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«Compromis idéal» au Creux du Van

21 novembre 2017 | Edition N°2128

Jura vaudois – Les Cantons de Vaud et de Neuchâtel ont mis à l’enquête publique, vendredi dernier, un plan commun de préservation du Haut Plateau du Creux du Van. Un projet qui vise à concilier l’environnement, le tourisme et l’agriculture.

Le Creux du Van est reconnu d’importance nationale. ©Roland Gerth

Le Creux du Van est reconnu d’importance nationale.

«Ce projet ne se veut pas l’idéal absolu pour la nature ni pour les secteurs agricole et touristique, c’est un compromis idéal.» C’est en ces termes que Franco Ciardo, biologiste à la Direction générale de l’environnement (DGE) du Canton de Vaud, évoque la mise à l’enquête publique du plan de préservation du Haut Plateau du Creux du Van. Publié vendredi dernier, le projet cherche à «assurer à long terme une meilleure protection des valeurs naturelles et paysagères de ce site d’importance nationale, sans pour autant le mettre sous cloche», d’après Franco Ciardo.

Chaque été, environ 20 000 touristes viennent bénéficier des paysages du Creux du Van, situé à la frontière entre les Cantons de Vaud et de Neuchâtel. Un afflux de visiteurs qu’il faut canaliser pour ne pas détruire ce site rocheux. Les randonneurs et les VTT sont particulièrement concernés. Un seul chemin sera réservé aux deux-roues et certains sentiers près de la falaise seront fermés.

 

Mesures pour l’agriculture

 

Le projet cherche à répondre aux fortes attentes divergentes des protecteurs de la nature, du tourisme, mais aussi de l’agriculture. Les exploitants auront désormais des contraintes sur leur gestion agricole. L’idée est d’abandonner l’utilisation d’engrais et de diminuer le nombre de bêtes. Des indemnisations sont prévues pour compenser les pertes de rendement.

 

Protection de la biodiversité

 

La sauvegarde de la biodiversité au Creux du Van va de pair avec le maintien de son attractivité touristique, d’après les porteurs du projet. ©Swiss Image

La sauvegarde de la biodiversité au Creux du Van va de pair avec le maintien de son attractivité touristique, d’après les porteurs du projet.

Les différentes mesures de ce plan de protection visent à assurer le maintien et la promotion de la biodiversité. «La pression du public et l’exploitation agricole intensive ont un impact sur la végétation et la faune de cette région», affirme Franco Ciardo.

Au début de l’année, une consultation publique sur le projet avait recueilli plus de quarante avis dans le canton de Neuchâtel et une trentaine dans le canton de Vaud. Les autorités compétentes ont donc effectué une pesée d’intérêt et ont proposé ce «compromis idéal».

Du côté de l’association «Les Travers du Vent», on déplore l’absence de vision globale au sujet du plan d’affectation de la région du Val-de-Travers, alors qu’un parc éolien est projeté à proximité du Creux du Van, à Provence (lire ci-dessous). Franco Ciardo précise que les 17 éoliennes prévues dans cette commune vaudoise n’ont pas de lien avec cette mise à l’enquête. «Le Creux du Van est un site d’importance nationale, pas le secteur du parc éolien de Provence.»

Les organisations et les associations ont jusqu’au 18 décembre pour faire opposition au plan de préservation.

 

«Il n’y a aucune conception d’ensemble»

 

Le cirque rocheux est à la limite entre Vaud et Neuchâtel. ©Matthias Taugwalder

Le cirque rocheux est à la limite entre Vaud et Neuchâtel.

L’association «Les Travers du Vent» a pour but la sauvegarde des crêtes et des plateaux du Val-de-Travers. Michel Fior, un des membre du comité de l’association, n’a rien contre le projet en lui-même, il estime que c’est le plan d’affectation de cette région qui manque de vision globale.

D’après lui, il y a une contradiction entre les 17 éoliennes prévues à Provence par le Canton de Vaud et cette mise à l’enquête au Creux du Van. «Il n’y a aucune conception d’ensemble, c’est comme si on tenait à ultraprotéger une zone naturelle à côté d’une autoroute.»

Michel Fior précise que le parc éolien est prévu à quelques kilomètres du Haut Plateau du Creux du Van. Il est étonné que le projet à l’enquête n’évoque pas cette problématique, qui est pourtant devenue également un problème politique. «J’ai contrôlé dans les documents liés au projet, on ne fait pas mention une seule fois de l’éolien. On ne tient pas compte de ce qui se fait juste à côté, ce n’est pas cohérent.»

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Gianluca Agosta