Le club yverdonnois réorganise son staff en vue de la saison prochaine. L’entraîneur actuel, Jiri Rambousek, endosse le costume de directeur technique du club et poursuit son travail auprès de la relève. Son compatriote tchèque Martin Roh le remplacera à la bande de la première équipe.
C’est au soir d’une défaite que la conclusion est devenue évidente aux yeux de Jiri Rambousek. L’entraîneur du HC Yverdon a pris son téléphone et a expliqué les motifs de sa décision au président Bertrand Barbezat. Alors que le club cherchait à renforcer sa structure, le Tchèque a donné sa vision de l’avenir, fruit d’une mûre réflexion. «Sous condition qu’on trouve quelqu’un qui corresponde au profil souhaité, j’ai estimé qu’il était mieux que j’abandonne le banc de la première équipe dès la saison suivante, explique le technicien arrivé en 2013 à Yverdon-les-Bains. M’occuper à la fois des M15 élite et de la 1re ligue était devenu compliqué. Il y avait trop pour que je puisse faire les choses à 100%. Et puis, un changement après sept ans va faire du bien à tout le monde. Les joueurs entendront un autre discours, auront droit à une nouvelle façon de voir les choses.»
L’intégration des jeunes du cru
Ainsi, Jiri Rambousek, sous contrat avec le HC Yverdon jusqu’en 2022, devient directeur technique du club, tout en poursuivant – et même en intensifiant – son labeur d’entraînement et de supervision de la relève yverdonnoise, dont il était et demeure le directeur. Son investissement a largement porté ses fruits jusqu’ici, puisque le club de la Cité thermale s’appuie sur un mouvement juniors en plein essor, avec deux équipes composées de jeunes du cru, les M13 et les M15, qui évoluent au niveau national. Cette saison, les M17 sont candidats à la promotion.
«Désormais, l’objectif prioritaire de Jiri sera de préparer les jeunes du club à intégrer la 1re ligue, précise le président, ravi du travail effectué par l’entraîneur de 39 ans. Matus Luciak, son assistant depuis six saisons, le soutiendra dans cette importante mission, qui marque le début de la deuxième phase de la stratégie de formation qui a démarré en 2015 par la relégation volontaire en 2e ligue, afin d’investir les ressources différemment.» Le duo sera épaulé par plusieurs assistants diplômés. À ces tâches, s’ajoute la matérialisation d’un projet de structuration du hockey cantonal, dans lequel le HC Yverdon est étroitement impliqué.
Le profil idoine
En tant que directeur technique, Jiri Rambousek s’occupera de dessiner les contours de l’effectif de la «une», en collaboration avec le nouvel entraîneur. Désireux d’intégrer le plus de jeunes possibles issus de son secteur de formation, le HCY a recherché un profil spécifique, «à l’image de ce qui est fait à Genève avec Patrick Emond ou à Davos avec Christian Wohlwend». La perle rare a été dénichée à La Chaux-de-Fonds, où Martin Roh officie depuis plus de quinze ans, essentiellement au sein du mouvement juniors. «Jiri a suggéré son nom l’été dernier, lorsqu’on a identifié le besoin de renforcer nos structures, poursuit Bertrand Barbezat. On ne savait alors pas que ce serait pour la première équipe. Martin, qui s’est engagé pour deux ans, donnera également un coup de main concernant la relève. Ainsi, on se retrouve avec une organisation digne de celle d’un club professionnel.»
Cure de jouvence à la «une»
En rencontrant l’intéressé, le président s’est vite rendu compte qu’il s’agissait de la personne que le HCY souhaitait engager s’il en avait les moyens. Le carnet d’adresses de Martin Roh, qui a vu passer une ribambelle de juniors sous ses ordres, correspond aux vœux et besoins du club, dont l’ossature de l’équipe fanion restera la même qu’actuellement, renforcée par l’arrivée de jeunes recrues. «Le contingent comptera entre 18 et 20 joueurs de champ. Deux des quatre blocs seront composés d’éléments de moins de 23 ans, annonce le grand patron du HCY. Martin a le bagage idéal pour superviser ces jeunes à leur arrivée dans le monde du hockey des adultes.»
