Orbe – A la suite des récentes accusations dirigées contre les Etablissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe (EPO), la conseillère d’Etat Béatrice Métraux a annoncé, hier, qu’une enquête administrative était ouverte à l’encontre du directeur du site, Olivier Rogivue. Sans attendre les conclusions de cette procédure, plusieurs mesures ont déjà été prises.
Près de trois mois après la révolte de 63 détenus du pénitencier des Etablissements de la plaine de l’Orbe (EPO), ainsi que de huit anciens collaborateurs de la prison, concernant la gestion des sites urbigènes, la conseillère d’Etat Béatrice Métraux (Les Verts) a fait un point sur la situation, hier (lire ci-dessous). Pour rappel, les plaignants ont invoqué trois types de griefs : un manque de communication entre la hiérarchie, l’installation d’une caméra de surveillance dans un parloir de la prison et des sanctions disciplinaires arbitraires. «Il faut préciser que ces sanctions ont été prises parce que les détenus refusaient de rentrer dans leur cellule après les matches de football, qui ont, parfois, dû être écourtés ou diminués par manque de ballons», a expliqué Béatrice Métraux.
Démarches entreprises
La conseillère d’Etat a précisé que plusieurs mesures ont immédiatement été prises. «Nous avons supprimé la caméra dans le parloir, car elle avait été installée par l’ancien directeur des EPO pour garantir la sécurité de ses agents. Mais, comme il y a un bouton d’urgence, en fait, elle n’était pas nécessaire, précise celle qui a tout de même consulté l’Ordre des avocats vaudois avant de prendre cette mesure. Concernant les sanctions disciplinaires, nous avons expliqué à chaque détenus que c’était tout à fait normal.»
En revanche, le Gouvernement a jugé nécessaire de creuser la question du «manque de communication», mais la conseillère d’Etat n’a pas voulu donner de détails à ce sujet. Car une enquête administrative a été ouverte à l’encontre du directeur des EPO, Olivier Rogivue (en médaillon), dont les détenus demandaient le renvoi. «Nous voulons voir si il n’y a pas d’autres erreurs au-delà du manque de communication, confie Béatrice Métraux. En attendant d’en savoir davantage, le directeur a été libéré aujourd’hui (ndlr : hier) de ses obligations, mais reste en fonction.» Ce sont ses deux adjoints qui assurent l’intérim.
Pour l’heure, le Conseil d’Etat reste prudent et préfère ne pas dévoiler plus de détails tant que l’enquête administrative n’est pas terminée.
Rappel des faits de cet été
23.08.2017 : 63 détenus adressent un courrier à la présidente du Grand Conseil, Sylvie Podio, et à Béatrice Métraux, puis au SPEN, dénonçant des problèmes des gestion aux EPO et demandant le renvoi du directeur. Des analyses ont été effectuées concernant les griefs.
Dès le 12.09.2017 : intervention des commissions des visiteurs de prison et de gestion.
19.09.2017 : réponse de Béatrice Métraux à chaque détenu.
19.09.2017 : d’anciens collaborateurs des EPO dénoncent, à leur tour, des dysfonctionnements.
Dès le 21.09.2017 : visite des EPO par les commissions des visiteurs de prison et de gestion.
03.10.2017 : l’UDC demande une Commission d’enquête parlementaire sur les pénitenciers du canton.
30.11.2017 : le Gouvernement propose de rejeter la requête de l’UDC et annonce que le directeur des EPO est «libéré de ses obligations» et qu’une enquête administrative est en cours contre ce dernier.
Un «non» à la commission d’enquête parlementaire
En octobre dernier, le parti UDC, soutenu par le PLR, a demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la gestion du Service pénitentiaire (SPEN) du canton. Le Conseil d’Etat avait jusqu’à hier pour se prononcer sur cette demande et pour remettre son rapport au Grand Conseil. Représenté par la cheffe du DIS, Béatrice Métraux, et par le chancelier Vincent Grandjean, le Gouvernement a proposé de rejeter la requête de l’UDC. «Que ce soit au sujet des éléments déclencheurs de cet été ou concernant la situation globale des établissements pénitentiaires, il n’y a aucun problème qui ne peut être réglé par les moyens ordinaires, a expliqué Vincent Grandjean. C’est un instrument extraordinaire qui permet d’établir des faits et des responsabilités, mais il ne doit être utilisé que pour des circonstances de grande portée. Ce qui n’est pas le cas ici.» Béatrice Métraux a souligné le fait qu’«un grand travail a été engagé ces six dernières années par le SPEN» et que le monde carcéral était complexe. Pourtant, selon le Conseil d’Etat, «le service a su prendre les mesures nécessaires et les mettre en place correctement.» Le bureau du Grand Conseil doit également rendre un rapport, d’ici à la fin de l’année normale ment. Un vote sur l’institution d’une CEP devrait se tenir en janvier prochain.