Budget ponctué d’inconnues
12 novembre 2024 | Textes et photo: I. Ro.Edition N°3829
Le déficit de 10,18 millions devrait être sensiblement inférieur lors du décompte final.
Accompagné du chef du Service des finances Fabrice Weber, le syndic Pierre Dessemontet a présenté hier le budget 2025 de la Ville. Il prévoit un déficit de 10,18 millions de francs sur quelque 308,35 millions de charges. Les autorités espèrent qu’au final, et à l’instar de ce qui s’est produit ces dernières années, ce découvert sera sensiblement réduit.
La préparation d’un budget est toujours un exercice délicat et la démarche des prévisions 2025 s’est inscrite dans un nouveau processus de travail, les services de l’administration ayant désormais la liberté de choix de création de postes, mais dans le cadre d’une enveloppe budgétaire. «Les services discutent et choisissent eux-mêmes», a expliqué le syndic.
Le nombre de postes devrait ainsi augmenter de 30,75 ETP (équivalent temps plein). La Ville a passé le cap des 1000 employés se répartissant actuellement près de 569 postes de travail (ETP).
La nouvelle péréquation
Au changement de méthode s’ajoute l’entrée en vigueur, en janvier, de la nouvelle péréquation vaudoise. La Ville d’Yverdon-les-Bains devrait s’en tirer gagnante, mais moins que les autorités ne l’auraient espéré (+625 000 francs). En effet, la prévision de la facture de la cohésion sociale est passée de 747 à 821 millions de francs pour les communes, soit 2,6 millions de plus pour la capitale du Nord vaudois. «C’est une très mauvaise surprise pour la Ville», commente Pierre Dessemontet.
Cela dit, au titre de la péréquation, Yverdon-les-Bains touche 47 millions de francs, et en verse 28,63 millions pour la cohésion sociale et 900 000 francs pour la facture policière. Le solde est donc largement positif.
Il faut toutefois prendre tous ces chiffres avec prudence. Ce n’est en effet qu’au terme de la première année complète de la nouvelle péréquation que ces prévisions pourront être confirmées.
Un autre point favorable, la réduction de l’inflation. Elle se répercute dans de nombreux domaines, tant pour la population que pour les entreprises et les particuliers.
Baisse des énergies
La bonne nouvelle pour le consommateur, accessoirement contribuable, réside dans la baisse du prix des énergies: moins 14,8% ou 5,77 centimes le KWh pour l’électricité, et moins 10,4% ou 1,5 ct le KWh pour le gaz.
Ces baisses, conséquence de la réduction du prix d’approvisionnement, se traduisent aussi par une diminution des recettes – quelque 11 millions – dans les comptes du Service des énergies (SEY).
30 500 habitants
L’augmentation du nombre des habitants est favorable à la Ville. La Municipalité table dans son budget sur 30 500 habitants à la fin de l’année prochaine.
Du point de vue de la fiscalité, la situation s’améliore. La valeur du point d’impôt est passés de 24 francs à plus de 26 francs. L’impôt des frontaliers est aussi en hausse.
Quant à l’impôt foncier, augmenté de 50% depuis l’exercice en cours, il a produit un supplément de recettes de 2,2 millions de francs. La hausse des taxations apporte 500 000 francs.
«On a une marge d’autofinancement que d’autres nous envient», déclare Pierre Dessemontet. Et d’ajouter: «Il y a des signes d’espoir. C’est pour cela que je porte une cravate verte.»
Charges et recettes accrues
Le budget prévoit d’accorder un soutien accru à la dynamisation du centre-ville, au tissu associatif – notamment 40 000 francs supplémentaires pour Le Castrum –, ainsi qu’une hausse de subvention pour le Musée d’Yverdon et région.
L’indexation des salaires par un rattrapage de 0,8%, et les effets d’échelle, ainsi que la hausse importante des coûts des transports publics urbains (+21,5%) vont peser sur les comptes. Les prévisions tiennent aussi compte du transfert de l’encadrement et de l’administration des restaurants scolaires à la Fondation Petitmaître.
Au chapitre des revenus, les recettes d’amendes et radars devraient progresser d’un million de francs, alors que les redevances pour l’utilisation de places de stationnement devraient rapporter 70 000 francs supplémentaires.
L’augmentation des émoluments de la police des constructions, la facturation de l’épuration à l’AIERG (région Grandson) et celle des prestations en faveur de la Fondation yverdonnoise du logement doivent garnir l’escarcelle communale. La vente de terrains du parc technologique devrait générer 3,2 millions de revenus extraordinaires. Le budget prévoit enfin quelque 23,5 millions de francs d’amortissements.
Faire concorder intentions et réalité
Entre le plan des investissements et la réalité, c’est souvent le grand écart. Pour 2025, il est prévu de dépenser quelque 35 millions de francs à ce titre, dont 11 pour la recapitalisation du parc éolien du Mollendruz (ENM S.A.), et d’Y-CAD S.A. (chauffage à distance).
Le Service des énergies, avec le renouvellement des réseaux et le renforcement de la ligne électrique Pierre-de-Savoie, afin d’alimenter Y-Parc, pèse lourd.
Mais de manière générale, il y a de grandes différences entre le plan d’investissements et la réalité. Une situation que le syndic et le chef du Service des finances Fabrice Weber veulent changer, dans la perspective de l’évolution des exigences législatives. En effet, l’obligation de préparer un budget d’investissements pointe à l’horizon.
Pierre Dessemontet parle d’une «refonte profonde». Il faut prendre en compte les possibilités financières de la Ville d’une part, mais aussi ses capacités effectives à assumer la concrétisation d’un projet. «Elle ne peut le faire que si elle travaille en entreprise totale», explique-t-il en évoquant le collège des Rives. Il faut songer à concilier tous les impératifs. «Et prioriser les projets en rapport avec les futures réformes légales», précise Fabrice Weber.