«Ce retour du loup est magique»
14 janvier 2014L’apparition du prédateur la semaine passée dans le Nord vaudois suscite l’engouement, notamment du photographe Thierry Grobet, passionné de l’animal.

L’Yverdonnois Thierry Grobet, qui a passé deux ans à photographier les loups en Ethiopie, se réjouit de monter à la vallée de Joux pour tenter d’immortaliser le prédateur.
Thierry Grobet a le loup dans la peau. Et pas seulement parce qu’à l’âge de 18 ans, il s’est fait tatoué la tête de l’animal sur le bras droit lors d’un voyage au Canada. Le photographe de 40 ans est un passionné qui est allé à la rencontre du prédateur que ce soit en Amérique du Nord, en Europe de l’Est ou en Ethiopie. Un dernier pays où l’Yverdonnois a vécu deux ans, entre 2011 et 2013, à travailler sur le loup d’Abyssinie.
C’est donc peu dire que Thierry Grobet est enthousiasmé par l’apparition d’un loup dans le Nord vaudois (La Région des 7 et 8 janvier). «C’est magique !, lance-t-il. J’ai fait de nombreux voyages pour voir le loup. Et voici qu’il arrive chez moi.» Le photographe s’étonne de ce retour jusqu’en plaine : «C’est complètement fou que sur un territoire aussi petit et dense, un prédateur aussi gros revienne et essaie de faire sa place.» Il reste cependant conscient des problèmes de cohabitation qui pourraient surgir entre l’animal et l’homme.
Le loup passé par le Nord vaudois n’a-t-il pas attaqué deux élevages de moutons, à Suchy et Corcellessur- Chavornay ? «Je comprends tout à fait la colère de ces éleveurs, elle est légitime, souligne Thierry Grobet. Par contre, je ne supporte pas cette peur irrationnelle et si profondément ancrée véhiculée par le loup. Même si je remarque que le capital de sympathie de l’animal est en hausse, dans la région, en particulier grâce au travail de sensibilisation d’un endroit comme le Juraparc.»
Fondateur de l’association Nyala Productions, spécialisée dans les projets de conservation des animaux en Suisse et à l’étranger, Thierry Grobet a repris des études pour devenir ingénieur de la nature. Son rôle futur sera de trouver des solutions pour faire cohabiter la population avec la nature et, surtout, le plus sauvage de ses représentants.
Une nature incontrôlable
Conseillère communale écologiste à Yverdon-les-Bains, Carmen Tanner se félicite également de l’arrivée du prédateur dans le Nord vaudois. «C’est très fort, souligne-t-elle. C’est le symbole d’une nature par essence incontrôlable, qu’on laisse revenir dans nos contrées. C’est aussi la preuve que, dans nos pays, des espaces restent suffisamment sauvages et accueillants pour de telles espèces.» La Verte ajoute néanmoins que ses sentiments étaient contrastés, lorsqu’elle a lu les articles sur l’apparition de l’animal dans sa région.
Auteur, en 2006, à l’Université de Lausanne, d’un travail de diplôme sur les controverse liées au retour du loup, Carmen Tanner est consciente des problèmes que pourrait poser un retour du prédateur en plaine : «Les gens ne sont pas préparés, les troupeaux ne sont pas protégés.» Même si, pour elle, le loup devrait provoquer moins de tensions dans l’Arc jurassien que dans les Alpes, où il représente une menace pour une économie pastorale déjà menacée et sous pression. L’écologiste reste «très surprise» de ce loup, animal normalement des plus sauvages, qui s’approche des villages. Elle attend également la suite, avec impatience : «Etait-ce juste le passage d’un loup isolé ou le début d’un véritable retour ?»