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Ce break qui n’en finit pas
Yvan Perrier. © Michel Duperrex

Ce break qui n’en finit pas

14 janvier 2021

Le Centre sportif de Valeyres-sous-Montagny a déjà annulé seize tournois durant l’hiver, et ce n’est peut-être pas fini. Le point avec le patron, Yvan Perrier.

 

Les temps sont durs pour les sportifs. Les amateurs de tennis sont, une fois encore, privés de leur activité, de leur exercice, de leur passion. Et ce même si, en fond de court, ils se trouvent à 23,77 mètres de leur partenaire de jeu…

Au Centre sportif de Valeyres-sous-Montagny, les tournois s’enchaînent habituellement durant tout l’hiver, quasi au rythme d’un événement par week-end. C’est l’une des marques de fabrique du lieu. Il y en a pour les jeunes, les moins jeunes, et ceux qui sont encore moins jeunes. Le paradis des compétiteurs, des accros à l’adrénaline des matches qui comptent. Depuis le mois d’octobre, pourtant, la halle n’a pu accueillir qu’un seul tournoi, le premier au programme. «Tous les autres ont été annulés en raison des restrictions liées au Covid, au fur et à mesure des annonces», regrette Yvan Perrier, propriétaire du Centre sportif.

Les tournois officiels sont tombés à l’eau, comme ceux plus décontractés, disputés dans la période de Noël: le rendez-vous des enfants et celui de doubles, fort apprécié des habitués du lieu pour son atmosphère de fête. En tout et pour tout, cela fait seize dates qui sont passées à la trappe, y compris trois tournois prévus en février et qui se sont ajoutés à la liste des annulations depuis les annonces fédérales d’hier après-midi.

Pourra-t-il encore y avoir des tournois cet hiver? Trois restent au programme au mois de mars. La situation est délicate, mais Yvan Perrier se tient prêt au cas où l’horizon viendrait à se dégager: «Dès qu’on a le feu vert, on ouvre.»

Au final, avec des courts uniquement accessibles aux enfants de moins de 16 ans, bien du monde reste sur le carreau en ce moment. Mais il y a encore de l’activité au sein du Centre sportif de Valeyres. «Quelque 200 jeunes suivent les cours collectifs, ce qui permet de maintenir les emplois des professeurs de tennis, se réjouit le patron, lui-même entraîneur. Et il est toujours possible de donner des leçons privées à ces enfants.»

Comme partout, il faut jongler avec les mesures, qui changent régulièrement. Un pas en avant, deux en arrière, et ainsi de suite. Par exemple, courant décembre, les adultes ont pu réinvestir les courts durant quelques semaines, avant d’en être de nouveau exclus, alors que le restaurant et les vestiaires sont demeurés fermés. Dans ces conditions, la flexibilité est de rigueur. «On obéit, on suit les règles, accepte Yvan Perrier avec sagesse. Même si on a l’impression qu’on pourrait jouer au tennis en toute sécurité, simplement en faisant un peu attention.»

Ce ne sont en tout cas pas les distances qui sont compliquées à maintenir sur un court de tennis. Et au Centre sportif, le secrétariat est toujours ouvert, ce qui permet aux employés de garder un œil sur les joueurs. «Les clients se disent surpris de ne pas pouvoir venir jouer, et je pense que cela ferait du bien à tout le monde de pouvoir faire du sport.»

Ce d’autant plus que, comme Yvan Perrier a pu le vérifier durant l’été, la demande est forte en cette période de pandémie. Les gens ont besoin de bouger, de se défouler. «Ils sont moins partis en vacances et la fréquentation a été meilleure qu’habituellement, notamment en juillet et août.»

L’annulation des tournois, les heures de location des terrains perdues, ainsi que le report des assemblées et réunions dans la salle polyvalente du centre ont un coût. «On a de la chance que les plus jeunes puissent encore venir», constate le propriétaire qui, en tant qu’indépendant, a droit aux APG.

Tandis que les plus jeunes tapent pour l’heure toujours dans la balle, les grands enfants devront, eux, encore patienter avant de ressortir les raquettes des étuis, en espérant que les mesurent finissent par se détendre. Ah ça, il va y avoir du travail pour les cordeurs.

 

Des jeunes compétiteurs lésés

 

Les mordus de tennis du TC Chamblon ont accès à la salle de sport de l’école. Un lieu où, en fin d’année notamment, Patrick Thomet (photo) distille ses précieux conseils à une ribambelle de joueurs. Entre octobre et novembre derniers, durant environ six semaines, seuls les moins de 16 ans ont pu jouer. «On compte 120 juniors au club, dont près de quarante qui ont plus de 16 ans. Ça correspondait à huit heures de leçon par semaine qui tombaient, relève l’entraîneur du TCC. C’est clair que la fermeture des salles de sport pose des problèmes, et notamment pour les compétiteurs de 16, 17 ou 18 ans. En 2020, ils ont très peu pu jouer.»

Comme la salle est occupée par d’autres en janvier et février, les cours juniors du TC Chamblon sont traditionnellement en pause. Ils reprennent habituellement en mars. Patrick Thomet parvient tout de même à donner des leçons privées en ce moment. Mais là aussi, les restrictions de nouveau en vigueur font mal. «Avec tous les adultes et les jeunes de plus de 16 ans, la moitié de mes cours tombent», regrette-t-il.

Au final, la situation est non seulement dommageable pour les pratiquants, mais également pour les moniteurs. Et pourtant, ce n’est pas la qualité qui manque dans la région. À Chamblon, par exemple, tant Fabrice Sbarro que Patrick Thomet viennent d’obtenir leur brevet d’entraîneur A. «En Suisse, en 2020, on n’est que quatre à l’avoir passé, relève le second nommé. C’est quelque chose d’assez exceptionnel pour un petit club comme Chamblon de pouvoir compter sur deux coaches aussi qualifiés. C’est certainement, même, du jamais vu.»

Manuel Gremion