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Des cicatrices formatrices

15 mars 2013

Motocross – La saison reprend ce week-end à Matran. Après une année 2012 marquée par des blessures, les régionaux repartent plus motivés que jamais. Tour d’horizon.

Les frangins Killian (à gauche) et Kevin Auberson abordent la saison 2013 dans d’excellentes conditions: soudés, remis de leurs pépins physiques, et assoiffés de cross.

«Mes cicatrices me rappellent que mon passé n’est pas un rêve», dit le poète. Les principaux pilotes de motocross de la région se joindront volontiers à lui: à l’aube d’une nouvelle saison, qui débutera ce week-end à Matran (Fribourg), ils ont plus conscience que jamais du véritable besoin de rouler qui découle de leur passion. Et pour cause: 2012 restera pour eux comme un annus horribilis, pendant lequel, sujets à des blessures plus ou moins graves, ils ont davantage rongé leur frein que mis les gaz.

Une situation d’autant plus difficile à vivre qu’ils ne sont pas du genre à être en retrait sur la piste. Grégory Wicht (MCC Combremonts): champion suisse 2010 et 2011 en open; rupture des ligaments croisés antérieurs et postérieurs d’un genou. Killian Auberson (Epautheyres): champion suisse 2011 en MX2; fracture du radius, du cubitus et déchirure des ligaments du poignet révélée trois mois plus tard. Kevin Auberson, son aîné, (Epautheyres): cinquième en 2011 en open; fracture de deux vertèbres, puis grosse blessure à une jambe. Trois équations au résultat commun: une saison gâchée.

Qu’aux autres?

La guigne, donc, même si tous les pilotes motocross savent qu’ils roulent sous la menace de l’épée de Damoclès. «C’est clair qu’on ne fait pas de la danse classique», se marre Grégory Wicht. «On a un peu tendance à penser que ça n’arrive qu’aux autres», admet Kevin Auberson. Mais surtout, les trois régionaux s’accordent quant au fait que la pratique de leur discipline ne leur laisse pas le loisir de réfléchir aux blessures potentielles lorsqu’ils sont en course. «Sur la moto, on prend du plaisir, on ne pense pas aux risques», glisse Killian Auberson. «Si j’avais peur, il serait temps d’arrêter», complète le Fribourgeois Grégory Wicht.

Arrêter, le mot est lâché. Contraints à observer une convalescence de plusieurs mois, les trois crossmen ont eu tout le temps de réfléchir. «Je ne me suis jamais dit que je n’allais pas revenir, témoigne Kevin Auberson. Au contraire. Cela m’a motivé à m’entraîner plus dur, à renforcer mes muscles pour limiter les risques.» Grégory Wicht, pour sa part, n’a pas eu le choix: il a dû envisager, à 25 ans, la fin de sa carrière. «Quand je suis arrivé chez le médecin, il m’a dit que le cross, c’était fini pour moi», se souvient-il.

A leur meilleur niveau

Il sera toutefois au départ du championnat cette année encore. «J’ai bien guéri», se réjouit-il. Au point de retrouver son meilleur niveau? «En vitesse, oui, clairement. Après, il faudra voir en course comment cela se passe.» Même son de cloche du côté des frangins Auberson. «Physiquement, je suis mieux que je ne l’ai jamais été et j’ai beaucoup appris sur le plan mental, souligne l’aîné. Quant à Killian, il est très bien aussi.»

Autant dire que les trois pilotes du coin sont remontés à bloc. Les deux qui rouleront en open visent le top cinq, «voire mieux», tandis que Killian entend bien reconquérir sa couronne de champion en MX2, tout en participant à quelques manches du Championnat de France de supercross et du Championnat d’Europe.

Surtout, ils ont tous les trois envie de renouer avec la compétition pour se faire plaisir, pour étancher leur soif de cross, qui a été croissante tout au long d’une année à oublier… ou pas, malgré tout. «J’ai beaucoup appris cette année, notamment à relativiser. Il y a des choses plus graves que le résultat d’une course», souffle Grégory Wicht. «Avec ces blessures, j’ai grandi», note Kevin Auberson. Comme quoi les cicatrices peuvent se révéler formatrices. Non, 2012 n’était pas un rêve.

 

Lionel Pittet