navigateur. «Le but est surtout d’engendrer un engouement autour de notre projet, explique Alan Roura. Depuis le début de notre partenariat, beaucoup de gens nous ont fait part de leur envie de nous aider. C’est l’occasion de leur permettre de prendre part à l’aventure à nos côtés.» L’adhésion au fan’s club est possible dès 150 francs par année. Diverses contreparties sont proposées, dont une participation automatique au tirage au sort pour gagner une navigation sur La Fabrique pour quatre à Lorient.

Florian Vaney