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«C’est ça que je veux faire!»
Nina Lingsch. © Michel Duperrex

«C’est ça que je veux faire!»

24 mai 2021 | Edition N°2957

Sport automobile Nina Lingsch sera la première Suissesse de l’histoire à participer au Championnat de France de drift, cette année. La pilote d’Yvonand s’est éprise de la discipline grâce à son ami. La voilà déterminée à faire connaître son sport et en donner une bonne image.

Nina Lingsch, comment se retrouve-t-on à pratiquer le drift?
C’est mon ami, Steve Rinsoz, qui m’a initiée. Lui en fait depuis douze ans, lors de démonstrations. Il y a quatre ans, j’ai essayé sa voiture de drift, et lorsque je suis sortie, j’ai dit qu’il m’en fallait une.

Le sport automobile, c’est quelque chose que vous connaissiez avant cela?
J’ai toujours baigné dans le milieu des voitures. Petite, à Genève, mon voisin avait un garage, et j’y traînais toujours. Ensuite, j’ai fait du slalom automobile pendant presque dix ans. J’ai même créé une écurie pour sensibiliser les jeunes. Finalement, je me suis mise au drift il y a deux ans et, depuis, j’ai participé à de nombreuses démonstrations.

Et à présent, vous vous lancez dans la compétition…
Je me suis prise au jeu. Je suis allée voir une épreuve à Bordeaux et, une fois revenue, j’ai ameuté mes amis en leur disant: «C’est ça que je veux faire!»

 

«En faisant un peu connaître le drift, j’aimerais montrer que ce n’est pas un sport de délinquants.»

 

C’est votre crise de la quarantaine?
Il y en a plusieurs qui me le disent, oui (rires)! Disons que je suis dans l’âge où j’ose faire les choses, peu importe ce qu’en pensent les autres.

Mais n’est-ce pas tard pour s’y mettre?
Non, il n’y a pas d’âge. Sur le circuit, il y a de tout, des jeunes et d’autres bien plus âgés que moi.

Et votre fille, qu’en pense-t-elle?
Elle n’est pas forcément passionnée des voitures, mais elle me soutient à fond, elle me pousse même. C’est génial!

 

«Je suis dans l’âge où j’ose faire les choses, peu importe ce qu’en pensent les autres.»

 

Vous serez la première Suissesse en Championnat de France. Comment cela se fait-il?
La compétition est assez récente. Elle existe depuis une dizaine d’années, et il n’y a pas beaucoup de femmes. Cette année, on devrait être cinq Suisses en tout à prendre part au championnat.

Vous prendrez le volant avec quelles ambitions?
Je me lance pour le plaisir. Le drift est mal vu, car il est souvent associé à ceux qui font ça sur la route ou dans les champs. C’est dommage. Il s’agit d’une discipline à part entière, sur circuit, avec des règles. Et, en faisant un peu connaître le drift, j’aimerais montrer que ce n’est pas un sport de délinquants.

La deuxième tentative a été la bonne
C’est au volant d’une BMW E36 Compact que Nina Lingsch prendra part au Championnat de France, cette année. La Tapa-Sabllia table sur un budget de 15 000 francs, sans compter la voiture, pour sa saison. Son bolide noir et vert fluo a été préparé spécialement pour la discipline, notamment allégé au maximum, tandis que les angles de braquage ont été augmentés pour seoir aux standards du drift de compétition. Last but not least, le design a été conçu avec soin… parce que c’est classe!
Afin de s’entraîner, celle qui pratique aussi le wakeboard doit se rendre sur les circuits des pays alentour, en France ou en Italie, par exemple. Les restrictions sanitaires n’ont pas facilité les choses, et les derniers tests sur circuit ont été réalisés en décembre dernier.
La première manche du Championnat de France aurait dû avoir lieu début mai. Elle a été annulée. La compétition commencera, si tout va bien, courant juin, à Croix-en-Ternois. Quatre étapes sont au programme. «Il faut être sélectionnée pour pouvoir participer au championnat, explique Nina Lingsch, qui roule pour le Team VWF. J’avais tenté ma chance l’an dernier, sans être prise. Cette fois, c’est le cas.» La voilà pionnière.

De la glisse et du style
Le drift est un sport mécanique unique en son genre. Contrairement aux courses automobiles traditionnelles, il ne faut pas seulement se battre contre le chronomètre ou arriver avant les autres concurrents en roulant plus vite. En anglais, drift signifie dérapage, dérive. En compétition, il s’agit d’enchaîner des virages tout en glisse sur de l’asphalte, en combinant des résultats mesurables et une forme d’esthétisme, à l’image du patinage artistique. «C’est une discipline artistique, entre le rallye et le circuit», résume Steve Rinsoz, patron du garage R Slide, à Yvonand, et ami de Nina Lingsch.
Show très apprécié du public, la spécialité propose des duels entre pilotes avec élimination directe. Sur le fil du rasoir, les concurrents doivent combiner au mieux vitesse, angle de dérapage et précision des trajectoires.
Lors des compétitions, les juges sont assistés par un dispositif de télémétrie, et ils attribuent des notes aux pilotes selon les critères suivants: la vitesse, l’angle de dérapage, la ligne et le style de pilotage. Il s’agit donc d’être rapide, précis, fort en glisse et de faire un max de fumée: car oui, il faut avoir du style.

Manuel Gremion