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«Christelle Luisier m’a demandé comment gérer la notoriété!»
© Michel Duperrex

«Christelle Luisier m’a demandé comment gérer la notoriété!»

1 mars 2023

Sébastien Guex a fait le buzz avec son discours d’avant-finales et la beauté du « fote » des talus. Huit mois plus tard, l’entraîneur du FC Rances, Briscarisé pour sa performance, en rigole encore.

Ce matin de juin, Sébastien Guex, cadre à La Poste, prend son café tranquillement à 9h. « Après la pause, je reviens à mon ordinateur et je me vois partout ! Sincèrement, ça fait bizarre de se voir dans le 20 minutes ! », rigole-t-il huit mois plus tard, alors qu’il ne se passe pas un jour, ou presque, sans qu’on lui parle encore de son « buzz des finales » .

« J’ai même dû faire des selfies ! », s’étonne-t-il encore aujourd’hui, alors que cette notoriété lui est tombée dessus sans qu’il ne demande rien. « C’était pour quelque chose de positif, de léger, donc c’était sympa. Mais j’ai ressenti très vite le côté incontrôlable de l’affaire et je n’ai pas pu m’empêcher de me mettre un instant à la place de ceux qui sont mis en lumière pour quelque chose de négatif et qui ne peuvent rien faire… »

Ce « buzz » a donc été provoqué par la présence d’une caméra de La Télé dans le vestiaire du FC Rances à quelques jours des finales de promotion de 4e en 3e ligue. « Pour être sincère, j’avais complètement oublié le journaliste. J’ai parlé aux gars comme je le fais avant chaque match, avec le cœur. Je n’avais rien préparé du tout, je leur ai simplement demandé de rester concentrés sur le football le temps des finales. J’entendais parler de tir à la corde, de lutte, dans le cadre des fêtes de jeunesse et je voulais qu’ils pensent au foot. »

Au foot, ou pour être plus précis au « fote » , comme le prononce Sébastien Guex, un
mot qui a été repris dans toute la Suisse romande et même beaucoup plus loin durant plusieurs jours. « Oh oui, c’est parti bien au-delà des frontières ! »

Au-delà de l’accent du coach, les dizaines de milliers de personnes à avoir v u l’extrait ont été happées par son discours et notamment le désormais mythique passage : «Je pense fote, je dors fote, je vis fote, je mange fote. Je ne sors pas le samedi soir ! Je parle de fote à ma copine, tout l’temps. Elle doit vous dire : « J’en ai rien à foutre de ton fote. J’en ai marre, pense à moi. » Non ! C’est fote, à coin les gars. »

Le buzz n’a cependant pas été immédiat puisque la diffusion du reportage sur le plateau de L a Télé le dimanche soir a certes provoqué quelques rires, mais le déferlement médiatique est arrivé cinq jours plus tard lorsqu’un célèbre utilisateur lyonnais de Twitter, Hugo Hélin, a repéré la vidéo et l’a relayée à ses milliers d’abonnés. De là, l’extrait est devenu viral. « Mon cousin Roland Guex, qui travaille à La Télé , m’a dit que j’étais en train de devenir célèbre. Je n’ai pas Twitter, donc je n’ai pas réagi plus que cela. Et puis le Blick m’a appelé. » Ont suivi Watson, 20 minutes, Le Matin, 24 heures et tous les autres. « Ce qui est bien, c’est que je n’ai eu que des réactions positives. J’ai bien fait rire les gens ! »

Parmi les moments plaisants à se remémorer, l’Abbaye des Laboureurs de Rances figure en bonne place. « Marc Bichsel et Patrick Simonin avaient fait imprimer des t-shirts avec ce que j’avais dit aux joueurs. Quand je suis arrivé, tout le monde en portait un, c’était incroyable. Et puis, bien sûr, il y a la rencontre avec Adolf Ogi et Christelle Luisier… »

La Payernoise n’a d’ailleurs pas pu s’empêcher de le taquiner. « Elle m’a dit que j’étais devenu incontournable et elle m’a demandé comment faire pour gérer la notoriété, alors qu’elle allait devenir présidente du Conseil d’Etat quelques jours plus tard ! » Autant de souvenirs marquants rendus possibles grâce à la présence d’une caméra dans le vestiaire.

 

«J’ai eu deux ou trois propositions, mais sans plus»

 

Sa nouvelle notoriété a-t-elle eu des effets concrets sur sa réputation en tant qu’entraîneur ? « Non, pas vraiment. Je n’ai pas eu d’appel pour entraîner un club lausannois en tout cas » , rigole Sébastien Guex, qui a tout de même été sollicité ces derniers mois. « Oui, j’ai eu deux ou trois propositions de clubs de la région, mais sans plus » , explique-t-il avec franchise, lui qui ne se voit pas bouger sans une réelle motivation de Rances, où il entraîne la première équipe depuis huit ans. « Cela ne m’intéresse pas du tout d’aller entraîner en 2e ligue, par exemple, juste pour être à ce niveau. Ce qui pourrait me plaire, si d’aventure je venais à quitter Rances, ce serait de rejoindre un projet qui me plaise, avec des valeurs qui me correspondent et où le feeling soit bon avec le président. Je suis très bien à Rances et je n’ai aucune intention de partir pour l’instant » , enchaîne l’entraîneur du néo-promu, qui a un grand défi à relever ce printemps, à savoir obtenir le maintien en 3e ligue. « Nous avons démarré notre préparation le 11 janvier, donc nous avons deux bons mois de travail, avec un groupe qui a envie et qui est resté très stable. La bonne nouvelle est le retour de notre attaquant bulgare Veselin Georgiev, qui revient de Grandson. » La mauvaise est la blessure de Dylan Porchet, le très bon défenseur central, en cours de premier tour.

Tim Guillemin