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Bullet sous haute tension
Sur ce photomontage pris depuis la Tour d’observation du Bullet, on peut observer 7 des 15 éoliennes du parc de la Grandsonnaz. Ennova-.A

Bullet sous haute tension

19 septembre 2024 | Texte: Jérôme Christen
Edition N°3791

Partisans et opposants à l’éolien auront dimanche les yeux rivés sur Bullet où le corps électoral doit se déterminer sur le parc de la Grandsonnaz.

Quatre communes portent ce projet initié en 2007 soit Bullet, Fiez, Fontaines sur Grandson et Mauborget.
Leurs organes délibérants ont tous accepté le projet.
Seule la population de Bullet doit se rendre aux urnes en raison de la volonté exprimée par le Conseil communal  de soumettre la décision au référendum, compte tenu du vote serré à 15 voix contre 14.

Les quinze éoliennes pourraient produire 90 mio de kWh par année permettant d’assurer l’approvisionnement de 80 000 personnes. Cette production représente 15% de l’objectif éolien du Plan climat vaudois. Le projet a été développé par la société Ennova, bureau d’ingénieurs spécialisé dans l’éolien et filiale des Services industriels de Genève (SIG).  Il est soutenu par toutes les Municipalités de Bullet depuis son lancement. Elles  y voient à la fois un avantage financier (revenus entre 132 000 et 200 000 francs par an) et une contribution à la statégie énergétique validée par le peuple suisse.

Deux visions diamétralement opposées s’affrontent. Certains Bullatons dérangés par l’emprise du projet qui doit accueillir sur leur commune 5 des 15 éoliennes projetées.

Trop lourd sacrifice

Maxime Sorel, porte-parole des opposants, y voit «une atteinte au paysage constituant un trop lourd sacrifice
pour un cadre naturel qui n’a pas de prix».
Pour lui, la transition énergétique doit passer «par une plus grande sobriété, un changement du paradigme sociétal avec un frein à la consommation plutôt que par des sources d’approvisionnement qui se juxtaposent et ne contribuent pas à la réduction de l’empreinte carbone».

De l’éolien pour l’hiver

De son côté, Christian Bernet, porte-parole des SIG, estime qu’il faut impérativement travailler aux deux pour pouvoir sortir de notre dépendance aux énergies fossiles: «Cela fait partie d’un paquet indissociable qui résulte de l’estimation des besoins évalués dans le cadre de la stratégie énergétique. Nous ne pouvons pas non plus y opposer un développement plus important du solaire. Ces deux sources sont complémentaires, nous avons besoin de l’éolien en hiver.»

Ce scrutin ne sera toutefois pas le dernier obstacle à la réalisation de ce parc éolien très attendu et qui constitue un pan non négligeable de la politique énergétique du canton.

Dernier obstacle

A la mi-août, un recours a été déposé contre l’autorisation cantonale. Il émane de quatre ONG: BirdLife Suisse, la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage, Helvetia Nostra et Pro Natura Vaud.

Elles dénoncent un dossier «particulièrement lacunaire qui ne peut pas définir les mesures de préservation de la nature adéquate et ne respecte pas les dispositions légales». Le recours est désormais examiné par la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal.

Pour Christian Bernet, «il est difficile de prétendre que le projet ne respecte par les dispositions légales puisqu’il a été validé par le Conseil d’Etat après un minutieux examen. Et les mesures de compensations en faveur de l’environnement sont extrêmement poussées.»

Réalisable sans Bullet

Qu’adviendra-t-il si Bullet  dit non au projet? «Si les autorités des communes voisines veulent poursuivre, je ne vois pas ce qui s’y opposerait. Le projet est rentable avec dix éoliennes», affirme le porte-parole des SIG. Or les syndics des trois autres communes sont clairs: ils ont écrit une lettre aux Bullatons pour leur faire savoir  qu’ils poursuivraient le processus sans eux s’ils votent non.