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Cinq bulles d’énergie aux couleurs des JOJ 2020

8 novembre 2018 | Edition N°2370

Yverdon-les-Bains  –  Grâce à la directrice du Parc scientifique et technologique, qui a décelé le potentiel de la start-up 4 πR2, et au soutien de la Ville, un projet d’envergure internationale pourrait bien voir le jour dans la région à l’occasion des prochains Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ).

Une application, ou une carte, permettra d’accéder aux bulles d’énergie, au prix de 1,5 franc par demi-heure. Et le modèle de 4 πR2 prévoit un remboursement en points de fidélité aux clients et un partage des bénéfices avec les Communes. © 4πR2

Une application, ou une carte, permettra d’accéder aux bulles d’énergie, au prix de 1,5 franc par demi-heure. Et le modèle de 4 πR2 prévoit un remboursement en points de fidélité aux clients et un partage des bénéfices avec les Communes. © 4πR2

Après le nuage d’Expo.02, voici les bulles d’énergie. Tels des champignons, cinq sphères devraient pousser aux quatre coins de la ville d’Yverdon-les-Bains, au mois de novembre 2019, avant d’essaimer dans toute la Suisse romande et même en France, voire peut-être à travers le monde. Vues de l’extérieur, il s’agit de bulles, fabriquées dans un matériau similaire à une vitre sans tain, qui font miroiter une expérience futuriste. De l’intérieur, ces cocons ressemblent davantage à une petite salle de fitness ultramoderne dans laquelle le public peut véritablement se dépenser. L’idée de la Municipalité, qui demande 180 000 francs au Conseil communal pour mener à bien ce projet, est de façonner cinq univers déclinés aux couleurs des anneaux des Jeux olympiques de la jeunesse 2020 (JOJ) pour l’occasion.

Du ski de fond au curling en passant par le bobsleigh: la population pourra tester, en vrai ou via une expérience en réalité augmentée, toutes les disciplines olympiques à l’intérieur de ces demi-globes avant le début des JOJ 2020. Et même durant les jeux, puisque le concept devrait être exporté sur les différents sites qui accueilleront les épreuves sportives, à savoir Lausanne, les Alpes vaudoises, la vallée de Joux, Prémanon (F), Saint-Moritz (GR) et Champéry (VS). «On a appris qu’il n’y aura pas d’activité pour les JOJ dans la région, on avait donc deux possibilités: bougonner dans notre coin ou amener quelque chose de complémentaire. C’est ce qu’on a choisi de faire», confie le syndic Jean-Daniel Carrard.

Un projet fédérateur

L’édile s’est donc entouré de sept communes nord-vaudoises pour faire rayonner cette manifestation au-delà de la ville-centre: «On voulait monter un projet qui fédère toute la région et c’est le cas.» Le syndic espère ainsi que tout le district profitera de l’aura de cet évènement international et qu’il bénéficiera de quelques retombées économiques et touristiques.

Pour booster cet avant-goût des JOJ 2020, la Municipalité a également ajouté 40 000 francs à son projet de budget 2019 pour organiser des manifestations autour de ces bulles. Elle prévoit notamment de mettre sur pied des ateliers inclusifs avec les écoles de la Cité thermale et les jeunes en situation de handicap. Mais il faudra, pour cela, que le Conseil communal valide le préavis.

Conçu à Yverdon-les-Bains

Concrètement, les 180 000 francs sollicités par la Commune permettraient de concevoir le prototype d’une bulle d’énergie et de lancer une levée de fonds, afin d’obtenir l’argent nécessaire pour produire les quatre autres sphères. Celles-ci seront conçues par la start-up 4 πR2, qui est d’ores et déjà installée à Y-Parc. «J’ai tout de suite vu l’opportunité exceptionnelle que cela représenterait d’avoir une telle start-up chez nous», confie Juliana Pantet, directrice du Parc scientifique et technologique. C’est elle qui a su convaincre les deux Français qui portent le projet de s’installer dans l’incubateur Y-Start, en mai dernier. «Aux USA, on baverait sur un tel projet mais en Europe, on a trop peur d’investir dans un prototype. Je crois que c’est ce qu’il s’est passé pour eux à Paris», poursuit-elle.

Laure Desestres et Grégory Vincent. © Michel Duperrex

A Yverdon-les-Bains, on n’a pas peur de se mouiller: «Oui, on prend un risque, admet Jean-Daniel Carrard. Mais si la Ville veut développer l’innovation et faire venir des start-up novatrices et qu’elle ne soutient pas un tel projet alors qu’il se développe chez elle, personne n’osera le faire. Parfois, il faut montrer l’exemple.» Le risque est toutefois mesuré puisque le Canton et l’Europe, ainsi que d’autres investisseurs, se disent intéressés à subventionner le projet dès la sortie du prototype.

Ce d’autant que la start-up 4 πR2 a utilisé le réseau de l’incubateur yverdonnois pour créer des partenariats avec des entreprises locales. Comme avec la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud, qui les aide à relever de nombreux défis technologiques.

«J’ai eu un immense coup de cœur pour ce projet, car il est novateur et il correspond totalement à la vision d’Yverdon-les-Bains de se positionner comme capitale internationale de la santé durable, confie la cheffe du Service des sports, Ophélia Dysli-Jeanneret. En plus, c’est l’opportunité de fabriquer, chez nous, quelque chose d’intérêt national, voire international.» 

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Sphère connectée

Les bulles d’énergie de 4 πR2 sont de petits bijoux de technologie qui visent deux objectifs: démocratiser la pratique du sport et sensibiliser le public à l’écologie.

«Les espaces naturels sont de plus en plus éloignés des centres urbains qui sont, eux, de plus en plus densifiés. Et les gens ne se rendent pas compte que lorsqu’ils courent au centre-ville, par exemple, cela peut être plus néfaste que bénéfique en raison de la pollution de l’air, constate Grégory Vincent, qui relève toutefois que ceci vaut principalement pour les métropoles. On a donc réfléchi à rapprocher le sport des citoyens et à l’intégrer dans leur quotidien de façon pratique et plus saine.» Pour cela, les deux startupers ont imaginé remplacer le mobilier urbain classique par une bulle dotée de multiples technologies. Certaines sont prévues pour filtrer l’air, d’autres pour offrir un coaching personnalisé aux clients ou encore pour sécuriser la sphère au moyen d’une application sur smartphone.

Selon les entrepreneurs, tout le monde y gagne: «Les bulles d’énergie représentent une nouvelle source de financement pour les collectivités publiques, récompensent l’activité régulière des sportifs par des points écosportifs et ouvrent de nouvelles opportunités pour toutes les entreprises, fédérations et évènements», assure la cofondatrice Laure Desestres.

«On regarde pour mettre en place des cartes pour ceux qui n’ont pas de smartphone, relève encore Grégory Vincent, en précisant qu’il y aura même des bulles spécifiques pour les seniors, les juniors et le handisport.

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Pédaler pour se chauffer

Un autre objectif visé par les bulles d’énergie, c’est l’énergie justement. «Le but, c’est que chacune d’entre elles soit complètement autonome», assure Grégory Vincent, de 4 πR2. Il y aura donc des panneaux solaires, des batteries spéciales et plusieurs machines qui, lorsqu’elles seront utilisées, produiront de l’électricité. «La HEIG-VD est même en train de réfléchir à un moyen pour récupérer la chaleur des corps produite lors des efforts physiques pour climatiser l’espace avec de l’air chaud ou froid», révèle le startuper basé à Yverdon-les-Bains.

Christelle Maillard