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Des hard rockeurs masqués vont envahir Vallorbe

24 septembre 2020

Canaliser des fans de rock et de metal semble être une mission impossible, sauf pour Axel Castillo. L’Urbigène organise son premier festival dédié aux artistes nord-vaudois, samedi. Et ce n’est ni le Covid ni le tempérament de feu du public qui l’arrêtera.

 

Et si on ajoutait une touche de bleu ciel à la tenue sombre des metalleux? De toute façon, il n’y aura pas le choix. Pour pouvoir sauver la première édition du festival baptisé Notre région a du talent, organisée par Axel Castillo, fondateur de Katharsys Productions, il va falloir respecter les mesures sanitaires… Les Vallorbiers vont ainsi voir leur belle Cité du fer prise d’assaut samedi par des hordes au look rebelle.

 

Axel Castillo, faire porter des masques à des metalleux, cela doit être compliqué. Mais s’assurer qu’ils le gardent sur le nez pendant qu’ils dansent et qu’ils crient doit l’être encore plus…

Je ne pense pas. Mais dans le doute, j’ai engagé du personnel pour veiller à cela. Je crois qu’aujourd’hui le public est prêt à tout accepter, y compris le masque, pour profiter d’une soirée. En plus, le public rock/metal est super discipliné de base.

Sérieusement?

Alors c’est vrai qu’il ne se gêne pas d’exprimer son mécontentement, mais je n’ai jamais eu de bagarre.

Comment l’expliquez-vous?

Ce public est saoulé par la mauvaise image que véhicule son style.

Est-ce devenu trop compliqué de monter un festival avec le Covid?

C’est de l’ordre du miracle d’arriver à organiser quelque chose comme ça!

On parle d’un durcissement des mesures, pourquoi maintenir ce premier rendez-vous?

J’ai déjà dû repousser la soirée, puisqu’à l’origine, elle était prévue en mars. Je veux vraiment mettre en avant les artistes de la région. La plupart des groupes d’ici, je les connais ou ce sont des amis, donc par respect pour eux, je tenais garder une date. Et c’est important d’offrir un sas de décompression au public.

Vous avez six groupes à l’affiche, est-ce le quota que vous vous étiez fixé?

Sincèrement, je pensais faire venir plus de monde. Je n’ai pas eu à refuser de demande. Est-ce que les petits groupes n’ont pas vu le festival ou est-ce qu’ils n’ont pas osé, je ne sais pas, mais c’est dommage parce que je sais qu’il y a plein de petites formations et là, elles avaient la chance de montrer ce qu’elles font.

Combien de spectateurs attendez-vous?

à la base, je tablais sur 600, mais pour faire deux secteurs de 300 personnes, il faut louer du matériel supplémentaire. Pour rentabiliser les structures, il aurait fallu faire au minimum 450 entrées, ce qui me paraissait beaucoup pour une première, donc j’ai limité à 300.

Cela vous suffira-t-il pour entrer dans vos frais?

On prend sur nous. C’est notre façon de montrer qu’on est aussi là pour le public, même si on a vraiment besoin de lui. On sait qu’on a peu de chances de gagner quelque chose avec ce festival. Il faudrait qu’on soit sold-out ou presque. Sincèrement je n’ai même pas voulu calculer le seuil minimal de billets à vendre.

Accueillir 300 personnes dans une halle qui peut en contenir 4000 ne va-t-il pas tuer l’ambiance?

C’est un risque. Mais le fait d’avoir une grande salle est aussi un atout parce qu’on peut avoir des secteurs avec des places assises.

Est-ce que les nouvelles mesures cantonales ont changé quelque chose à votre projet?

J’ai dû acheter 300 masques et prévoir des tables en plus, mais c’est tout. En soi, les restrictions ne sont pas lourdes, mais elles viennent s’ajouter à un dispositif déjà lourd.

On sent que vous avez un petit peu marre de cette situation. Ai-je raison?

Toutes ces séances à organiser et à adapter le plan, ça n’a l’air de rien, mais c’est lourd à gérer financièrement et psychologiquement. Car dès que l’on prépare quelque chose, il y a d’autres demandes qui arrivent.

Serait-ce une critique envers les politiques?

Non, je ne peux même pas en vouloir aux autorités communales parce qu’autant la Municipalité de Vallorbe que la sécurité publique m’ont beaucoup aidé et accompagné.

Prévoyez-vous une seconde édition, même si la première mouture ne s’avère pas à la hauteur de vos espérances?

Oui, fin 2021 ou début 2022.

A-t-on le public pour ce genre de musique ici?

Cela fait dix ans que j’organise des concerts de rock/metal en Suisse et, depuis un an, je me suis concentré sur ma commune, Orbe. On a mis sur pied de grosses soirées avec des grands noms de la scène internationale et je dois dire que j’ai été très surpris. Je m’attendais à drainer un public romand, mais un gros tiers venait de la région. À mon avis, il y a de la demande mais il manquait de l’offre. Maintenant, il va y en avoir.

 

Photo: Michel Duperrex

Christelle Maillard