Le club nord-vaudois se profile ainsi comme «un club formateur disposant d’une organisation professionnelle à haute valeur ajoutée». Il est également question d’«intéresser et donner leur chance à des jeunes hockeyeurs talentueux qui n’ont pas été retenus par la filière élite traditionnelle». Le message lancé est on ne peut plus clair.
Les progrès réalisés ont convaincu Martin Roh de changer d’air
Enfant de Prague, Martin Roh a donné ses premiers coups de patin avec son jumeau sur les lacs gelés de la capitale tchécoslovaque. Doué, le jeune homme a poursuivi sa formation dans les rangs du Slavia, avant de passer deux saisons sous les couleurs du club de l’armée Dukla Jihlava durant son service militaire, puis de revenir dans la capitale.
Aujourd’hui âgé de 53 ans, l’ancien hockeyeur parle de ces moments de bon cœur et avec sensibilité. «Quand j’étais petit, on disputait des tournois dans les pays étrangers, et également en Suisse. On gagnait toujours et je me souviens qu’on se déplaçait avec un très grand staff, car c’était l’occasion pour ces gens d’obtenir le droit de sortir du pays.» À la chute du communisme, d’un coup, ce sont 500 joueurs tchécoslovaques qui sont partis à l’étranger pour y trouver de meilleures conditions de vie. Martin Roh en faisait partie.
«C’était les débuts de l’informatique. Je voulais apprendre des langues, faire des études, raconte-t-il. Mais il y avait beaucoup de monde sur le marché et les clubs cherchaient plutôt des joueurs expérimentés, alors que je n’avais que 23 ans. Finalement, j’ai trouvé mon bonheur à Grenoble, qui venait de déposer le bilan et repartait de deuxième division avec des jeunes du cru.» Un club dans lequel il est resté durant huit saisons, entre 1991 et 1999, remportant un titre national avec un certain Cristobal Huet dans la cage.
D’abord attaquant, le jeune homme était aussi débrouillard et malin. Il s’est reconverti en défenseur quand il a mesuré la densité de bons joueurs en sélection nationale juniors. «J’étais attaquant en club et défenseur en sélection, puis on m’a demandé de choisir en M18. J’ai dit arrière, ce qui m’a permis de disputer le Championnat d’Europe», se marre-t-il.
Un nouveau challenge
S’il a passé treize saisons en France, avec un intermède d’une année à Milan, en tant que joueur, Martin Roh a toujours eu le goût de transmettre ses connaissances. Une activité déjà commencée à Prague, alors qu’il avait 17 ou 18 ans, et qu’il a pu poursuivre à Grenoble, préparant ainsi son avenir.
Sa carrière de joueur s’est terminée à 39 ans à Villars-de-Lans, après qu’il a été contacté par La Chaux-de-Fonds, où entraînait alors Jaroslav Jagr, ancien coach du CP Yverdon et de Grenoble. Au HCC, Martin Roh s’est occupé de la relève. Il s’est même retrouvé assistant de Serge Pelletier en LNB en 2017-2018. «Une superbe expérience.»
Contacté par le HC Yverdon, Martin Roh a décidé de changer d’air. «J’ai déjà été approché par d’autres clubs, même en Suisse alémanique, mais si je me débrouille en allemand, je pensais ne pas être à la hauteur linguistiquement pour expliquer clairement des choses techniques, raconte-t-il, perfectionniste. Le projet yverdonnois me plaît. Le club a fait d’énormes progrès avec les jeunes, il y a du potentiel et j’ai envie d’y participer.»
Le Pragois, qui a connu Jiri Rambousek lors de cours de formation pour les entraîneurs à Ittingen, apportera son vécu, ses compétences en préparation physique et en patinage – il a collaboré avec le spécialiste d’artistique Jean-François Ballester à La Chaux-de-Fonds – à Yverdon-les-Bains. Son «nouveau challenge» pour au moins les deux prochaines années.