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«Ce n’est pas une route, c’est un gouffre»

29 octobre 2012

Les opposants à l’initiative pour une route de contournement à Yverdon-les-Bains estiment le coût de celle-ci à 80 millions de francs, soit près de quatre fois le montant avancé par les initiants. Gauche et associations sont unies.

Vassilis Venizelos (Verts), co-président du comité d’opposants à l’initiative, a invité la presse à un tour en vélo le long de l’avenue Kiener, suivi par les riverains qui ne veulent pas de la route.

«Ce n’est pas une route de contournement, c’est une hausse d’impôts!» Les opposants à l’initiative lancée par le PLR ont choisi leur slogan, déclinable à l’infini sur le thème de «Ce n’est pas une route, c’est…», libre au public de choisir une suite! Le principal argument des opposants? Le coût de cette route, lequel diffère largement de celui avancé par les initiants (voir ci-dessous). Pour eux, il s’agit d’un montant de huitante millions au total, une somme inacceptable, équivalant à un bulletin de versement de plus de 7000 francs pour une famille yverdonnoise.

«Soit la droite se rend responsable d’un déficit financier, soit il y aura une hausse d’impôts, que nous évaluons à 2%», gronde Vassilis Venizelos (Verts), co-président du comité avec Aline Gygax (PS). Cesla Amarelle (PS) dénonce quant à elle un «infarctus financier». Si la droite est unie pour la création de cette route de contournement, la gauche l’est également. Outre le PS et les Verts, le parti Solidarité&Ecologie affiche en effet son soutien, tout comme l’ATE et ProVelo, ainsi que l’Association Isles/Valentin-sud, inquiète à l’idée de voir la route passer sous les fenêtres des habitants.

Vassilis Venizelos a ainsi tenu à «marquer le coup» de manière symbolique, en effectuant une partie du tronçon à vélo, histoire de souligner le «projet trompeur» du PLR.

« Inefficace et coûteux »

Les opposants estiment en effet que ce projet ne désengorgera pas le centre-ville, ou trop peu en regard de l’investissement à effectuer, comme l’explique Cesla Amarelle: «Je vais intervenir au niveau national, auprès de Doris Leuthard, pour la question d’Yverdon-Sud, car là se trouve le noeud routier qui perturbe la circulation. Des projets sont déjà en route à ce niveau-là. La route de contournement est un projet inefficace et coûteux.» En clair, les problèmes de circulation, si problèmes il y a, pourront être résolus dans le cadre du projet d’agglomération AggloY, lequel garde la préférence des partis de gauche, tous unis pour contre l’initiative PLR.

Le peuple yverdonnois aura le dernier mot le 25 novembre prochain.

 

Des habitants rejoignent les élus et les associations dans leur combat

Valérie Schwaar (Association Transports et environnement, députée, PS)

«La construction de cette route mettrait en danger le projet d’agglomération AggloY. Soit la route, soit AggloY, mais pas les deux! Ce projet a un coût démesuré pour une efficacité qui reste à démontrer, et il s’agit d’un projet incohérent. La dépense serait énorme et plusieurs projets plus utiles ne pourraient pas voir le jour si cette route était construite.»

Hélène Grand (Solidarité & Ecologie)

«Que veut-on choisir? Un développement harmonieux de notre ville ou veut-on mettre celle-ci en péril? Ce projet ne va améliorer en rien le désengorgement du trafic. Vu le tarif très abordable des places de parc et leur nombre, on peut dire que l’automobiliste est déjà super-favorisé à Yverdon. Privilégions une mobilité diversifiée, et favorisons les transports publics.»

Cesla Amarelle (conseillère nationale, PS)

«Il s’agit essentiellement d’une question financière! Les initiants annoncent un coût de 22 millions de francs, alors qu’en réalité, la route coûtera au bas mot 50 millions, plus le coût des sept à huit pénétrantes, soit 30 millions supplémentaires. Ce ne sont pas des chiffres sortant de nulle part, ils sont tirés du préavis municipal concernant la route des Isles. Celui-ci indique que 6 millions de francs sont nécessaires pour consruire 600 mètres de route. 5 kilomètres égalent donc bien 50 millions. Si l’on prend des villes similaires à Yverdon, comme Bulle ou Berthoud, les dépassements ont été manifestes, le coût total des travaux a été sous-évalué. Il en va de même ici.»

André Bonzon (Association Isles/Valentin-Sud)

«Le seul vrai bouchon à faire sauter, c’est celui d’Yverdon-Sud! Faisons déjà quelque chose là-bas! Une nouvelle route, mais pourquoi? Plus il y a de routes, plus il y a de trafic. Dans la zone où les initiants projettent de construire cette route, il y a beaucoup d’écoles. Cette route va porter préjudice à tous les riverains, puisqu’il y aura un report de la circulation inévitable sur nos quartiers.»