Berne – Fait rarissime, depuis le début de cette année, le Nord vaudois compte quatre représentants au Conseil national. La Région Nord vaudois a passé une journée avec eux dans la capitale. Reportage.
Il est 6h06. La gare d’Yverdonles- Bains s’éveille. En ce mardi matin d’un mois de mai inhabituellement pourri, il pleut à verse. Cesla Amarelle s’engouffre dans l’ICN à destination de Neuchâtel, où elle changera de train pour Berne. La session parlementaire a débuté la veille; une session sans grand enjeu, exception faite peutêtre des discussions autour de la troisième réforme de l’imposition des entreprises, la désormais fameuse RIE III, mais marquée par les fastes de l’inauguration du tunnel du Saint-Gothard, prévue le lendemain. La conseillère nationale n’a pas encore l’esprit aux réjouissances. Elle veut profiter du trajet pour finir de se préparer. La socialiste, professeure assistante en droit des migrations à l’Université de Neuchâtel, doit, en effet, intervenir sur son thème de prédilection de l’asile. Il est prévu qu’elle monte à la tribune pour s’opposer à une initiative parlementaire de l’UDC, qui demande que la Confédération puisse contraindre les requérants à séjourner dans des centres situés dans un Etat tiers, près des zones de crise.
Fait assez exceptionnel pour la région, le Nord vaudois compte aujourd’hui quatre conseillers nationaux. La socialiste yverdonnoise Cesla Amarelle est accompagnée de trois UDC: Jean-Pierre Grin (Pomy), Jacques Nicolet (Lignerolle) et Alice Glauser (Champvent). Cette dernière, première des viennent ensuite de la liste agrarienne aux dernières élections fédérales, a pu revenir au Parlement -elle y avait siégé entre 2007 et 2010- en début d’année, suite à l’accession du Vaudois Guy Parmelin au Conseil fédéral.
Cette répartition est comme un décalque du Nord vaudois, entre gauche des villes et droite des champs. Et, si Alice Glauser reconnaît qu’il est important pour la région de compter quatre élus, elle souligne aussitôt la question de la représentation paysanne à Berne. Le sujet est sensible. A l’heure de l’apéro, au blanc forcément vaudois, pris dans la majestueuse Galerie des Alpes, les trois UDC nord-vaudois ne cachent pas leurs inquiétudes. Pour Jacques Nicolet, il ne fait aucun doute que la récente polémique autour du soutien de Guy Parmelin à l’allégement fiscal en faveur des agriculteurs a été «savamment orchestrée» pour affaiblir la position du monde paysan. Jean-Pierre Grin réfute l’accusation de certains, selon lesquels ils seraient des «privilégiés»: «Nous nous engageons pour que les paysans reçoivent le juste prix de leur travail.»
De son côté, dans la salle des pas-perdus, Cesla Amarelle affiche son soulagement. Le National n’a pas donné suite, par 127 voix contre 63, à l’initiative parlementaire de l’UDC, défendue notamment par la Genevoise Céline Amaudruz. La Confédération n’externalisera donc pas l’accueil des réfugiés. L’Yverdonnoise peut ainsi profiter d’une pause café avec l’une des figures socialistes du Nord vaudois, la Combière Josiane Aubert, de passage à Berne.
Cette matinée de mardi reste assez calme, voire détendue. Il y règne une sorte de douce ambiance d’avant fête. Beaucoup de parlementaires ont, en effet, déjà la tête ailleurs. Près de deux cent d’entre eux se rendront, en effet, le lendemain au Gothard pour une journée qui promet d’être historique. Jean- Pierre Grin, lui, ne sera pas du voyage, préférant consacrer sa journée à la 124e assemblée des délégués de Gastro Vaud. Mais, en ce mardi, avant de rentrer à Pomy, l’agriculteur ira rencontrer des représentants de l’organisation faîtière Economiesuisse, au prestigieux hôtel Schweizerhof, pour parler de la RIE III. «Ce genre d’invitations fait aussi partie de la vie d’un parlementaire», glisse-t-il, avant de prendre congé.
Quand Christian Levrat écrivait pour Le Nord vaudois
«Le Nord vaudois, je connais bien, j’y ai écrit des articles!» L’homme qui lance cette phrase n’est autre que le président du Parti socialiste suisse et conseiller aux Etats Christian Levrat. En effet, il y a une vingtaine d’années, il avait travaillé pour Raymond Gremaud, gruyérien comme lui et figure du journalisme parlementaire, qui a longtemps collaboré avec Le Journal du Nord vaudois de l’époque. Et ainsi quelques articles de Christian Levrat y avaient été publié. «Et mes prises de position étaient déjà très à gauche», assure-t-il.