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Cuche et Barbezat, un couple qui dure

8 avril 2013

Le duo d’humoristes est actuellement en tournée, afin de présenter son 10e création. Un spectacle teinté d’absurde tendresse et d’humour grinçant.

Cuche et Barbezat étaient de passage au Théâtre Benno Besson.

«Ensemble, on n’a pas peur!» Leitmotiv de leur nouveau spectacle, Cuche et Barbezat rallument le sapin, la phrase se métamorphose au gré des sketchs, de rebond en sursauts comiques, jusqu’à la chute attendrissante. Ensemble comme pour leur tout premier duo comique au camp de ski. Ensemble comme quand ils font des bêtises pour amuser les enfants et les adultes. Ensemble pour se présenter comme candidats surprises au Gouvernement neuchâtelois. Ensemble, envers et contre tout, sérieux depuis près de quarante ans.

Dans un décor d’une simplicité confondante, un seul canapé rouge planté comme un gros nez rouge de clown sur le noir de la scène, Jean-Luc Barbezat et Benjamin Cuche présentaient leur dixième création fin mars au Théâtre Benno Besson. Teintées d’absurde et de tendresse, les péripéties et pirouettes burlesques s’enchaînent au fil des sketchs, avec en prime des traits d’humour grinçant. Mis en scène par Pierre Mifsud et Pierre Naftule, duo aussi contrasté et complémentaire que celui formé par leur couple, ils réussissent à faire durer le plaisir … de les voir.

Dans Cuche et Barbezat rallument le sapin, leurs personnages fétiches, Jean-Henri et Pierre-Etienne, se retournent sur leur vie pas si ordinaire. Avec des hauts -vertigineux, selon Benjamin Cuche, amateur d’acrobaties et des bas- fascinants, pour Jean-Luc Barbezat, capable de ridicule avec un vrai talent acteur –les amis de plus de 25 ans échangent sur les aléas d’un quotidien souvent surréaliste.

Anorak et bonnet

Empruntant à nouveau, pour cette 10e création, la peau familière et agréablement avachie de leurs créateurs, anorak bleu et bonnet à oreilles pour l’un, veste et cravate rouges pour l’autre, les complices se glissent, à tour de rôle, dans la peau de l’auguste et du clown blanc. L’œil qui frise, Jean-Luc Barbezat a le regard en coin sur les spectateurs, les prenant à témoin quand il s’amuse de la naïveté de son complice alors que Benjamin Cuche, nez en l’air, joue les savants avec la conviction de la grenouille voulant se faire plus grosse que le bœuf.

Du cynisme bonhomme d’un sketch sur la confiance, à l’excellent numéro de bagarre en solitaire de Benjamin Cuche, en passant par ceux des délirantes boîtes secrètes et les inénarrables reprises des sketchs des Croissants et du Plombier de Fernand Reynaud, les spectateurs savourent.

De l’extravagance

Rien (titre de leur tout premier spectacle en avril 1986) ne semble avoir changé pour les deux clowns, même si près de quarante ans se sont écoulés depuis leurs premiers gags de potache.

Et si les ficelles de certains ressorts comiques restent parfois bien grosses –tartes à la crème et autres pantalonnades- la finesse ne manque pas dans d’étonnantes et poétiques extravagances surréalistes.

 

Corinne Jaquiéry