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Dans l’univers des marmottes des Roches Eboulées

12 juillet 2016 | Edition N°1783

Sainte-Croix – La Région Nord vaudois a pris part, jeudi dernier, à une excursion inédite sur les traces des sympathiques rongeurs ayant élu domicile près du Chasseron. Ces derniers se sont montrés peu farouches.

Rien de tel qu’un bon bain de soleil sur un rocher pour commencer la journée. © Michel Duperrex

Rien de tel qu’un bon bain de soleil sur un rocher pour commencer la journée.

La balade accompagnée à la rencontre des marmottes, proposée par l’Office du tourisme de Sainte-Croix/Les Rasses, débute au parking du Chalet du Sollier avec trois représentants de La Région Nord vaudois pour seuls participants. La guide, Thaïs Cornaz, prévoyait de réaliser une boucle par les crêtes pour évoquer, entre autres, le passé gallo-romain du Chasseron, mais notre emploi du temps minuté nous impose de longer le pied de ce sommet. Un troupeau de vaches immaculées contraste agréablement avec le ciel bleu azur, tandis que l’accompagnatrice en moyenne montagne donne ses premières explications sur le rongeur star de la journée. «Durant la période glaciaire, il y avait des marmottes partout en plaine. Elles se sont ensuite retranchées sur les montagnes pour fuir l’avancée de la forêt, indique Thaïs Cornaz. Dès les premières neiges, les marmottes bouchent leur terrier et entrent en hibernation (ndlr: celle-ci dure en moyenne six mois). Le rut a lieu fin avril et la première sortie des petits s’effectue, généralement, début juillet.»

Tout en restant sur ses gardes, cette marmotte s’est laissée approcher de très près. © Michel Duperrex

Tout en restant sur ses gardes, cette marmotte s’est laissée approcher de très près.

Habituellement, la Sainte-Crix distille son exposé fort instructif au compte-gouttes, entrecoupé de diverses animations. Notre entorse à cette manière de procéder ne nous empêche pas de bénéficier des nombreuses connaissances de notre guide, qui s’enthousiasme à la vue d’un magnifique Orchis tacheté, à proximité du Chalet de La Merla. Plus loin, des nuées de mouches s’envolent des inévitables beuses à notre approche et de curieux bovins guettent notre progression dans leur fief estival. Un pâturage encombré de gentianes et de vératres borde la forêt dans laquelle nous entrons.

Ce mammifère herbivore a de quoi trouver son bonheur dans ce pâturage. © Michel Duperrex

Ce mammifère herbivore a de quoi trouver son bonheur dans ce pâturage.

Thaïs Cornaz fait halte près d’un embryon de sapin qui se développe sur une souche -un nouveau cycle de vie initié à partir des restes de repas d’un écureuil. On déguste la raiponce, au goût de noisette, dont les feuilles, agrémentées d’huile d’olive et de sel, produisent de délicieuses salades, de l’aveu de notre guide.

Une clairière donne une vue imprenable sur les Roches Blanches, qui font face au Chasseron, de l’autre côté du vallon de la Dénériaz. Le silence s’impose avant de s’engager dans le talus qui héberge les premiers terriers de marmottes. «Ils sont composés d’une entrée principale orientée côté sud, sous un poste de guet. La première chambre est tapissée de foin et une deuxième fait office de toilettes. Il y a aussi une sortie de secours», avait précédemment expliqué notre accompagnatrice.

Curieux, le marmotton hésite à quitter la sécurité du terrier. © Michel Duperrex

Curieux, le marmotton hésite à quitter la sécurité du terrier.

Aucune marmotte ne pointant le bout de son nez, nous continuons notre route pour rejoindre les roches volumineuses disséminées plus haut. Le calme absolu qui règne sur le site nous fait douter. Ces animaux diurnes n’ont-ils pas achevé leur grasse matinée? Un mouvement discret près d’un bloc de pierre dissipe nos craintes. Un marmotton fait son apparition et nous observe. Il avance en ondulant dans l’herbe et grimpe sur un rocher. Un adulte sort aussi de sa cachette et laisse notre photographe et la stagiaire qui l’accompagne l’immortaliser à leur guise, à une distance d’environ cinq mètres. Conscients de notre chance insolente, nous quittons la scène après nous être bien imprégnés de ce magnifique spectacle de la nature. Trois autres jeunes marmottes, tout à leurs jeux, nous offrent un magnifique cadeau d’adieu, alors que l’on est sur le point de traverser le pâturage en contrebas, pour refaire l’itinéraire dans l’autre sens.

La prochaine balade accompagnée avec Thaïs Cornaz -«Epicéa, le patriarche de nos montagnes»-, est programmée le samedi 26 novembre prochain. Informations auprès de l’Office du tourisme.

Des animaux des Alpes

La guide Thaïs Cornaz est mandatée par l’Office du tourisme sainte-crix. © Michel Duperrex

La guide Thaïs Cornaz est mandatée par l’Office du tourisme sainte-crix.

Bien qu’elles semblent s’y plaire, les marmottes ne font pas partie de la faune du massif jurassien. «Elles y ont été introduites entre la fin des années soixante et le début des années septante. Comme les bouquetins, se sont des animaux que l’on rencontre traditionnellement dans les Préalpes et les Alpes», déclare le surveillant de la faune Alain Seletto.

«La population principale est établie entre Saint-Cergue et le Mont-Tendre, avec 60 à 70 individus. On dénombre cinq colonies, pour un total de vingt à trente marmottes, autour du Chasseron», précise le collaborateur de l’Etat de Vaud.

Pour lutter contre la consanguinité, ce dernier a déplacé, en 2012, un mâle et une femelle des Alpes aux Roches Eboulées. «Avant leur arrivée, nous nous sommes assurés qu’il y avait des terriers désaffectés. Si elles étaient entrées dans un lieu habité, les occupants les auraient tuées», explique Alain Seletto, content de constater que les deux nouvelles venues se sont adaptées à leur environnement.

Victimes des chiens

«Ces deux marmottes ont des aptitudes de défense face aux grands prédateurs. Si un aigle passe, elles sauront donner un signal assez fort pour que la colonie se cache», ajoute-t-il. Plus que la buse, qui pourrait s’attaquer aux marmottons, et le renard, ces rongeurs craignent les chiens des promeneurs, qui les débusquent à cause de la forte odeur qu’ils dégagent. Alain Seletto encourage donc vivement les randonneurs de passage aux Roches Eboulées à garder en laisse leurs compagnons à quatre pattes.

Ludovic Pillonel