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Davel: 300 ans de fascination
L’exposition dédiée au major Davel restera en place encore quelques jours au MYR. Photo: Michel Duperrex.

Davel: 300 ans de fascination

13 avril 2023

Le major Davel est aussi à l’honneur dans le Nord vaudois pour les 300 ans de son exécution, avec une table ronde et une exposition temporaire au Musée d’Yverdon et région (MYR).

Jean Daniel Abraham Davel est mort le 24 avril 1723 à Vidy. Pour beaucoup, le major, fils de pasteur né en 1670, demeure une figure importante de l’histoire vaudoise, et un symbole de l’indépendance du canton.

Même s’il n’a que peu de liens avec le Nord vaudois, le major Davel bénéficie toujours d’une aura forte dans toute la Suisse romande, où les cérémonies en hommage à sa mort, il y a presque 300 ans jour pour jour, se multiplient. Dans la capitale du Nord vaudois, une table ronde, organisée par le Gymnase d’Yverdon et le MYR le mercredi 5 avril (encadré) et une exposition temporaire lui sont consacrées.

«Il n’existe aucune trace historique du major Davel à Yverdon, a d’ailleurs expliqué Vincent Fontana, directeur du MYR, en préambule à la table ronde de la semaine dernière. Mais on sait qu’il entretenait des liens privilégiés avec des personnalités de la région. Surtout, le château d’Yverdon était le siège du pouvoir baillival, ceux contre qui s’est soulevé Davel en 1723.»

Il y a 300 ans, le patriote vaudois marche sur Lausanne avec 600 soldats, avant de présenter un manifeste au Conseil communal, dans lequel il critique et dénonce les abus des baillis bernois, alors maîtres du pays de Vaud. Dénoncé, il est arrêté le 1er avril, jour où il déclarera: «Je vois bien que je serai la victime de cette affaire, mais n’importe! Il en reviendra quelque avantage à ma patrie.» Interrogé, torturé et condamné à mort, il sera exécuté le 24 du même mois.

L’exposition temporaire rassemble divers objets liés à la vie du patriote vaudois, somme toute méconnue avant son acte de rébellion, dont une épée de justice, du même modèle que celle qui servit à lui ôter la vie.

Une série de six panneaux interactifs réalisés par Angela Benza, de l’Institut d’histoire de l’art et de muséologie à l’Université de Neuchâtel, permettent également d’en savoir plus sur l’existence du major, le contexte dans lequel il vivait, la teneur de son manifeste, ainsi que l’importance de ses actions, jusqu’à sa mort. «C’est une exposition interactive qui invite à triturer les connaissances historiques à la main», explique l’auteure.

L’exposition, intitulée Davel ou la vocation citoyenne, restera en place jusqu’au dimanche 23 avril. Accessible gratuitement, elle promet de fournir à tous les curieux un panorama ludique de la vie du major, héros vaudois qui a peut-être eu raison un peu trop tôt.

 

«Nos héros sont ceux qui ont osé dire non»

 

«En Suisse, on aime le consensus long et travaillé. Pourtant, nos héros, de Guillaume Tell au major Davel, sont ceux qui ont osé dire non», remarque Julien Wicki, doyen du Gymnase d’Yverdon, en introduction à la table ronde tenue au château d’Yverdon le mercredi 5 avril, et intitulée «Davel: pionnier de la désobéissance civile ou patriote illuminé?».

Menés par les élèves de la classe 3OC histoire du Gymnase, les débats ont été alimentés par les interventions des historiens Corinne Chuard et Gilbert Coutaz, ainsi que par le journaliste Erwan Le Bec.

«Le major Davel est une réalité historique et documentaire. Mais on sait peu de choses de sa vie, à part les événements qui suivent son acte fou. Il y a des lacunes biographiques, comment un héros naît à partir de cela?» a par exemple lancé Gilbert Coutaz.

Les gymnasiens ont savamment dirigé les discussions, en proposant plusieurs pistes de réflexion sur la figure du major Davel avec, par exemple, une tentative d’histoire comparée qui rapprocherait le patriote vaudois d’autres figures contestataires, comme Martin Luther King.

Un très large public s’était rassemblé au château d’Yverdon afin d’assister aux discussions de la table ronde, preuve que le patriote vaudois continue de fasciner plusieurs siècles après sa mort. «Je pense que la recette de ce succès tient au fait que nous avons réussi à toucher plusieurs publics, avec les familles des gymnasiens, les passionnés d’histoire et tout le réseau du MYR, explique Julien Wicki. C’était très dense, avec beaucoup de contenu amené par tous les intervenants. Les élèves étaient très contents de voir leur travail mis en valeur.»

Robin Badoux