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Ces Suisses en quête de reconnaissance

30 mai 2016 | Edition N°1752

Yverdon-les-Bains – Les Yéniches organisent un festival visant à faire connaître leurs racines helvétiques à la population. Une idée bienvenue pour la conseillère d’Etat Béatrice Métraux.

Albert Barras et Béatrice Métraux; un travail d’équipe, vers un but commun. © Simon Gabioud

Albert Barras et Béatrice Métraux; un travail d’équipe, vers un but commun.

Une année jour pour jour après le barouf médiatique consécutif à l’occupation sauvage du Parc des Rives par les Yéniches, la communauté nomade suisse est de retour dans la Cité thermale, jusqu’à jeudi. Une première étape d’un tour de «sensibilisation» visant à promouvoir leur mode de vie méconnu et trop souvent stigmatisé. Une initiative saluée et soutenue par les autorités municipales yverdonnoises, l’Office fédéral de la culture et le Conseil d’Etat vaudois, en la personne de Béatrice Metraux.

«Il faut absolument que les gens arrêtent de faire l’amalgame entre les Yéniches -une minorité nationale- et les Roms, ces gens du voyage étrangers», lâche Albert Barras, porte-parole de la communauté, au moment de commenter les raisons de la tenue d’un tel événement. Une croyance erronée qui, à en croire l’intéressé, dessert la cause yéniche: «Nous sommes indirectement victimes des dégâts et de la merde que les Roms laissent derrière eux, renchérit le Fribourgeois. Nos enfants sont scolarisés, nous travaillons, payons des impôts et l’AVS, comme tout le monde. Nous sommes Suisses et aimerions être reconnus comme tels.»

«Un rôle d’intermédiaire»

Si le festival culturel reste une initiative à l’intention du grand public, il vise, aussi, les politiques. Ainsi, le Conseil d’Etat vaudois, représenté par Béatrice Métraux, a longuement débattu avec les Yéniches quant à leur besoin de reconnaissance: «De par mon parcours, je suis très sensible aux difficultés des minorités. Je sais qu’il faut en faire dix fois plus pour parvenir à ses fins.» Compréhensive et attentive aux besoins et à la cause yéniche, la cheffe du Département des institutions et de la sécurité a rappelé que patience était mère de toutes les vertus. «Des discussions sont en cours avec les autorités locales, mais en raison de l’autonomie communale, le Canton ne peut pas imposer la mise à disposition de terrains sur le territoire des communes. Il ne peut jouer qu’un rôle d’intermédiaire. Le département fait le maximum», conclut, Béatrice Métraux.

La Suisse romande, mauvaise élève

Présent dans nombre d’objets politiques, le röstigraben prend aussi tout son sens lorsqu’il s’agit de mettre à disposition des terrains d’accueil pour les Yéniches. Si la Suisse allemande compte une quinzaine de places fixes, de ce côté de la Sarine il n’y en a pas. Bien que des projets d’aménagements soient en discussion dans deux communes vaudoises, les mentalités peinent à évoluer et les autorités municipales restent difficiles à convaincre. «Une question de temps», tempère Béatrice Métraux.

Simon Gabioud