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«Cette fois, c’était pacifique!»
Estelle Hardier, l’une des quatre restauratrices à l’origine du mouvement Afterworkless, donne ses consignes au reste du groupe.

«Cette fois, c’était pacifique!»

14 janvier 2021

Vingt-cinq patrons d’établissements yverdonnois ont «marché sur Berne» hier matin. Tout s’est déroulé dans le calme, avant dispersion par la police.

Ils sont 46 et, sur ce nombre, plus de la moitié est montée dans le train pour Berne, hier matin à 8h06 à la gare d’Yverdon-les-Bains. Les cafetiers-restaurateurs de la ville avaient en effet décidé de montrer aux autorités fédérales qu’ils existaient, sans violence.

Toutes les générations étaient représentées, avec parmi les «historiques» le couple Manuela et Michel Collaud (La Plage), Hervé Renel (Le Ranch) ou Sylvie Lemaire (Le Starmania). Parmi la «relève», David Bariffi (La Galette Gourmande) et Vladimir Vuletic (Le Bistrot) avaient eux aussi fait le déplacement, n’hésitant pas à chiffrer précisément le montant du désastre, ni à s’insurger contre les incohérences du système. «On ne demande pas quelque chose d’incroyable quand même! On veut tout simplement pouvoir survivre, c’est tout. à l’heure où on parle, je tiens jusqu’à fin février, après ça, c’est le dépôt de bilan», glisse le patron de La Galette Gourmande, qui avait réalisé un panneau indiquant avec une précision extrême ses charges pour chaque mois.

Sous l’impulsion des quatre restauratrices du mouvement Afterworkless, la petite troupe est arrivée peu après 9h devant le Palais fédéral, avant de s’en faire chasser à 10h37 très exactement, lorsque les forces de police ont commencé à se faire pressantes. «Vous avez exactement dix minutes pour partir, avant qu’on vous disperse», ont dit les policiers bernois à David Bariffi, qui s’était avancé pour recueillir des informations et qui a été le seul des 25 restaurateurs présents à avoir les honneurs d’une prise d’identité complète par les forces de l’ordre. Alors, partir ou rester? Le débat a duré quelques secondes, mais a vite été tranché: retour à la gare.

«On ne va pas rester et chercher la confrontation, ce serait ridicule. Tout ça pour quoi? Récolter une amende que l’on ne pourra pas payer, vu qu’on n’a plus un franc?», a notamment dit Barbara Rao (L’Impro), soutenue par sa consœur Estelle Hardier. «On rentre. Cette fois, c’était pacifique! Mais la prochaine fois, si aucune mesure d’aide ne nous parvient, cela le sera peut-être moins», a déclaré la tenancière de La Promenade, très marquée par la situation.

Le groupe est arrivé à Yverdon peu avant 13h, avec un sentiment ambivalent. D’un côté, celui de ne pas avoir été entendu suffisamment. Et de l’autre, celui d’avoir pu, quand même, montrer qu’ils existaient et qu’ils formaient un mouvement uni.

 

Les employés de la Ville feront les livraisons

 

Peu avant d’arriver à la gare d’Yverdon, un communiqué de la Ville tombait: certains employés communaux, qui ont moins de travail ces temps à cause de la crise (dans les secteurs du sport et de la culture notamment) seront mis gratuitement à disposition des restaurateurs pour effectuer des livraisons les jeudis, vendredis et samedis soir. «Et pour que ce soit rentable, il faut une taille critique. Alors, on a décidé de subventionner les repas pour ceux qui désirent profiter de ce système, sans limitation», a expliqué le syndic Jean-Daniel Carrard. Yverdon va ainsi prendre à sa charge 10 francs sur chaque repas commandé via ce système. Le restaurateur touchera 100% du montant et verra son repas acheminé gratuitement à son client. Cette opération, baptisée «assiettes solidaires», est ouverte jusqu’au 27  février.

Rédaction