Logo
La Région (pub top petite)
Des dos de livres relookeront les caissettes Biblio Troc
Yverdon, 7 janvier 2020. La Ressourcerie, Guy Baumgartner. © Michel Duperrex

Des dos de livres relookeront les caissettes Biblio Troc

9 janvier 2020
Edition N°2658

Yverdon-les-Bains – La Bibliothèque publique et scolaire de la ville a mandaté La Ressourcerie pour donner une deuxième jeunesse aux sept boîtes d’échange de bouquins.

Racine, Le Grand Atlas ou encore L’homme du XXe siècle et son esprit seront à la vue de tous dès mercredi prochain. Visibles mais pas forcément accessibles, puisqu’ils orneront les caissettes d’échange de livres Biblio Troc fraîchement redécorées. Abîmées par le temps ou l’affichage sauvage, elles avaient besoin de retrouver leurs lettres de noblesse. Et pour cela, la Bibliothèque publique et scolaire d’Yverdon-les-Bains, qui gère ce programme, s’est tournée vers un magasin de seconde main. «On apprécie le travail de La Ressourcerie et on a les mêmes intérêts, car on cherche à mettre en valeur des objets déjà utilisés», confie Pierre Pittet, médiateur culturel.

Sandrine Sporrer, collaboratrice de l’échoppe, a eu carte blanche pour imaginer une nouvelle décoration pour ces sept fameuses caissettes qui sont disséminées sur le territoire communal depuis 2012. La seule règle: garder le format. «Ça marche très bien comme ça, explique Pierre Pittet. On préfère mettre davantage de caissettes – ce qui est d’ailleurs prévu – plutôt que d’envisager des espaces plus grands. Le but de Biblio Troc est de partager un coup de cœur et non pas d’être un vide-grenier.»

Le deuxième «délire» validé

«Mon premier délire était de coller des pages de livres thématiques par boîte et de fixer au-dessus de celle-ci un objet qui représente ce sujet. Par exemple, on aurait déchiré des pages de recettes de cuisine et au sommet de la boîte, on aurait placé un vieux moulin à café», image-t-elle. Une suggestion qui n’a pourtant pas trouvé preneur auprès des bibliothécaires yverdonnois. Ceux-ci craignaient que les utilisateurs pensent que les livres devaient correspondre au thème de l’habillage.

Inspirée par des projets partagés sur les réseaux sociaux, Sandrine Sporrer a soumis un autre projet: un patchwork de dos de bouquins. Et elle a tout de suite obtenu le feu vert. «Ce qu’on a aimé, c’est le travail sur les textures», commente Pierre Pittet. N’est-ce pas un sacrilège de couper des lambeaux d’ouvrages pour en faire de la décoration? «On sait que les vieux livres ne se vendent pas. Alors je me suis dit qu’au lieu de les jeter tout de suite, on pourrait au moins leur offrir une dernière vie», raconte la décoratrice en événementiel de formation.

Pourtant son idée s’est révélée plus difficile à réaliser que prévu. «La bibliothèque nous a dit qu’elle avait des ouvrages à nous donner. Mais ils étaient tous plastifiés, ce qui les
rendait inutilisables pour notre projet, commente Sandrine Sporrer. Et nous, on n’avait plus de vieux livres. C’était la galère!» La chef de projet a donc fait jouer ses contacts au magasin de seconde main Point Bleu, à Chavannes-près-Renens, pour tenter de les convaincre de participer à son «délire». «Ils étaient ravis», assure-t-elle.

Près de 500 livres pour une déco écolo

Soulagée d’avoir trouvé une solution, Sandrine Sporrer a envoyé Guy Baumgartner en mission. «Avec les gens de Point Bleu, on a trié les ouvrages à disposition pour prendre les plus beaux. On a évité le rayon des livres religieux», détaille le bénévole.

De retour à La Ressourcerie, sur le site de la STRID, il s’est mis à la tâche. «J’ai démonté plus de 450 dos de livres!, s’exclame-t-il. Et ce n’a pas été une mince affaire, pas plus que de les aligner sur la planche.»

Collés par vingtaines sur des plaques d’aluminium qui seront fixées de chaque côté des caissettes, les ouvrages dépoussiérés seront ensuite vernis et enduits d’une résine pour résister aux intempéries. «J’espère juste que les caissettes ne seront pas taguées parce que ça représente des jours de boulot», prie Guy Baumgartner.

Gagnant-gagnant

Le second souffle apporté aux box n’aura pas coûté bien cher, selon Sandrine Sporrer: 200 francs pour développer le projet et environ 150 francs pour la réalisation de chaque boîte. «Le but n’est pas de faire payer cher mais je ne peux pas non plus brader notre travail.» Et c’est sans compter le travail d’installation et de graphisme qui vont avec le relooking.

Reste à savoir si l’énergie déployée sera appréciée par des utilisateurs. «C’est une super idée. J’ai toujours trouvé qu’on ne les voyait pas assez. J’espère qu’il y aura des couleurs flashy», a relevé une cliente de La Ressourcerie. «On a fait comme on a pu, mais ce sera magnifique!», promet la décoratrice. Le public pourra donner son verdict mercredi 15 janvier, entre 18h et 19h30, car la première des sept caissettes sera inaugurée à la biblio­thèque, avant d’être installée à la place Pestalozzi.