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Des cochons traités aux petits oignons
Champvent, 04.03.19, porcherie Jean-Samuel Indermuhle. © Carole Alkabes

Des cochons traités aux petits oignons

6 mars 2019 | Edition N°2450

Baulmes – Champvent –  L’éleveur Jean-Samuel Indermühle veut construire une porcherie de 300 places. Les animaux pourront gambader tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Selon les critères IP-Suisse, les cochons d’engraissement, qui dorment plus de 16 heures par jour, doivent évoluer dans un espace généreusement garni de paille. © Carole Alkabes

Enfouis dans la paille, les 460 porcs de Jean-Samuel Indermühle se tiennent à l’abri des rafales du vent qui soufflent sur cette exploitation située entre Baulmes et Champvent. «D’habitude, ils vont dehors, mais aujourd’hui (ndlr: lundi), ils préfèrent rester au chaud», explique l’éleveur âgé de 57 ans. Avec son fils, Fabien, il souhaite agrandir sa porcherie en construisant un nouveau bâtiment de 300 places. Le projet est actuellement soumis à l’enquête publique.

Une exploitation labellisée

Avec cette nouvelle construction d’une surface de plus de 1000 m2, Jean-Samuel Indermühle veut pérenniser l’exploitation familiale, tout en répondant aux critères IP-Suisse, un label qui garantit des produits de qualité aux consommateurs. «Il faut qu’il y ait de la paille en abondance, un espace de repos et un accès à l’extérieur», indique le Baulméran, qui élève des porcs depuis 1999. De plus, cette certification impose de changer le fumier toutes les deux semaines. «Les cochons sont des animaux très propres. Ils ne mangent jamais à l’endroit où ils défèquent», précise le paysan.

Jean-Samuel Indermühle achète des porcelets de 25 kilos en provenance du canton de Lucerne, qu’il engraisse ensuite avec ses propres céréales, jusqu’à ce qu’ils pèsent 120 kilos. «En 1982, mon père élevait des cochons dans des boitons, mais je me suis toujours refusé à faire de même», révèle-t-il, tout en précisant que dans sa future installation, les animaux pourront gambader en plein air.

Son projet, estimé à plus de 550 000 francs, prévoit notamment un dispositif pour récupérer l’eau de pluie grâce à un système de circuit fermé. «Cette solution économique et écologique nous a semblé pratique en regard des dernières sécheresses», poursuit l’agriculteur.

Deux fosses à purin de plus de 400 m3 chacune seront également aménagées grâce à des caillebotis. «Le fumier et le purin seront transformés pour produire du biogaz agricole à Rances. Les engrais organiques seront ensuite répandus dans les champs.»

A propos de la polémique antispéciste, Jean-Samuel Indermühle confie: «Je respecte mes animaux. Et je suis convaincu qu’il faut aller de l’avant, malgré tout. Avec bientôt neuf millions d’habitants, il faut bien nourrir la population.»

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L’élevage porcin: une tradition suisse alémanique

A la suite de la révision de la loi sur la protection des animaux, le Grand Conseil vaudois a voté un crédit-cadre de quatre millions de francs de subventions à fonds perdu pour favoriser l’élevage des porcs. «Dans le canton, la tradition porcine est très peu répandue, note Frédéric Brand, directeur général du Service de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires. On retrouve plus d’éleveurs du côté de la Suisse alémanique, à Lucerne et dans la Singine, notamment.»

Sur 100 porcs suisses, seuls deux sont issus de la production vaudoise. «En comparaison suisse, nous sommes déficitaires», remarque Frédéric Brand. Selon lui, il faut maintenir le «cochon vaudois» pour fabriquer des produits locaux comme le boutefas, le saucisson ou la saucisse aux choux.

Le Canton contrôle, dans chaque porcherie, que la base légale soit respectée sur le plan de la protection des animaux. En revanche, le label IP-Suisse va au-delà de la législation en vigueur.

Valérie Beauverd