Des milliers d’oiseaux sur le lac
14 janvier 2013Les ornithologues de toute l’Europe de l’ouest étaient mobilisés, hier, pour le recensement international des oiseaux d’eau. Un exercice auquel ont participé quatre passionés de la région, entre Yvonand et Cheyres.
Hier, les ornithologues, de Russie, d’Europe de l’Ouest et d’Afrique du Nord, avaient rendez-vous sur les rives des lacs et principales rivières des deux continents, afin de participer au recensement international d’oiseaux d’eau. Rien qu’en Suisse, c’est près de 1000 passionnés qui se sont ainsi donné rendez-vous. Parmi eux, Fabienne Besson, Mathieu Parkn et Sylvain Antoniazza et Michel Antoniazza à qui incombait la tâche de recenser le nombre d’individus dans le secteur 7 du lac de Neuchâtel. À savoir le périmètre entre Yvonand et Cheyres.
Il est un peu plus de 9 h lorsque les quatre amoureux des ovipares quittent leur point de ralliement, à la rue du Vieux-Port à Yvonand, les sacs à dos remplis du matériel nécessaire au bon recensement des oiseaux. Soit des jumelles, des télescopes et un précieux atlas des oiseaux, en cas de doute sur l’identification de l’un ou l’autre des individus que les ornithologues du jour pourraient croiser.
Une demi-heure plus tard, l’équipe arrive à l’embouchure de la Menthue, à l’extrême ouest du secteur dont Michel Antoniazza est responsable. «La visibilité est très bonne», se réjouit ce dernier. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’installer les télescopes pour, déjà, se rendre compte du nombre impressionnant d’oiseaux présents sur les rives du lac. «Ce sont en majorité des canards plongeurs végétariens», explique Michel Antoniazza. Parmi eux, des milouins en abondance, beaucoup de nettes rousses. Mais aussi des canards barboteurs comme la sarcelle d’hiver ou le harle bièvre. Des hérons, des mouettes et des foulques. «Ce qui explique le nombre élevé d’oiseaux sur le lac, c’est qu’ils s’y sentent très bien», explique Michel Antoniazza. «En effet, ils trouvent ici de la nourriture en abondance, du calme et ils sont très peu chassés.» Quant à savoir si les tonnes de troncs et de branches qui ont été déplacés, vers le lac, par les crues de ces derniers jours ont un impact positif sur la présence des oiseaux, la réponse est sans appel: «C’est plutôt le contraire! Il y a quelques années, ce phénomène a été remarqué entre Yvonand et Cheyres et cela a été une catastrophe, car les troncs, en se déplaçant, cassent les roseaux qui servent d’abri, notamment lors d’attaques de goélands», explique l’ornithologue.
Les limites de la méthode
Quelques centaines d’oiseaux recensés plus tard, l’équipe met le cap sur Cheyres et l’embouchure du ruisseau de la Croix. Et là, surprise: à quelques mètres du rivage, c’est pas moins de 3000 oiseaux, toutes espèces confondues, qui forment un incroyable tapis sombre. L’occasion aussi de découvrir les limites du comptage des oiseaux à l’oeil. «Lorsque l’on doit recenser de grands groupes, on applique une méthode qui consiste à évaluer le nombre d’individus sur une petite surface, puis on multiplie, à l’oeil, cette surface jusqu’à couvrir ledit espace au complet», expose Michel Antoniazza. «Cela donne un résultat approximatif, mais qui, grâce à l’expérience, n’est pas moins fiable qu’avec une autre méthode.» À savoir le recensement sur photo qui a été vite abandonné, faute de résultat concluant, ou le comptage depuis le lac. «Mais le risque est que les oiseaux considèrent le bateau comme une menace et s’envolent dans un mouvement de panique.»
Un événement auquel l’équipe du secteur 7 va justement être confrontée, alors que le recensement se déroulait jusqu’ici sans encombre. Soudain, et pour une cause inconnue, les oiseaux situés à l’ouest du ruisseau de la Croix se mettent à frapper des ailes sur la surface de l’eau avant de s’envoler, par milliers, en direction de Cheyres, en attirant tous leurs congénères dans leur fuite. «Regardez, regardez, c’est incroyable», s’exclame l’ornithologue! À couper le souffle, en effet, que ce spectacle de près de 20 000 oiseaux réunis en un nuage noir, survolant nos têtes! Mais une mauvaise nouvelle pour les ornithologues qui devront recommencer le recensement, en partant de Cheyres cette fois-ci. Un travail de patience qui les occupera une bonne partie de l’après-midi. Quant aux résultats définitifs de cette journée de recensement, ils devraient être connus d’ici une dizaine de jours. Mais le total des effectifs devrait être semblable à celui du mois de novembre, à savoir environ 68 700 oiseaux pour le lac de Neuchâtel. Affaire à suivre donc.