Logo

«Ces contrôles ne vont rien changer»

17 novembre 2015

Vallorbe – Suite aux attentats de Paris, les contrôles aux frontières se sont intensifiés, notamment au poste de douane du Creux, où les frontaliers oscillent entre colère et fatalisme. Ambiance.

Conséquence des mesures de sécurité prises ce week-end par le président François Hollande, les douaniers français contrôlaient, hier, en fin d’après-midi, l’identité de tous les automobilistes, qui franchissaient la douane du Creux, à Vallorbe. © Simon Gabioud

Conséquence des mesures de sécurité prises ce week-end par le président François Hollande, les douaniers français contrôlaient, hier, en fin d’après-midi, l’identité de tous les automobilistes, qui franchissaient la douane du Creux, à Vallorbe.

Visages crispés, sourcils froncés, gilets pare-balles et armes à portée de main. Ils sont huit. Quatre douaniers et autant de policiers. Le ton est donné. A la douane du Creux, à Vallorbe, du côté français de la frontière, on ne lésine pas sur les moyens. Les contrôles d’identité sont systématiques. Sous un drapeau tricolore en berne, certaines voitures ne s’arrêtent qu’une poignée de secondes, d’autres sont immobilisées plus longtemps et fouillées. Tantôt une camionnette conduite par un jeune homme, tantôt une voiture de tourisme appartenant à un couple de retraités. La sélection paraît aléatoire. Elle n’en est pas moins implacable.

Il n’est pas encore 17 heures, ce lundi, que, déjà, des centaines de voitures aux plaques françaises sont à l’arrêt sur plusieurs kilomètres, en direction d’Orbe. Le rétablissement des contrôles aux frontières, annoncé dans la nuit de vendredi à samedi, immédiatement après les attentats, par le président François Hollande, a, ce premier jour de la semaine, des conséquences importantes.

Double de temps

Ainsi, hier après-midi, les frontaliers, contraints d’emprunter la douane au quotidien, oscillent entre frustration et compréhension. «Ce matin (ndlr. hier matin), me rendre au travail en Suisse m’a pris plus du double du temps habituel, déplorait Véronique Karlen, qui rentrait chez elle, en France voisine. Ce type de contrôle intempestif et systématique m’agace. Cela ne va ni changer ni empêcher quoi que ce soit. C’est du temps perdu!»

«Son mal en patience»

Autre automobiliste, autre son de cloche: «Il est évident que l’accroissement des contrôles augmente considérablement le temps d’attente, soulignait Marc Morin lui aussi ressortissant français. En revanche, prétendre que cela est utopique d’un point de vue sécuritaire, est faux. On a été prévenu, alors on prend son mal en patience et on fait avec.»

Si les automobilistes s’avèrent loquaces quant aux conséquences de l’accroissement des contrôles frontaliers, du côté du corps des garde-frontières, les langues peinent à se délier. La tension est palpable. «Pour des raisons de sécurité et de confidentialité, nous avons reçu l’ordre de ne pas communiquer avec la presse», lâchent les douaniers. Pour l’heure, impossible donc de spéculer sur la durée de ces contrôles douaniers renforcés, qui pourraient encore durer de nombreux jours. Aux frontaliers de prendre leur mal en patience.

Simon Gabioud